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Tour de France Femmes : sur les redoutés chemins blancs de la 4e étape, “il y a une part de chance”

Avec près de 13 kilomètres de chemins de vigne au programme mercredi dans la quatrième étape du Tour de France Femmes, les coureuses et leur encadrement ont été mis à rude épreuve. Immersion dans la préparation et la course de la FDJ-Suez-Futuroscope sur cette spectaculaire course entre Troyes et Bar-sur-Aube. 

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L’étape Troyes-Bar-sur-Aube faisait rêver plus d’une coureuse. Lors de la présentation protocolaire des équipes la veille du départ à Meaux, le quatrième jour de course était la réponse la plus spontanée qui venait aux coureuses interrogées quand on leur demandait quelle étape elle rêvait de gagner. 

L’explication ? La présence de quatre chemins blancs sur les 126,8 kilomètres du parcours, c’est-à-dire des routes non asphaltées. Un total de 12,9 kilomètres de graviers, de cailloux et de poussière qui rappellent la classique italienne des Strade Bianche, surnommée la “plus belle course de vélo” par beaucoup d’amateurs de cyclisme. Dans ces sections où tout peut arriver, dans la poussière soulevée par les montures, la légende du vélo peut s’écrire. 

Les chemins blancs,
Les chemins blancs, “je trouve ça fun”, affirmait Cecilie Uttrup Ludwig avant le départ de la quatrième étape. © Fabien Boukla, A.S.O.

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“Je trouve ça fun personnellement”, s’enthousiasme Cecilie Uttrup Ludwig, leader de la FDJ-Suez Futuroscope, avant de prendre le départ. “Je trouve ça cool que sur un Grand Tour nous soyons mises en compétition sur tous les terrains : du plat, des bosses, de la montagne ou des chemins blancs…” 

Des risques de crevaison 

Pourtant, ces étapes provoquent des sueurs froides à beaucoup d’équipes. Et pour cause : avec leurs pierres saillantes, ces secteurs sont particulièrement propices aux incidents mécaniques, à commencer par les crevaisons.  

>> À lire aussi sur France 24 : Tour de France Femmes : aux côtés de l’équipe de la FDJ lors de son étape catastrophique

“Toutes les étapes sont stressantes, celle-ci n’est donc pas exceptionnelle”, nuance l’Australienne Grace Brown, capitaine de route de la FDJ. “Ce sont surtout nos mécanos qui vont stresser.” 

“Les chemins blancs sont dangereux surtout pour les roues. Il y a un risque des crevaisons par pincement ou que des petits silex traversent les pneus”, explique Lucas Fouquet, le chef des mécaniciens de la FDJ. 

Le jeune homme de 32 ans en est à sa quatrième saison avec la seule équipe française du World Tour, la plus haute division du cyclisme. Dès la veille de l’étape, il est à pied d’œuvre pour préparer les vélos qui s’apprêtent à traverser le vignoble champenois. À peine ces derniers arrivés d’Épernay où Cecilie Uttrup Ludwig s’est imposée, ils sont méthodiquement nettoyés et préparés, en puisant dans l’impressionnant camion mécanique où sont soigneusement rangés trois cadres par coureuses et une quarantaine de paires de roues. 

Lucas Fouquet nettoie les vélos après l'étape.
Lucas Fouquet nettoie les vélos après l’étape. © Roma

Mobilisation générale 

Pour la FDJ-Suez-Futuroscope, ce qui compte sur une étape de ce genre, c’est la préparation. Chaque détail a été anticipé pour mettre leurs coureuses dans les bonnes conditions, d’autant que Cecilie Uttrup Ludwig et l’Australienne Grace Brown savent réussir des performances sur ce type de terrain. Elles ont respectivement terminé troisième et onzième de la dernière édition des Strade Bianche. 

“On la préparait cette étape. On a fait des reconnaissances dans différentes conditions : en voiture, à vélo, en la filmant… C’est une étape spéciale, mais nos filles sont techniques et sont habituées”, loue Stephen Delcourt, le manager général de l’équipe. “Il faudra être à l’avant et à l’instinct, car tout peut arriver et que le trèfle à quatre feuilles qu’on avait pas lundi soit avec nous aujourd’hui.” 

L'impressionnant camion dédié à la mécanique de la FDJ
L’impressionnant camion dédié à la mécanique de la FDJ © Romain Houeix, France 24

L’équipe a aussi sonné la mobilisation générale : de la nutritionniste à la chargée de logistique, tout le monde s’est vue attribuer un point de dépannage où ils pourront servir d’assistants et tendre des roues de secours aux coureuses. L’équipe a même fait appel à des membres de la Groupama-FDJ, équipe masculine avec laquelle ils partagent un sponsor, pour garnir les effectifs. 

Avant de conclure du haut de sa longue expérience à la tête d’une équipe : “On peut essayer de combler l’aléas, mais on ne peut pas être partout”, prédit-il.

Un calme impressionnant  

Il ne croyait pas si bien dire. Si la FDJ-Suez-Futuroscope passe une course tranquille dans un premier temps, roulant à l’avant du peloton et enchaînant le chemin de Celles et celui des Hautes Forêts sans problème, les choses se gâtent quelque peu dans le troisième secteur : la Danoise Cecilie Uttrup Ludwig crève sans assistant FDJ à l’horizon. 

La coureuse ne panique pourtant pas et voit son équipière italienne Vittoria Guazzini s’arrêter et lui tendre sa roue arrière pour la dépanner. Dans un calme impressionnant, la Danoise démonte sa roue crevée pour la remplacer par celle donnée par sa partenaire tandis que l’Italienne hèle la voiture d’assistance neutre pour récupérer une roue. Elle parvient ensuite à ramener sa leader sur le peloton.  

“Quand j’ai eu la crevaison, Vittoria et Marie [Le Net (française)] ont été géniales, raconte Cecilie Uttrup Ludwig après la course. Elles ont repéré le problème et elles ont été si rapides à me dépanner et à me ramener. C’était comme dans un film. Un bon film !” 

“On savait que le secteur trois était dur. On avait placé quelqu’un au milieu, mais Cecilie a crevé un peu avant sa position”, débriefe à chaud Cyril Maire, directeur sportif de la formation. “Dans ces moments-là, on leur rappelle dans l’oreillette de rester calme. C’est le conseil qu’on leur a répété avant la course : le sang-froid est primordial.” 

“Vittoria et Marie avait pour rôle de protéger les leaders, et en cas d’incident dans un chemin de gravier, les dépanner en leur donnant leur roue, explique, Cyril Maire. Elles ont vraiment fait un super boulot en se sacrifiant aujourd’hui”.  

S’ajoute à ce dépannage, une ruse de Grace Brown. Alors que la crevaison de sa leader lui était annoncé dans l’oreillette, elle prend les commandes du peloton pour imprimer un faux-rythme momentané et permettre à la Danoise de rentrer dans le peloton. Ce qu’elle fera dans la descente qui suit le secteur. 

Malheureusement, le suivant sourit moins à l’Australienne. Elle est à son tour victime d’une crevaison dans le chemin de Vitry. Cependant, les équipières ayant déjà été sacrifiées, personne de l’équipe ne peut l’aider, alors qu’elle aurait pu avoir sa chance dans le final de l’étape. 

“Il n’y avait plus personne”, déplore Cyril Maire. “Et le temps de réparer, il était trop tard pour espérer un résultat alors qu’elle faisait partie de nos deux coureuses protégées aujourd’hui.” 

Le spectaculaire et le raisonnable

Malgré ce coup du sort, la FDJ-Suez-Futuroscope a encore une carte dans sa manche : la Française Évita Muzic. La lieutenant de Cecilie Uttrup Ludwig pour la montagne profite de ne pas être marquée par les leaders d’équipe pour s’échapper à la poursuite de la Suissesse Marlen Reusser. Si elle ne rattrape pas la vainqueure du jour, elle parvient à régler son petit groupe au sprint pour monter sur la seconde marche du podium. 

“Il y a forcément une part de chance dans ce genre de journée. Même moi, je n’ai pas eu de chance avec un coincement de chaîne dans le dernier secteur. Puis, la chance a tourné, sourit Évita Muzic. On a maîtrisé la casse quand il y en a eu.” 

L’étape des chemins blancs a donc réservé sa dose de spectacle. Pourtant, la présence, voire l’omniprésence de ceux-ci ces dernières années dans les courses cycliste, est décrié par une partie des suiveurs : trop aléatoire et surtout en décalage avec l’esprit des courses sur route. 

“Moi, j’aime bien qu’on ait ces sections, lâche l’Australienne de la FDJ, Grace Brown. Du moment qu’elles sont choisies avec soin et qu’elles ne sont pas dangereuses… Mais il ne faudrait pas franchir le pas de trop qui serait des descentes en gravier.” 

Son manager général ne dit pas autre chose :” Il faut une balance entre le spectaculaire et le raisonnable. Aujourd’hui, le tracé est de l’ordre du raisonnable. Il faut que leur présence reste modérée et qu’on fasse surtout attention à nos coureurs”, conclut Stephen Delcourt. 

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