Quelques jours après des élections disputées en Angola, les funérailles nationales de l’ex-président José Eduardo dos Santos ont eu lieu dimanche en présence de plusieurs chefs d’État et de gouvernement. De son côté, la commission électorale, qui s’est réunie pour finaliser les résultats définitifs, a déclaré dans la soirée que le processus “suit son cours”.
L’Angola a rendu dimanche 28 août un dernier hommage à l’ex-président José Eduardo dos Santos, qui a marqué l’histoire du pays par 38 ans d’un règne autoritaire, entaché d’accusations de corruption et de népotisme, laissant aujourd’hui un héritage controversé.
À la tête du pays sans avoir jamais été directement élu, l’ancien chef d’État (1979 à 2017) est mort en juillet, à 79 ans, à Barcelone.
Ces funérailles nationales à Luanda, auxquelles certains de ses enfants étaient opposés, ont eu lieu quelques jours après des élections législatives disputées, qui doivent décider du prochain président. Les résultats préliminaires donnent l’avance au parti au pouvoir (MPLA) mais ils sont contestés par l’opposition (Unita).
Résultat “pas conformes”
Cinq des seize membres de la commission électorale ont menacé de ne pas valider le scrutin. La commission, qui s’est réunie dimanche pour finaliser les résultats définitifs, a déclaré dans la soirée que le processus “suit son cours”.
Le président angolais, Joao Lourenço, 68 ans, ne s’est pas exprimé. Désigné comme successeur par dos Santos aux élections de 2017, il est proche d’un second mandat. En Angola, la tête de liste du parti vainqueur aux législatives devient président.
Mais si les résultats au scrutin de mercredi se confirment, le parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1975 enregistrera son plus mauvais score (51,07 %). Il l’avait emporté en 2017 avec 61 %. Dans un contexte de grandes difficultés économiques, avec plus de la moitié des 33 millions d’Angolais sous le seuil de pauvreté, l’opposition a gagné du terrain (44,05%). “Les résultats ne sont pas conformes à notre décompte”, a déclaré aux journalistes le leader de l’Unita, Adalberto Costa Junior, 60 ans, à la cérémonie.
Plus d’un millier de personnes étaient présentes aux funérailles sur la place de la République, dans le centre de la capitale. Des drapeaux noirs étaient en berne et sur de grandes affiches, le message : “Adieu, président, ami”. Plusieurs chefs d’État et de gouvernement étaient présents dont les présidents du Portugal, d’Afrique du Sud et de République démocratique du Congo.
Fin d’un cycle
À la tribune, l’ancien président namibien, Sam Nujoma, a salué le défunt, un “panafricaniste dévoué”. Josiane dos Santos a pleuré son père, rappelant son amour pour la musique. Son fils, José Filomeno, était aussi présent.
“Sa mort laisse un grand vide”, a estimé auprès de l’AFP Manuel Kalunga, un fonctionnaire de 57 ans, rappelant que celui qui est reconnu par ses partisans comme “l’architecte de la paix”, a mis fin en 2002 à la guerre civile (500 000 morts en 27 ans).
Mais dans les rues de Luanda, nombreux sont ceux qui veulent tourner la page. Femme d’affaires de 42 ans, Mariana Quissanga évoque la corruption et dit espérer que le pays “ferme un cycle”.
L’ancien président né dans un bidonville de Luanda a fait du pays, riche en ressources naturelles, l’un des premiers producteurs de pétrole du continent. Mais il s’est servi de cette manne pour enrichir sa famille, tandis que le pays demeurait l’un des plus pauvres du monde.
“Horrible comédie”
Des militaires ont solennellement transporté son cercueil vers un bâtiment en béton non loin, où l’ancien chef d’État devait être enterré lors d’une cérémonie privée.
Sa dépouille avait été rapatriée la semaine dernière d’Espagne, où il vivait depuis 2019. Certains de ses enfants craignaient une instrumentalisation des obsèques dans le contexte électoral.
Sa fille “Tchizé” a dénoncé dimanche sur les réseaux sociaux une “horrible comédie”. L’aînée, Isabel, traquée par les juges pour une série d’enquêtes, n’était pas non plus présente : “Joyeux anniversaire papa”, a-t-elle posté pour sa part. L’ancien chef d’État aurait eu 80 ans dimanche.
Avec AFP