La Thaïlande est sous le choc au lendemain d’un massacre “incompréhensible” dans une crèche, qui a fait 36 morts dont 24 enfants. Lors d’une très rare interaction directe avec ses sujets, le roi de Thaïlande est arrivé sur place vendredi pour se rendre au chevet des blessés.
Au lendemain de la tuerie dans une crèche qui a fait 36 morts, le roi de Thaïlande est arrivé vendredi 7 octobre au soir à l’hôpital de la province de Nong Bua Lamphu (nord du pays), où sont soignés les blessés. Pour le roi Rama X, il s’agit d’une très rare interaction directe avec ses sujets.
Le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha avait déposé plus tôt des fleurs blanches devant le portail d’entrée de la crèche où se recueillaient le parents endeuillés.
Vendredi après-midi, de petits cercueils blancs et violets étaient transportés par camion vers un temple bouddhiste où seront observés les rites funéraires avant crémation.
Certains enfants étaient âgés de seulement deux ans, comme le petit Kamram dont la mère Panita, 19 ans, était inconsolable. “C’est incompréhensible” souffle-t-elle, portant dans ses bras sa fille de 11 mois.
Massacre “horrible”
Un ancien policier de 34 ans, armé d’un pistolet 9 mm et d’un long couteau, a tué jeudi 36 personnes, dont 24 enfants – 21 garçons et 3 filles – dans cette crèche du district de Na Klang.
L’assaillant a ensuite pris la route et renversé des passants, jusqu’à se rendre à son domicile, “pas loin” de la crèche, selon la police. Il y a tué sa femme et leur jeune garçon, avant de se donner la mort.
Le Premier ministre a ordonné l’ouverture d’une enquête et demandé au chef de la police “d’accélérer les investigations”.
Les premiers éléments brossent le portrait d’un assaillant en proie à des problèmes d’addiction aux stupéfiants qui lui ont fait perdre en juin dernier son poste au sein de la police, qu’il avait intégrée en 2012.
Méthamphétamine
“Tout le monde connaissait le tireur. C’était un type sympa mais plus tard, nous savions tous qu’il prenait de la meth”, a expliqué Kamjad Pra-intr, une habitante venue soutenir les familles.
Des prélèvements sanguins n’ont pas révélé la présence de drogues dans le corps du tireur, a indiqué vendredi Damrongsak Kittiprapat, le chef de la police nationale.
“Il a eu une dispute avec sa femme” avant son coup de sang, a-t-il poursuivi, précisant que “rien d’irrégulier” n’avait été détecté dans son comportement lorsqu’il était apparu devant le tribunal le matin même du drame, pour répondre aux accusations de détention de drogue.
Ce n’est pas la première fois que la Thaïlande est endeuillée par une tuerie de cette ampleur. En février 2020, une fusillade perpétrée par un officier de l’armée avait fait 29 morts, notamment dans un centre commercial de Nakhon Ratchasima (Est).
Le drame de Na Klang rappelle l’étendue des problèmes liés à la drogue dans le royaume où les prix de gros et de vente sont tombés à des niveaux historiquement bas en raison de l’abondance de l’offre, selon les données publiées en 2021 par l’ONU. La province rurale de Nong Bua Lamphu se trouve près du “triangle d’or”, aux confins de la Birmanie et du Laos, considéré depuis des décennies comme le point central de la production de stupéfiants dans la région.
“Nous devons revoir et intensifier nos mesures de prévention contre les drogues, et inclure la désintoxication pour ses consommateurs”, a déclaré Suthipong Joonjaroen, secrétaire permanent du ministère de l’Intérieur, qui a aussi appelé au “contrôle strict” des permis du port d’arme.
Le pape François a envoyé ses condoléances. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell s’est dit “profondément attristé par la perte de tellement d’enfants et de leurs accompagnants.”
Avec AFP