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Entre Lula le revenant et Bolsonaro le sortant, le Brésil à un tournant de son histoire

Le Brésil, plus grande démocratie d’Amérique Latine, va vivre des heures décisives dimanche, au premier tour d’une présidentielle extrêmement polarisée, avec le choc entre le favori de gauche Lula et le sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro. 

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C’est un tournant dans l’histoire du Brésil : 156 millions d’électeurs votent dimanche 2 octobre pour une présidentielle sous haute tension qui pourrait voir l’ancien président de gauche Lula être élu dès le premier tour et le chef d’État sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro refuser le verdict des urnes.

Cette élection lourde d’incertitudes est décisive pour l’avenir de la jeune démocratie au Brésil, première puissance d’Amérique latine très fracturée.

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Le choc au sommet entre les ennemis jurés Jair Bolsonaro, 67 ans, et Luiz Inacio Lula da Silva, 76 ans, a relégué les neuf autres candidats au rang de figurants.

L’ex-président Lula (2003-2010) était toujours le grand favori dans le dernier sondage Datafolha samedi soir, avec 50 % des votes valides contre 36 % à Bolsonaro.

“La question est de savoir s’il y aura un 2e tour ou non, et c’est impossible à prédire”, déclare à l’AFP Adriano Laureno, analyste chez les consultants Prospectiva.

Une victoire de Lula, qui a marqué la vie politique brésilienne depuis un demi-siècle et concourt à sa 6e présidentielle, signerait un comeback inespéré quatre ans après son incarcération controversée pour des soupçons de corruption.

>> À voir sur France24.com : l’émission Reporters, l’héritage Lula

Le dernier débat présidentiel jeudi a illustré le degré de haine entre les deux favoris qui se sont écharpés, s’accusant d’être “menteur” ou “corrompu”.

La campagne, menée en gilet pare-balle par les candidats, a elle aussi été tendue. Elle a charrié des tombereaux d’attaques personnelles, livré peu de projets pour le Brésil, et s’est déroulée dans un climat délétère.

Ainsi pour de nombreux Brésiliens, l’élection de Lula dès le premier tour permettrait d”‘en finir” et d’échapper à quatre semaines supplémentaires de campagne à couteaux tirés jusqu’à un second tour le 30 octobre.

La crainte de troubles après l’élection

L’abstention dimanche pourrait pénaliser davantage Lula. Un second tour pourrait permettre à Bolsonaro, selon les analystes, de galvaniser ses troupes et de trouver un nouvel élan.

Mais espérant une victoire dès le 1er tour, l’équipe de Lula a fait campagne pour le “vote utile”, lorgnant du côté des électeurs de Ciro Gomes (centre gauche), 4e dans les sondages avec 5 % des intentions de vote.

Jair Bolsonaro a affirmé qu’il serait “anormal” qu’il n’obtienne pas au moins 60 % des voix dimanche et rejette les sondages “mensongers”.

“Je pense qu’il va contester le résultat s’il perd” dit Adriano Laureno, “mais cela ne veut pas dire qu’il va réussir. La communauté internationale va reconnaître le résultat rapidement”.

L’ex-capitaine de l’armée a lancé des attaques innombrables contre la fiabilité des urnes électroniques, laissant planer la menace d’un coup de force. La crainte d’un remake brésilien de l’assaut du Capitole à Washington en 2021 après la défaite de Donald Trump est dans tous les esprits.

L’armée n’a donné aucun signe d’agitation et les États-Unis ont indiqué qu’ils allaient “suivre de près” l’élection.

Plus de 500.000 membres des forces de l’ordre doivent assurer la sécurité et des dizaines d’observateurs étrangers surveiller le déroulement du vote, de 8 H (11 H GMT) à 17 H (20 H GMT).

Lula doit voter en matinée à Sao Bernardo do Campo, près de Sao Paulo, et Bolsonaro à Rio, avant de suivre à Brasilia les résultats (22-23 H GMT).

Bolsonaro, champion du vote évangélique

Lula, le chef du Parti des Travailleurs (PT), a réuni une vaste coalition de dix partis allant jusqu’au centre droit de son colistier, l’ex-gouverneur de Sao Paulo Geraldo Alckmin, choisi pour rassurer les milieux économiques.

Il a le vote majoritaire des femmes, des jeunes et des classes défavorisées.

Bolsonaro se présente sous l’étiquette du petit Parti libéral (PL) et bénéficie du soutien enthousiaste des évangéliques, du lobby de l’agronégoce et des pro-armes, et de l’appui, plus réservé, du patronat.

>> À lire également :  Au Brésil, un scrutin où se joue le sort de la forêt amazonienne

La majorité des Brésiliens attendent de leur président qu’il lutte contre la faim dont souffrent 30 millions d’entre eux, l’inflation et le chômage qui ont renforcé la précarité et la corruption.

Lula, qui avait extrait 30 millions de Brésiliens de la pauvreté, a promis de la viande pour chacun et “la démocratie contre le fascisme”. Mais, pour beaucoup, il incarne irrémédiablement la corruption.

Bolsonaro défend les valeurs traditionnelles –Dieu, patrie, famille. Mais sa gestion jugée catastrophique du Covid-19 (685 000 morts) pourrait lui coûter cher, de même que les crises ayant jalonné son mandat.

Les Brésiliens élisent aussi dimanche leurs 513 députés fédéraux, les gouverneurs des 27 États et les députés des assemblées des Etats. Comme le président, tous ont un mandat de quatre ans. Un tiers des 81 sièges du Sénat seront aussi renouvelés, mais pour huit ans.

Avec AFP

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