Serena Williams s’est qualifiée mercredi pour le troisième tour de l’US Open en battant l’Estonienne Anett Kontaveit. Sa montée en puissance laisse présager de belles choses dans ce qui devrait être son dernier tournoi.
Serena Williams l’a promis : elle ne veut pas particulièrement remporter un 24e titre du Grand Chelem pour ses adieux à l’US Open. Cependant, ses convaincantes victoires lors des deux premiers tours, sa montée en puissance et sa rage de vaincre font qu’elle commence à refaire peur à toutes ses adversaires.
“One more time !” Le tube de Daft Punk a résonné fort dans les enceintes du court Arthur-Ashe, pour accompagner mercredi la sortie triomphale de l’Américaine de 40 ans, après sa victoire bluffante aux dépens de la n°2 mondiale Anett Kontaveit 7-6 (7/4), 2-6, 6-2.
Le célèbre refrain a aussi le mérite d’annoncer son retour, programmé vendredi contre l’Australienne Ajla Tomljanovic (46e), qui, comme toutes les autres joueuses encore en lice, doit bien se demander comment gérer cette situation où toute la pression censée reposer sur la légende de leur sport finit par retomber sur les épaules de ses adversaires.
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Après Danka Kovinic (80e) certes un peu tendre lundi – et probablement intimidée par l’événement qui a inclus une cérémonie d’hommage bien prématurée à la “plus grande joueuse de tous les temps” –, Kontaveit avait pour elle l’expérience et la force de frappe nécessaires pour contenir Williams, apparue ces dernières semaines très loin, physiquement et sur le plan du jeu, du niveau qui lui permit de régner tant d’années sur le monde du tennis.
“Elle est une menace maintenant”
“Je n’ai pas joué beaucoup de matchs [ces derniers mois], mais je me suis bien entraînée”, a expliqué Serena. “Tout ne se mettait pas en place. Je me disais ‘Mais, ce n’est pas moi ça !’ Et puis ces deux rencontres, ici à New York, ça s’est effectivement mis en place.”
– Journaliste : Vous êtes-vous surprise ?
– Serena Williams : Quoi ?
– Journaliste : Vous êtes-vous surprise ?
(Rire ironique)
– Serena Williams : Je suis juste Serena.— Quentin Moynet (@QuentinMoynet) September 1, 2022
Et au bout d’un gros combat durant lequel les deux joueuses se sont rendu coup pour coup, l’Estonienne a fini par craquer face à la lionne Serena, rugissante comme à ses plus belles heures – sous les yeux ébahis du “Tigre”, Tiger Woods, pour qui ce fut “un privilège d’assister à l’excellence”, à en croire son Tweet.
Sa dernière danse, la cadette des sœurs Williams, qui prolonge décidément le plaisir puisqu’elle reviendra sur le central jeudi aussi, avec son ainée Venus pour un match de double, commence à lui donner des tours terriblement endiablés.
À la joie immodérée du public new-yorkais, logiquement tout acquis à sa cause et rêvant de voir l’histoire s’écrire sous ses yeux, au mépris du quasi-impossible, se conjugue maintenant la surprise n’épargnant pas les spécialistes du jeu, même si l’ancienne championne Chris Evert avait prévenu : “Ne la sous-estimez pas”.
“Je suis stupéfait”, a avoué Mats Wilander, consultant pour Eurosport, qui croit en la capacité de Williams de remporter un septième US Open. “Quand elle s’y met, bien sûr qu’elle le peut, parce que c’est Serena et qu’elle frappe si bien la balle. Sa mobilité est bien meilleure que je ne l’aurais jamais imaginé et son service revient. Elle est une menace maintenant.”
“Je suis juste Serena”
“Je pense qu’il y a plus à venir. Elle aussi croit qu’il y a plus à venir. C’est comme ça qu’on gagne vingt-trois Chelems, je suppose. Elle intériorise le problème en face d’elle et utilise la foule. Elle a cet œil du tigre. C’est incroyable. Elle devient Serena”, a ajouté l’ancien joueur suédois.
“Je suis juste Serena”, a d’ailleurs répondu l’intéressée, sourire malicieux à l’appui, à la question de savoir si elle était étonnée de jouer aussi bien : “Je suis une bonne joueuse”.
“Je m’étonne qu’elle puisse tenir le coup, mais nous l’avons vue le faire lors de tournois du Grand Chelem, en ayant joué peu de matchs. Elle en gagne un, puis deux, puis ça s’inverse complètement… Et elle devient une des favorites”, a souligné Wilander.
Le tout dans un contexte si particulier : sa retraite annoncée sans toutefois avoir dit quand ni où elle serait actée, et qui, au lieu de la paralyser, semble la rendre plus forte. Et donc très dangereuse : “Je considère tout cela comme du bonus. Je n’ai rien à prouver. Je n’ai absolument rien à perdre.”
Avec AFP