Les Angolais se rendent aux urnes le 24 août à l’occasion des élections générales. Il y a cinq ans, le président élu, João Lourenço, candidat à sa réélection, avait fait de la lutte contre la corruption la mesure phare de sa campagne. Si de nombreuses mesures ont été prises, la lutte reste insuffisante pour une partie de la société civile.
Pendant longtemps, les grandes tours brunes “Luanda One” et “Luanda Two”, au cœur de la capitale angolaise, étaient le visage de l’essor économique de ce pays du Sud-Ouest de l’Afrique. Aujourd’hui, elles sont devenues le symbole de la lutte contre la corruption.
Ces deux bâtiments de près de trente étages abritent la China International Fund (CIF), un conglomérat chinois soupçonné d’être utilisé par des hommes d’affaires angolais pour détourner des millions de dollars d’argent public. Il y a deux ans, ils ont été saisis par la justice. “Les propriétaires ont reconnu que les deux tours avaient été construites avec de l’argent public et les ont rendu à l’État”, salue Alvaro João, porte-parole du procureur général de la République.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, le président João Lourenço a fait de la lutte contre la corruption une priorité. Le pays s’est doté de plusieurs agences dédiées, dont “le service national de récupération d’actifs”. Dans des locaux flambants neufs, 17 employés y traquent les milliards détournés des caisses de l’État sous l’ancien président José Eduardo dos Santos.
Quelque 700 poursuites pour des délits financiers
La justice angolaise affirme avoir déjà récupéré 10 milliards d’euros d’actifs et ne compte pas s’arrêter là. “Nous allons poursuivre les investigations, enquêter et demander des comptes”, assure Luis de Assunçao, vice-procureur général de la République. “Évidemment, dans un combat comme celui-ci, il n’est pas possible de récupérer 100 % de ce qui a été pris. Mais notre objectif est d’en récupérer un maximum.”
Au total, plus de 700 poursuites pour des délits financiers ont été entamées depuis l’arrivée au pouvoir de José Eduardo dos Santos. De nombreuses personnalités de premier plan ont été traduites en justice. Mais pour une partie de la société civile, cette lutte reste insuffisante. “Il y a eu des avancées significatives. Mais cela pourrait s’accompagner d’un retour en arrière s’il n’y a pas de réformes sérieuses et si le président ne fait pas preuve de détermination pour combattre la corruption au sein même de son gouvernement.”
Selon l’association Transparency international, l’Angola reste parmi les cinquante pays les plus corrompus du monde, malgré une progression de 31 places depuis 2017.