La justice américaine a révélé mercredi un complot dirigé par un membre des Gardiens de la révolution iraniens pour assassiner John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche sous l’administration Trump.
Un scénario digne d’un film d’espionnage : la justice américaine a révélé mercredi 10 août qu’un membre des Gardiens de la révolution, armée idéologique de la République d’Iran, avait ourdi un complot pour assassiner John Bolton entre octobre 2021 et avril 2022. L’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump avait été un des soutiens les plus forts au retrait de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien.
Le ministère américain de la Justice a précisé dans un communiqué que Shahram Poursafi alias Mehdi Rezayi, 45 ans, était inculpé en son absence pour avoir offert le versement de 300 000 dollars à des individus aux États-Unis pour tuer John Bolton, qui fut également ambassadeur des États-Unis à l’ONU.
Le complot, apparemment destiné à venger la mort du général iranien Qassem Soleimani, tué en janvier 2020 dans une frappe américaine, a été révélé aux autorités par la personne censée assassiner John Bolton. Son identité n’a pas été révélée.
Les accusations de la justice américaine interviennent au moment où le régime iranien étudie un compromis présenté par l’Union Européenne pour sauver l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, moribond depuis le retrait des États-Unis en 2018, sous l’impulsion de Donald Trump. Il était alors conseillé par John Bolton.
Pendant des mois, Téhéran a conditionné tout accord à un retrait des Gardiens de la révolution de la liste noire américaine des organisations terroristes.
“Ce n’est pas la première fois que nous mettons au jour un complot de l’Iran pour se venger sur le sol américain et nous travaillerons sans relâche à dévoiler et empêcher chacune de ces tentatives”, a déclaré le vice-ministre de la Justice, Matthew Olsen.
Selon l’acte d’accusation, à la fin de l’année 2021, Shahram Poursafi est entré en contact avec une personne censée mener à bien l’assassinat. Il s’agissait en fait d’un informateur de la police fédérale américaine (FBI). Pendant des mois, ils se sont échangé des messages.
Un million de dollars en cryptomonnaie pour une deuxième cible
Shahram Poursafi lui a ordonné d’ouvrir un compte en cryptomonnaie, puis lui a donné l’adresse professionnelle de l’ancien conseiller de Donald Trump. Il l’a ensuite pressé de mettre le plan à exécution avant le premier anniversaire de la mort de Qassem Soleimani.
La date du 3 janvier 2022 passée, Shahram Poursafi a continué à pousser l’informateur à tuer John Bolton, lui promettant un contrat d’un million de dollars s’il réussissait à viser une deuxième cible.
Bolton avait soutenu le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire
Le FBI a publié un avis de recherche de Shahram Poursafi avec plusieurs photos, dont deux le montrent vêtu de l’uniforme des Gardiens de la Révolution. “Lors de leurs échanges, la source confidentielle a plusieurs fois fait référence à Poursafi comme étant lié à la Force Qods. Poursafi n’a jamais nié”, a noté la justice américaine.
S’il est arrêté, ce qui est peu probable car il semble se trouver en Iran, Shahram Poursafi risque jusqu’à 25 ans de prison.
Conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump d’avril 2018 à septembre 2019, John Bolton considérait l’accord nucléaire de 2015 comme une “erreur stratégique majeure”. Il avait publiquement soutenu la décision de Donald Trump de retirer les États-Unis de ce pacte, qui vise à garantir le caractère civil du programme nucléaire de l’Iran.
L’acte d’accusation précise que John Bolton avait été informé du complot et a coopéré avec les enquêteurs.
Des menaces toujours “graves et crédibles” venues de l’Iran contre Pompeo
Dans un communiqué, il a qualifié les responsables iraniens de “menteurs, terroristes et ennemis des États-Unis”, appelant le président Joe Biden à ne pas revenir dans l’accord avec l’Iran.
L’actuel conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a tweeté pour sa part que Téhéran s’exposait à des “conséquences sévères” s’il s’attaquait à des responsables américains présents ou passés.
En mars dernier, le département d’État avait révélé au Congrès devoir payer deux millions de dollars par mois pour assurer la sécurité de l’ancien chef de la diplomatie Mike Pompeo, face à des menaces “graves et crédibles” venues de l’Iran.
Avec John Bolton, Mike Pompeo a été l’un des principaux artisans de la politique de “pression maximale” sur l’Iran de l’administration Trump.
Avec AFP