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Campings calcinés en Gironde : “On pensait revenir mais finalement on a tout perdu!”

Près de 38 500 personnes ont été évacuées préventivement depuis que d’intenses feux de forêt sévissent en Gironde. Si aucun mort n’était à déplorer, mercredi, plusieurs résidents des campings de la Dune du Pyla ont vu leurs possessions s’envoler en fumée. Parmi eux, des vacanciers étrangers qui ont tout perdu. Reportage.

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Des monticules de tôle tordue, certains encore fumants, permettent de voir clairement les emplacements occupés par les caravanes et mobile-homes des vacanciers. Quelques tentes ayant miraculeusement échappé aux flammes émergent au milieu des vélos et des barbecues portables calcinés. C’est la vision de dévastation surréaliste depuis le sommet de la Dune du Pyla, mardi 19 juillet, au lendemain de la destruction de cinq campings par les intenses feux de forêt qui ravagent la Gironde.

Quelques tentes ont miraculeusement échappé au feu dans le camping des Flots Bleus.
Quelques tentes ont miraculeusement échappé au feu dans le camping des Flots Bleus. Mehdi Chebil

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“Allez il faut bouger maintenant!” s’exclame le commandant des sapeurs-pompiers Mathieu Jomain, tandis que des vents tourbillonnent au sommet de cette dune de sable de plus de 100 mètres de haut avec une vue imprenable sur le massif forestier. Plus à l’Est, des volutes de fumée continuent de monter vers le ciel tandis que des Canadair et des hélicoptères survolent la zone.

“Même quand les flammes ne sont pas visibles, les pins peuvent continuer de se consumer de l’intérieur (…) Après les murs de flammes, mes collègues vont devoir noyer plusieurs parcelles dans les jours qui viennent pour éviter toute reprise du feu”, explique le commandant Jomain.

Des bonbonnes de gaz au milieu de restes calcinés dans un camping au pied de la Dune du Pyla. Les explosions de ces bonbonnes ont été entendues à plusieurs kilomètres à la ronde.
Des bonbonnes de gaz au milieu de restes calcinés dans un camping au pied de la Dune du Pyla. Les explosions de ces bonbonnes ont été entendues à plusieurs kilomètres à la ronde. © Mehdi Chebil

Il est malheureusement déjà trop tard pour les résidents des campings de la Dune du Pyla qui n’ont pas pu récupérer leurs possessions laissées sur place. C’est le cas de Ruth Kreide, que nous rencontrons au centre d’hébergement d’urgence installé au parc des expositions de La Teste-de-Buch.

Comme de nombreux étrangers d’Europe du Nord, cette Allemande de 48 ans était tombée amoureuse de la région. Cela faisait trois ans qu’elle prenait ses quartiers d’été avec son mari et ses deux enfants au camping du Panorama. Depuis l’emplacement numéro 411, la famille originaire de Rheinbach, près de Bonn, bénéficiait d’une vue exceptionnelle sur la Dune du Pyla et les eaux émeraude du bassin d’ Arcachon.

Ruth Kreide (à gauche), son mari Christian, et leurs deux enfants prennent une photo depuis leur emplacement au camping du Panorama, quelques jours avant les incendies et leur évacuation.
Ruth Kreide (à gauche), son mari Christian, et leurs deux enfants prennent une photo depuis leur emplacement au camping du Panorama, quelques jours avant les incendies et leur évacuation. © Archive famille Kreide

Mais c’est justement la localisation de cet emplacement de rêve qui lui a porté malheur lors de l’évacuation rocambolesque dans la nuit du 12 au 13 juillet.

“On a été réveillés par le bruit des gens qui partaient vers 4 h 15 du matin. On s’est alors rendus compte que le camping était en train d’être évacué depuis près de deux heures mais, comme notre emplacement est dans une rangée au fond du camping, personne ne nous avait prévenus”, se remémore Ruth Kreide. La veille, des employés du camping leur avaient assuré qu’il n’y avait pas de projet d’évacuation imminente.





“On a juste eu le temps de jeter quelques affaires dans la voiture puis on a dû partir précipitamment en laissant derrière nous la caravane, les tentes, les vélos, nos affaires personnelles… On pensait pouvoir revenir mais on a finalement tout perdu!”, ajoute son mari, Christian Kreide.

La famille est restée quelques jours dans la région en espérant pouvoir retourner récupérer ses affaires. Un convoi de la dernière chance a bien été organisé dimanche pour que les vacanciers puissent accéder au camping et récupérer leurs affaires. Mais des changements soudains dans le sens du vent ont poussé les policiers à ordonner au convoi de rebrousser chemin. Le lendemain, Ruth et son mari regardaient sur l’écran de leur téléphone les flammes engloutir le camping du Panorama, en rafraichissant toutes les 90 minutes une application d’imagerie satellite.





Le choc est d’autant plus grand pour la famille Kreide qu’il s’agit de la seconde fois qu’ils sont victimes d’un phénomène climatique extrême.

“L’année dernière, on était justement en vacances au camping du Panorama lorsqu’on a appris que notre maison à Rheinbach avait été touchée par des inondations exceptionnelles. On avait alors dû abréger notre séjour pour rentrer en Allemagne”, se rappelle Ruth Kreide.

“L’eau a fait de gros dégâts dans le sous-sol de notre maison, les réparations ne sont toujours pas terminées. C’était le 13 juillet 2021, un an jour pour jour avant l’évacuation du camping du Panorama. À l’époque, on s’était rassurés en se disant que toutes nos affaires importantes étaient avec nous dans la caravane”, s’exclame t-elle, les larmes aux yeux.

La famille Kreide se prépare à reprendre la route vers l'Allemagne le 19 juillet 2022. Leur coffre est rempli des affaires qu'ils ont achetées pour remplacer les objets du quotidien perdus lors de l'évacuation.
La famille Kreide se prépare à reprendre la route vers l’Allemagne le 19 juillet 2022. Leur coffre est rempli des affaires qu’ils ont achetées pour remplacer les objets du quotidien perdus lors de l’évacuation. © Mehdi Chebil

La famille a repris la route mardi en direction de l’Allemagne, sans savoir quand elle reviendrait dans la région. L’envie de revenir est contrebalancée par la crainte de retrouver une nature durablement dévastée.

“Maintenant on se demande ce qui nous attend l’année prochaine…”, confie Christian Kreide, avant de prendre le volant. “Un tremblement de terre peut-être ?”

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