Poursuivant sa tournée canadienne, le pape François s’est rendu, mercredi, au Québec, où il a rencontré les dirigeants canadiens, dont le Premier ministre canadien Justin Trudeau. Tout en présentant ses excuses aux communautés autochtones, le pontife a déploré “des colonisations idéologiques”.
Le voyage pénitentiel du pape François au Canada s’est poursuivi au Québec, mercredi 27 juillet. Il a fustigé les “colonisations idéologiques”, demandant de nouveau “pardon” devant les autorités qui l’ont invité à agir concrètement pour la réconciliation avec les autochtones.
“Aujourd’hui encore, des colonisations idéologiques qui s’opposent à la réalité de l’existence étouffent l’attachement naturel aux valeurs des peuples, en essayant d’en déraciner les traditions, l’histoire et les liens religieux”, a déclaré le pape lors d’un discours devant les autorités civiles, les représentants autochtones et le corps diplomatique à la Citadelle de Québec. Il a dénoncé “l’injustice radicale” de l’inégalité de la distribution des richesses.
Il a ainsi rencontré les dirigeants canadiens, une pause politique dans le cadre de son voyage essentiellement consacré à des excuses pour les abus infligés par le passé aux enfants des peuples autochtones dans les écoles gérées par l’Église.
Il s’est entretenu en privé avec Justin Trudeau et avec la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, qui lui ont décrit les tragédies qui s’étaient déroulées dans les pensionnats.
Quelques minutes plus tôt, le jésuite argentin avait été accueilli avec les honneurs militaires dans la forteresse britannique, située sur les rives du fleuve Saint-Laurent.
Le long de la route allant de l’aéroport à la Citadelle, des centaines de personnes, smartphone à la main, se sont massées derrière les barrières pour apercevoir le pape à bord de sa Fiat blanche. Certaines arboraient des affiches de bienvenue ou des drapeaux de l’Argentine ou du Vatican.
Des actions réclamées
En Alberta (ouest), la première étape du voyage papal a été largement consacrée aux excuses présentées lundi par le pape aux autochtones (Premières Nations, Métis et Inuits) pour l’enrôlement de 150 000 enfants, entre la fin du XIXe siècle et les années 1990, dans 130 pensionnats en majorité gérés par l’Église catholique.
Nombre d’entre eux ont subi des abus physiques ou sexuels, et des milliers n’en sont jamais revenus, victimes de maladie, de malnutrition ou de négligence.
Devant les autorités mercredi, le pape François a de nouveau dénoncé les “politiques d’assimilation et de déracinement” qui ont “détruit de nombreuses familles autochtones”, renouvelant sa “demande de pardon” avec “honte et douleur” pour les agissements de “nombreux chrétiens”. Sans toutefois remettre en cause l’institution en elle-même.
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“C’est notre responsabilité de voir nos différences non pas comme un obstacle, mais comme une occasion d’apprendre, de mieux nous comprendre et de passer à l’action”, a estimé de son côté le Premier ministre canadien.
Mary Simon a ensuite insisté sur la suite à donner aux excuses papales, affirmant avoir “hâte de connaître les actions qui seront prises par l’Église pour poursuivre ce travail essentiel”. Le pape avait lui-même qualifié ces excuses de “première étape” d’un processus de “guérison”.
Second pape à visiter le Canada
Jeudi matin, le pape présidera une messe au sanctuaire national Sainte-Anne de Beaupré, le plus ancien lieu de pèlerinage d’Amérique du Nord qui accueille chaque année un million de visiteurs. Des milliers de fidèles y sont attendus, dans cette province francophone qui compte le plus grand nombre de catholiques au Canada, malgré une affluence inférieure à celle annoncée par les organisateurs depuis le début de la visite.
Dans l’après-midi, le pape prononcera une homélie à la cathédrale Notre-Dame de Québec, en présence de représentants religieux.
Vendredi, pour la dernière étape de son voyage de six jours, le pape s’arrêtera quelques heures à Iqaluit (Nunavut), dans l’archipel arctique.
Dans un contexte de remise en cause de l’Église, François est le second pape à visiter le Canada, après Jean-Paul II qui s’y est rendu à trois reprises (1984, 1987, 2002).
Avec AFP et Reuters