Liz Cheney, candidate à sa réélection au poste de représentante du Wyoming, a été éliminée, mardi soir, de la primaire républicaine en vue des élections de mi-mandat de novembre. L’élue conservatrice, qui refusait de relayer le mythe de l’élection volée de Donald Trump, paie le prix de son indépendance face à l’homme fort de son parti.
Tenir tête à Donald Trump lui aura coûté son poste. Liz Cheney, la représentante républicaine du Wyoming qui souhaitait être réélue, a perdu mardi 16 août sa primaire face à Harriet Hageman, une protégée de l’ex-président américain.
“Je ferai tout ce qu’il faut pour que Donald Trump ne s’approche plus jamais du Bureau ovale”, a déclaré la parlementaire de 56 ans, depuis le Wyoming, État très conservateur où elle siégeait depuis 2017.
Proud to cast my ballot today. The challenges we are facing require serious leaders who will abide by their oath and uphold the Constitution- no matter what. pic.twitter.com/PcTXUR6Aw1
— Liz Cheney (@Liz_Cheney) August 16, 2022
L’élue de 56 ans est l’une des principales bêtes noires du milliardaire républicain depuis qu’elle a osé rejoindre la commission parlementaire enquêtant sur son rôle dans l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.
Donald Trump renforce son emprise
La fille de l’ancien vice-président Dick Cheney copréside même ce groupe d’élus, pour qui Donald Trump a “failli à son devoir” lors de l’attaque menée par ses partisans pour tenter d’empêcher la certification de la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle de 2020.
Donald Trump, qui flirte ouvertement avec une candidature à la présidentielle de 2024, dénonce sans cesse les travaux de cette commission, qu’il qualifie de “chasse aux sorcières”. Il s’était pour cette raison engagé à faire battre Liz Cheney, mettant tout son poids derrière sa rivale Harriet Hageman, une avocate de 59 ans auprès de qui il est allé faire campagne fin mai.
L’investiture républicaine dans l’élection pour la Chambre des représentants ira donc à la protégée de Donald Trump, renforçant encore un peu plus l’emprise de l’ancien locataire de la Maison Blanche sur le Parti républicain, et ce en dépit des nombreuses enquêtes dont il fait l’objet. Comme si, à force d’accumulation, toutes ces affaires n’avaient plus prise sur lui.
“Oubliettes de la politique”
L’ex-magnat de l’immobilier a immédiatement applaudi la défaite de Liz Cheney: “Elle devrait avoir honte d’elle-même, de la façon dont elle a agi”, a-t-il affirmé sur son réseau social, Truth Social. “Maintenant, elle peut enfin tomber dans les oubliettes de la politique”, s’est-il réjoui.
Dans le Wyoming, un État qui a voté à plus de 70 % pour Donald Trump lors de la dernière présidentielle, la candidate Harriet Hageman appuie notamment la théorie véhiculée par le clan Trump selon laquelle l’élection de 2020 a été “volée” à l’ancien président, malgré les innombrables preuves du contraire.
De son côté, Liz Cheney, qui a voté pour la destitution à laquelle Donald Trump a finalement échappé, s’efforce depuis plus d’un an de démonter cette thèse à laquelle adhèrent encore des millions de trumpistes.
“Dans notre pays, nous ne prêtons pas serment à un individu ni à un parti politique”, affirmait encore l’élue lors d’une audition parlementaire mi-juin, estimant que la “défense de la Constitution américaine” méritait de mettre en péril sa carrière politique.
Menaces de mort
Depuis qu’elle enquête sur Donald Trump et son entourage, l’élue a été visée par une série de menaces de mort et ne se déplace plus sans escorte policière. Dans son État, l’élue avait été contrainte de mener une sorte de campagne fantôme, sans meetings électoraux ou événements publics.
Cette héritière d’une droite très traditionaliste, pro-armes et anti-avortement, a aussi été excommuniée par le Parti républicain du Wyoming, dont le chef a lui-même participé aux manifestations le jour de l’assaut du Capitole.
Comment Liz Cheney compte-t-elle désormais faire barrage à Donald Trump? Les rumeurs lui prêtent des ambitions présidentielles pour l’élection de 2024. Mardi soir, Liz Cheney a d’ailleurs tenu à offrir une main tendue aux “républicains, démocrates et indépendants” : “Engageons-nous à faire front commun contre ceux qui veulent détruire notre république.”
Avec AFP