Maillot jaune depuis la deuxième étape, Marianne Vos savoure son Tour de France Femmes. À 35 ans, celle qu’on surnomme la “Cannibale” du cyclisme féminin a déjà tout gagné ou presque.
À 35 ans, Marianne Vos est tout simplement le plus grand palmarès du cyclisme féminin. Durant sa déjà longue carrière, elle a levé les bras à 241 reprises, gagnant sur tous les terrains et toutes les courses. Sa dernière victoire en date, lundi 25 juillet entre Meaux et Provins, écrivait cependant une ligne inédite : un maillot jaune sur un Tour de France Femmes qui, faut-il le rappeler, a ressuscité après 33 ans d’absence.
Une statistique démontre la domination sans appel de Marianne Vos sur ce début de Tour : sa plus mauvaise place est la cinquième sur l’étape des chemins blancs. Sinon la coureuse néerlandaise a toujours fini sur le podium (1 victoire, deux fois deuxième et une troisième place).
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Enumérer l’entièreté de son palmarès prendrait tout simplement trop de temps. Dans les grandes lignes : trois fois championne du monde sur route, championne olympique sur route (2012) et sur piste (2008), huit fois championne du monde de cyclo-cross en plus de trois Tour d’Italie (et 32 victoires étapes sur celui-ci) et cinq Fleche Wallone.
L’immensité de sa carrière lui vaut régulièrement d’être surnommée la “Cannibale”, une référence au Belge Eddy Merckx, considéré comme le plus grand cycliste de l’Histoire avec ses 625 victoires.
Impressionnante dès le plus jeune âge
Native des Pays-Bas, Marianne Vos n’a que cinq ans quand elle se met au vélo, au départ pour imiter son frère Anton. Elle dispute ses premières courses à l’âge de huit ans et commence déjà à lever les bras à l’âge de 14 ans. Elle se fait très rapidement remarquer pour sa force et sa polyvalence, capable de briller en juniors sur tous les terrains du cyclisme, de la route au VTT.
L’idée d’être une professionnelle lui arrive quand elle gagne pour la première fois le titre de championne du monde sur route à Vérone (Italie) en juniors : “Quand j’ai gagné mon premier maillot arc-en-ciel, en 2004, l’idée d’une carrière en tant que cycliste professionnelle a traversé mon esprit. Il n’y avait pas beaucoup de filles qui s’y consacraient à 100 %, mais j’ai décidé de tenter le coup et de faire de mon mieux, raconte-elle sur son site personnel.
Preuve de sa polyvalence, elle devient en 2006 la première à remporter un titre de championne du monde dans trois disciplines différentes : route, piste et cyclo-cross. Elle n’a que 21 ans.
Le Tour de France, une épreuve à part
Dans le palmarès de la “Cannibale” également, deux victoires sur La Course by Le Tour, course d’un jour organisée en lever de rideau d’une étape de la Grande Boucle masculine. Elle avait d’ailleurs remporté la première édition sur les Champs-Elysées en 2014.
Le Tour tient une place à part dans le cœur de la jeune femme. Enfant, elle et ses parents faisaient partie de cette “République de Juillet”, des vacanciers qui suivent le Tour de France au bord des routes.
“Nous allions à l’Alpe d’Huez, aux arrivées au sprint, à Pau”, racontait-elle encore au départ à Meaux lundi. “C’était comme ça que nous passions nos vacances d’été, au fil de la course en camping-car”, expliquait-elle avant le départ du Tour.
“Le Tour, c’est plus grand que le sport, c’est un événement mondial tout autour du monde. Ça a un gros impact sur les fans, on va montrer du cyclisme féminin tout autour du monde”, se réjouissait-elle avant de débuter sa compétition, dans la série documentaire produite par ASO, l’organisateur du Tour de France.
Si elle est passée proche de la victoire dès la première étape sur les Champs-Elysées, elle n’a pas laissé passer sa chance sur la deuxième pour endosser le maillot jaune. De quoi la satisfaire et la convaincre de ranger les dossards du haut de ses 35 ans ?
“L’âge n’est qu’un chiffre”, écartait-elle d’un sourire lors de la conférence de presse à Provins après son étape victorieuse.” Je me sens bien. Le plus important c’est d’avoir de la réussite et de la motivation. Tant que je suis en bonne santé, je continue. Je prends toujours du plaisir à m’entraîner.”
Maillot jaune jusqu’au bout ?
La coureuse de la Jumbo-Visma se présentait pourtant sur ce Tour sans grandes certitudes. Elle avait certes entamé sa saison 2022 par un huitième sacre de championne du monde de cyclo-cross à Fayetteville, aux Etats-Unis, mais sa reprise sur route est contrariée par le Covid-19. Elle doit renoncer au deuxième Paris-Roubaix féminin de l’histoire alors qu’elle rêve de ranger le pavé de vainqueure dans sa galerie de trophées après sa deuxième place sur la dantesque édition inaugurale. Elle n’a disputé que 11 jours de course sur route avant la Grande boucle. Elle s’est cependant rassurée au Giro en remportant deux étapes avant de le quitter pour s’économiser en vue du Tour.
Pour le moment, le maillot jaune semble fermement ancré sur ses épaules. Sur les chemins entre Troyes et Bar-Sur-Aube, elle s’est montrée à son avantage évitant les embûches. Elle dispose actuellement de près d’une minute sur les deux favorites annoncées pour la victoire finale, Demi Vollering (SD Workx) et Annemieke Van Vleuten (Movistar). Or, Marianne Vos n’est plus aussi tranchante en montagne que par le passé. Va-t-elle tout de même tenter de vendre chèrement sa peau ?
“Il faut être réaliste. Avec les montées qui arrivent ce week-end, les grimpeuses et prétendantes au classement général vont me prendre beaucoup de temps. Ce sera une course totalement différente qui va commencer lors des deux dernières étapes”, a prudemment écarté Marianne Vos. “Je savoure juste de porter le maillot jaune en ce moment.”
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La légende vivante de son sport devrait se concentrer sur un autre maillot, le maillot vert de meilleure sprinteuse, qu’elle possède également mais où elle est à la lutte avec sa compatriote, la prodige du sprint Lorena Wiebes. Pas sûr qu’elle soit tout à fait prête à laisser sa place aussi facilement à la jeunesse.