Le groupe cimentier français Lafarge va payer 778 millions de dollars aux États-Unis pour avoir soutenu des organisations terroristes en Syrie dont le groupe État islamique, entre 2013 et 2014. L’entreprise reste inculpée en France pour “complicité de crimes contre l’humanité”.
Lafarge plaide coupable pour son soutien à l’organisation État islamique. Désormais sous la houlette du groupe suisse Holcim, Lafarge a annoncé mardi 18 octobre avoir accepté de payer une sanction financière de 778 millions de dollars aux États-Unis pour avoir aidé des organisations “terroristes” en Syrie, entre 2013 et 2014.
Le ministère américain de la Justice a accusé l’entreprise d’avoir fait le “choix impensable” de collaborer avec le groupe État islamique durant la guerre en Syrie.
“Au milieu d’une guerre civile, Lafarge a fait le choix impensable de mettre de l’argent entre les mains de l’EI, l’une des organisations terroristes les plus barbares au monde, afin de continuer à vendre du ciment”, a déclaré le procureur fédéral de Brooklyn, Breon Peace.
Le groupe cimentier français a “accepté la responsabilité des actions des dirigeants individuels impliqués, dont le comportement était en violation flagrante des codes de conduite”, a indiqué Lafarge dans un communiqué, ajoutant “regretter profondément” ces actes.
Lafarge souligne que le ministère américain de la Justice a reconnu que le groupe avait mis en place des procédures de contrôle appropriées pour désormais détecter et éviter toute conduite de cette nature et avait, en conséquent, estimé qu’il n’était “pas nécessaire” de nommer un contrôleur indépendant.
Entre 4,8 et 10 millions d’euros pour le groupe État islamique
Lafarge souligne par ailleurs continuer à coopérer pleinement avec l’enquête des autorités françaises sur le même sujet mais se dit aussi prêt à “se défendre contre toute action judiciaire qu’il considère injustifiée”.
L’entreprise est inculpée en France pour “complicité de crimes contre l’humanité” concernant ses activités en Syrie.
Elle est soupçonnée d’avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d’euros à des groupes terroristes, dont le groupe État islamique (EI), ainsi qu’à des intermédiaires, afin de maintenir l’activité d’une cimenterie en Syrie, à Jalabiya, alors que le pays s’enfonçait dans la guerre.
L’enquête des autorités françaises a évalué que ces versements pourraient avoir atteint entre 4,8 et 10 millions d’euros pour le seul groupe EI.
Lafarge est également suspecté d’avoir vendu du ciment de l’usine à l’EI et d’avoir payé des intermédiaires pour s’approvisionner en matières premières auprès de factions jihadistes.
L’action de Holcim, la maison mère de Lafarge, a été temporairement suspendue à la Bourse suisse mardi après la parution des premières informations sur l’accord avec le ministère américain de la Justice.
Avec AFP