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Inondations à Séoul : les dangers des “banjiha”, logements en semi-sous-sol vus dans “Parasite”

Les inondations mortelles qui ont touché la Corée du Sud les 8 et 9 août 2022 ont mis en lumière le danger des “banjiha”, logements en semi-sous-sol : quatre personnes y sont mortes, piégées par la montée des eaux. Notre Observateur vit, comme plus de 200 000 familles à Séoul, dans une “banjiha”.

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Des fenêtres au niveau du sol laissant à peine entrer la lumière du jour, une forte humidité, des moisissures, pratiquement pas de réseau : voilà les caractéristiques des “banjiha” – littéralement “à moitié enterré” en coréen. Des dangers qui avaient été mis en lumière dans le film “Parasite” (2019) de Bong Joon-ho lors d’une scène d’inondation similaire dans le banjiha où vit la famille au centre de l’histoire.


Cet utilisateur fait un parallèle entre les inondations à Séoul et la scène du film “Parasite” de Bong Joon-ho.

Une autre caractéristique de nombreux banjiha : des toilettes surélevées pour éviter les débordements en cas d’inondations. Ces logements, d’emblée très exposés, étaient donc en première ligne lorsque les 8 et 9 août 202, des inondations ont touché Séoul et ses environs : de nombreux lieux souterrains comme parkings et stations de métro se sont retrouvé ensevelis. Une famille de trois personnes est ainsi morte noyée dans une banjiha du quartier de Sillim-Dong, piégée par la montée des eaux.

Le gouvernement du président coréen Seok-yeol Yoon, qui s’est rendu mercredi 10 août dans la banjiha de la famille piégée, a annoncé qu’il allait chercher à mettre en place des mesures pour améliorer les conditions de logement des plus pauvres. Le gouvernement de Séoul a pour sa part assuré qu’il cesserait de délivrer des permis pour construire des banjiha.

Les autorités avaient déjà indiqué qu’elles allaient restreindre les banjiha après les inondations en 2010. 

Sur les réseaux, des habitants ont filmé l’étendue des dégâts dans leur banjiha : on y voit des toilettes déborder d’eau trouble, des fils électriques à moitiés noyés et des torrents d’eau recouvrir complètement les courtes fenêtres donnant sur la rue. 


Il est écrit en coréen: “Je suis chez ma tante désormais, je n’habiterai plus jamais dans une banjiha”

Sung-Joon Kim (pseudonyme) est étudiant à l’université de Séoul et vit dans une banjiha du quartier de Sadang, au sud-est de la capitale, dans une zone très touchée par les inondations.

Je suis rentré du travail à 20 heures [le 8 août].  À ce moment-là, je pensais que c’était juste des fortes pluies. J’ai compris quand je suis sorti du métro à Isu, où je venais d’entendre des femmes dire que l’eau débordait tellement que les bouches d’égouts étaient sur le point de lâcher. Quand je suis arrivé à la surface, l’eau jaillissait de la bouche d’égout comme une fontaine.


Vidéo filmée par Sung-Joon Kim sur son trajet retour, le 8 août au soir.

Quand j’ai vu ça, j’ai tout de suite compris que mon appartement était sûrement inondé. Je me suis précipité pour rentrer, mais la route pour aller chez moi était remplie d’eau. Je mesure 1,68 m et l’eau montait jusqu’à mes cuisses. J’avais très peur d’être emporté par le courant – je ne pèse que 46 kilos.

Quand je suis arrivée chez moi, toutes les maisons de mon niveau avaient été inondées. L’égout avait reflué, faisant remonter plein de saletés.

La rue devant chez Sung-Joon Kim le 9 août (à minuit) quand l’eau commençait à baisser.
La rue devant chez Sung-Joon Kim le 9 août (à minuit) quand l’eau commençait à baisser. © Les Observateurs de France 24/ Twitter: @Lookie_Clover02

La rue devant chez moi était inondée et je ne pouvais pas bouger. J’étais donc sans-abri ce soir-là et j’ai dormi dans la cage d’escalier de mon immeuble.  Le lendemain, je suis parti chez mes parents. 

Photos montrant la chambre de Sung-Joon Kim avant et après l’inondation.
Photos montrant la chambre de Sung-Joon Kim avant et après l’inondation. © Les Observateurs de France 24

À l’heure qu’il est, toute l’eau a été pompée. Mais j’ai de nombreuses choses comme les lits, les vêtements, mon matériel scolaire, qui ont probablement été contaminés par l’eau des égouts.  Mon ordinateur ne fonctionne plus. Comme j’ai fait une spécialisation “beauté”, j’avais beaucoup d’outils de maquillage et de coiffure, qui sont aussi abîmés. La rue devant chez nous a été remplie de tas de meubles et autres objets désormais inutilisables.

Pour l’instant, je ne peux pas y retourner à cause de la saleté et de l’odeur d’égout. Il faudra attendre environ 3 à 5 semaines.

“On sait que vivre dans une banjiha est dangereux”

Sung-Joon Kim a été renvoyé de son travail quand il a expliqué qu’il ne pourrait pas venir travailler pendant plusieurs semaines. Il dit que son propriétaire va couvrir une partie des dégâts, mais qu’il devra lui aussi en couvrir une partie. Il ne sait pas encore s’il bénéficiera de l’aide annoncée par les autorités pour couvrir les dégâts. 

Il explique qu’il est conscient de la précarité et des dangers de ce type de logement, mais qu’il n’a pas d’autre choix. 

Je viens de Suwon [ville à une cinquantaine de kilomètres au sud de Séoul, NDRL] et vais à l’université à Séoul. Je devais donc m’installer seul, et ma famille n’est pas riche. [Le coût du logement à Séoul est très élevé, NDLR] Je travaille donc pour payer mes frais de scolarité et je ne peux me permettre que ce type de logement en semi-sous-sol. 

Mon appartement est un peu ensoleillée le matin, j’ai une bonne exposition. C’est cependant très humide. Je dois utiliser mon téléphone portable près du plafond parce qu’il n’y a pas beaucoup de réseau. Mais j’ai acheté du matériel pour avoir une meilleure connexion avec le w-fi.

On sait que vivre dans une banjiha est dangereux. Mais les jeunes comme nous et les personnes socialement vulnérables n’ont pas d’autre choix que d’y vivre parce qu’ils n’ont pas d’argent. Si les banjiha n’existait pas, les logements seraient trop chers pour nous et nous n’aurions pas d’endroit où vivre.

Cependant, le problème est la réalité de la société, où ce type de logement existe et où il n’y a pas d’autre choix que d’y vivre. Mais certains politiciens ou riches ignorent ou dénigrent les personnes qui y vivent.

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