Lundi 29 août, le leader politique chiite Moqtada al-Sadr a annoncé se retirer de la vie politique irakienne sur son compte Twitter. Presque immédiatement après son annonce, des centaines de ses supporters ont envahi le palais présidentiel et la salle du Conseil des ministres à Bagdad, en plein cœur de la Zone verte fortement sécurisée. Après que la foule a été évacuée du périmètre, un couvre-feu a été imposé à 14 h 30.
Des centaines d’hommes criant, chantant et courant dans les couloirs et les salles du “palais républicain” : des vidéos et des photos montrent comment, à partir du début d’après-midi, des supporters de Moqtada al-Sadr ont envahi cette structure qui comprend le palais présidentiel et le Conseil des ministres irakiens, à Bagdad.
D’autres ont été… jusqu’à se rafraîchir dans la piscine du palais en arborant le drapeau irakien ou des photos encadrées de leur leader.
Les forces de l’ordre ont rapidement bouclé plusieurs ponts et artères menant à la Zone verte, dans laquelle se trouvent les structures principales de l’État, des chaînes de télévision étatiques ainsi que de nombreuses ambassades. La foule a été dispersée à coups de gaz lacrymogène et de jets d’eau. On voit aussi sur certaines images des agents anti-émeutes marcher parmi les manifestants et tenter de les raisonner sur plusieurs extraits vidéos filmés depuis le palais présidentiel ou la salle du Conseil des ministres.
Le Premier ministre a annoncé suspendre temporairement les activités du Conseil et l’instauration de l’état d’urgence à Bagdad ainsi qu’un couvre-feu à partir de 14 h 30 dans la capitale et de 19 h dans le reste du pays. Malgré la demande répétée du chef de gouvernement, mardi en fin d’après-midi, Moqtada al-Sadr n’a toujours pas réagi à l’évènement, ni appelé ses partisans à se rétracter.
Dans d’autres villes, des supporters locaux ont aussi pris d’assaut le siège de la province, comme ici à Dhi Qar, en scandant des prières chiites :
Les supporters de Sadr n’en sont pas à leur première mobilisation de masse cette année : en juillet, ses partisans ont pris d’assaut le parlement irakien pour dénoncer la candidature au poste de Premier ministre de son adversaire politique.
Depuis les élections législatives irakiennes de 2021, le leader chiite, auparavant hostile aux manifestations anti-gouvernement d’octobre 2019, a appelé ses partisans à gagner les rues et manifester contre la formation d’un nouveau gouvernement composé par une coalition de partis politiques pro-Iran. Il avait par le passé annoncé se retirer de la vie politique en 2013 et en 2014, pour faire pression sur ses adversaires politiques et mobiliser ses supporters dans les rues, avant de reprendre les rênes de son parti. Selon le reporter de France 24 Ammar al-Hameedaoui, le chef de parti sadriste pourrait très vite reprendre une activité politique comme auparavant.
L’Irak vit une crise politique qui dure depuis un an, car le Parlement, composé en majorité du mouvement sadriste dissolu, n’a pas réussi à former un nouveau gouvernement et à nommer un nouveau président.
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