De violents affrontements entre milices ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi à Tripoli, la capitale libyenne, secouée par des fusillades et explosions, et se sont prolongés dans la journée de samedi, faisant des dizaines de morts et de blessés.
Ils font redouter le pire. Les combats entre milices qui ont éclaté dans la nuit de vendredi 26 août à samedi 27 août à Tripoli ont fait au moins 13 morts et 95 blessés, faisant craindre une nouvelle guerre en Libye, déjà en plein chaos avec deux gouvernements rivaux.
Les affrontements entre milices concurrentes, à l’arme légère et lourde, ont éclaté dans plusieurs quartiers de Tripoli (ouest) où des rafales de tirs et des bombardements ont retenti toute la nuit.
Ils se poursuivaient samedi soir, gagnant même de nouveaux quartiers, a constaté un journaliste de l’AFP.
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Mais des médias locaux ont affirmé qu’une alliance de milices favorables à Fathi Bachagha, chef du gouvernement rival de celui de Tripoli, qui était en route vers la capitale depuis Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli, serait sur le chemin du retour.
Ces combats sont d’une ampleur sans précédent depuis l’échec en juin 2020 de la tentative du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est, de conquérir militairement la capitale, au plus fort de la guerre civile ayant suivi la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Six hôpitaux ont été touchés par les frappes tandis que les ambulances n’ont pas pu accéder aux zones de combats, a annoncé le ministre de la Santé, qui a donné un nouveau bilan de 13 morts et de 95 blessés.
Le gouvernement basé à Tripoli a imputé la responsabilité des affrontements au camp du gouvernement rival, soutenu par Khalifa Haftar, alors même que “des négociations devaient avoir lieu pour éviter une effusion de sang dans la capitale”.
Importants dégâts
Les affrontements ont causé d’importants dégâts, selon un journaliste de l’AFP, qui a vu des dizaines de voitures calcinées et des bâtiments criblés de balles ou incendiés.
Les rues de Tripoli étaient quasi-désertes samedi soir, mise à part des miliciens, tandis que des colonnes de fumée grisâtre s’élevaient dans le ciel.
Le gouvernement basé à Tripoli, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, a accusé le Premier ministre rival Bachagha, basé provisoirement à Syrte (centre), de “mettre à exécution ses menaces” de s’emparer de la ville.
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Le bureau des médias de Fathi Bachagha a, en retour, accusé le gouvernement de Tripoli de “s’accrocher au pouvoir”, l’accusant d’être “illégitime”. Il a aussi démenti toute négociation avec son rival en vue d’un accord.
“La guerre en milieu urbain a sa propre logique, elle est nuisible à la fois aux infrastructures civiles et aux personnes, donc même s’il n’est pas long, ce conflit sera très destructeur”, a analysé pour l’AFP Emadeddin Badi, chercheur au centre de réflexion Global Initiative.
Depuis sa désignation en février par le Parlement siégeant dans l’Est, Fathi Bachagha tente, sans succès, d’entrer à Tripoli pour y asseoir son autorité, menaçant dernièrement de recourir à la force pour y parvenir.
Abdelhamid Dbeibah, à la tête d’un gouvernement de transition, a assuré à maintes reprises qu’il ne céderait le pouvoir qu’à un gouvernement élu.
Redoublement des combats
Les tensions entre groupes armés fidèles à l’un ou l’autre des deux dirigeants se sont exacerbées ces derniers mois à Tripoli. Le 22 juillet, des combats y avaient fait 16 morts, dont des civils, et une cinquantaine de blessés.
L’ambassade américaine à Tripoli s’est dite “très préoccupée”, tandis que la mission de l’ONU en Libye a appelé à “un arrêt immédiat des hostilités” en dénonçant des “affrontements (…) dans des quartiers peuplés de civils”.
De son côté, le Qatar a appelé “toutes les parties à éviter l’escalade et l’effusion de sang et à régler les différends par le dialogue”.
Le gouvernement en place à Tripoli est né début 2020 d’un processus parrainé par l’ONU, avec comme mission principale l’organisation d’élections en décembre dernier mais reportées sine die en raison de fortes divergences sur la base juridique des scrutins.
La Libye a sombré dans le chaos après le soulèvement ayant entraîné la chute du régime de Kadhafi en 2011.
En onze ans, le pays d’Afrique du Nord a vu passer une dizaine de gouvernements, deux guerres civiles et n’est jamais parvenu à organiser une élection présidentielle.
Avec AFP