Dans une plainte déposée mardi contre le gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis, des migrants vénézuéliens affirment avoir été manipulés pour monter dans un avion en direction de l’île huppée de Martha’s Vineyard, dans l’État démocrate du Massachusetts. Ils estiment ainsi avoir été les pions d’une manœuvre politique, à quelques semaines des élections de mi-mandat.
Une plainte déposée mardi 20 septembre contre le gouverneur de Floride Ron DeSantis l’accuse d’avoir dupé des migrants pour les convaincre de monter la semaine dernière dans un avion à destination d’une île huppée du nord-est des États-Unis.
Dans cette plainte auprès d’un tribunal du Massachusetts, certains de ces migrants ainsi qu’une organisation de défense de leurs droits affirment qu’ils ont été leurrés au moyen de bons d’achat McDonald’s et de promesses d’assistance une fois sur l’île.
Le gouverneur républicain Ron DeSantis, son responsable des Transports Jared Perdue ainsi que plusieurs personnes non nommées sont accusés d’avoir “appâté les plaignants en exploitant leurs besoins les plus fondamentaux” et en faisant de “fausses promesses” d’emplois et de logements.
Selon la plainte portée par le groupement d’associations de défense des droits des migrants, Alianza Americas, ces individus ont “manipulé (les migrants), les ont privés de leur dignité (…) afin de poursuivre un objectif illégal et des intentions politiques”.
Geste très politique
Le groupe d’une cinquantaine de migrants vénézuéliens, dont des enfants, était arrivé mercredi par avion sur l’île de Martha’s Vineyard – lieu de villégiature pour les plus fortunés ayant accueilli les Kennedy, les Clinton ou les Obama – avant d’être provisoirement accueillis sur une base militaire non loin de là.
Ron DeSantis avait revendiqué l’envoi de ces migrants, rejoignant ainsi un mouvement lancé par les gouverneurs républicains du Texas et de l’Arizona visant à envoyer des migrants vers les villes démocrates du nord et de l’est du pays, dans un geste très politique destiné à leurs électeurs.
La plainte déposée mardi demande au juge d’autoriser la constitution d’une action collective dans ce dossier, d’interdire aux parties adverses d’user de “fraude et de représentations erronées” pour “conduire des migrants à se rendre dans un autre Etat”, et à leur accorder des dommages et intérêts.
Confusion dans le Delaware
La journée de mardi a également été marquée par la confusion autour de la possible arrivée d’un avion transportant de façon similaire des migrants depuis le Texas vers l’État du Delaware, non loin de Washington et où le président Joe Biden aime passer ses week-ends.
Mais en début de soirée, cet avion qui devait atterrir au minuscule aéroport de Georgetown n’était toujours pas arrivé et avait au contraire changé de trajectoire pour aller à Nashville puis dans le New Jersey, selon des sites de suivi de vols. Des organisations de la société civile avaient fait le déplacement pour accueillir les migrants, avec des traducteurs.
La politique d’immigration, sujet explosif aux États-Unis, l’est encore davantage à quelques semaines d’élections de mi-mandat aux lourds enjeux, les républicains accusant Joe Biden d’avoir transformé en passoire la frontière avec le Mexique.
Avec AFP