Les tirs de missiles balistiques chinois autour de Taïwan, qui ont débuté jeudi, sont “un sérieux problème qui affecte notre sécurité nationale”, s’inquiète le Premier ministre nippon Fumio Kishida. Le Japon a multiplié les appels à “l’arrêt immédiat” de ces exercices militaires.
Le Japon, proche allié des États-Unis mais dont la Chine est aussi le premier partenaire commercial, s’est retrouvé en première ligne des tensions sino-américaines autour de Taïwan.
Les tirs de missiles balistiques chinois, dont certains seraient tombés dans la zone économique exclusive (ZEE) du Japon, sont “un sérieux problème qui affecte notre sécurité nationale et celle de nos citoyens”, a déclaré vendredi le Premier ministre nippon Fumio Kishida.
“Nous appelons à l’arrêt immédiat des exercices militaires” chinois qui ont commencé jeudi et doivent se poursuivre jusqu’à dimanche midi, a ajouté Fumio Kishida après une rencontre avec la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi, arrivée la veille au soir à Tokyo.
Il a confirmé que le Japon et les États-Unis “continueraient à se coordonner étroitement pour maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan”.
De son côté, la présidente de la Chambre des représentants américaine a fait preuve de fermeté pour défendre Taïwan. “Les Chinois ont procédé à ces tirs, utilisant probablement notre visite comme un prétexte (…) Ils n’isoleront pas Taïwan en nous empêchant de nous y rendre. Nous avons eu des visites de haut niveau, des sénateurs au printemps, de manière bi-partisane (…) et nous ne les laisserons pas isoler Taïwan”, a lancé Nancy Pelosi.
Pour autant, elle a tenté d’apaiser les tensions en rappelant que les étapes de sa tournée asiatique, y compris sa visite à Taïwan, “ne visaient pas à changer le statu quo” dans la région.
“Il s’agit de (la loi) ‘Taiwan Relations Act’, de la politique États-Unis-Chine, de tous les textes de loi et accords qui ont établi ce que sont nos relations. Il s’agit d’instaurer la paix dans le détroit de Taïwan et de faire prévaloir le statu quo”, a-t-elle déclaré.
Appels à “l’arrêt immédiat” des exercices militaires chinois
Nancy Pelosi, dont c’est la première visite au Japon depuis 2015, a provoqué la colère de la Chine en se rendant mardi et mercredi à Taïwan, Pékin considérant ce territoire autonome de 23 millions d’habitants comme faisant partie intégrante de son territoire.
La Chine a entamé des exercices militaires d’une ampleur inédite autour de l’île, utilisant des avions et des hélicoptères de combat et tirant des missiles balistiques dont certains auraient survolé Taïwan et seraient tombés pour la première fois dans la ZEE du Japon, selon le ministère de la Défense nippon.
À Phnom Penh, où il participait à une réunion de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), le ministre japonais des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi a lui aussi appelé à “l’arrêt immédiat” des exercices militaires chinois. “Les actions de la Chine ont cette fois un impact grave sur la paix et la stabilité de la région”, a-t-il déclaré.
De son côté, le ministre japonais de la Défense Nobuo Kishi a qualifié ces exercices “d’extrêmement menaçants”, alors que certaines îles du département d’Okinawa, à l’extrême sud du Japon, se trouvent à une centaine de kilomètres seulement de Taïwan.
“Le Japon a déposé une protestation auprès de la Chine par la voie diplomatique”, a dit Nobuo Kishi. Il a cité le chiffre de neuf missiles chinois tirés, dont cinq semblent s’être abîmés au sud-ouest de l’île nippone de Hateruma.
Avec AFP