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Déficit commercial, croissance en berne… quand l'exemple allemand a du plomb dans l'aile

Fragilisée par la hausse des prix de l’énergie et les difficultés d’approvisionnement, l’Allemagne s’interroge sur la pérennité d’un modèle économique qui a longtemps fait référence en Europe.

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Depuis plusieurs semaines, les nuages s’amoncellent dans le ciel de l’économie allemande : l’inflation atteint un niveau record de près de 8 %, la croissance tourne au ralenti et la balance commerciale se retrouve dans le rouge, une première depuis trente ans.

Selon les dernières prévisions de Commission européenne publiées jeudi 14 juillet, la croissance allemande, longtemps considérée comme la locomotive de l’économie des Vingt-Sept, ne devrait atteindre que 1,3 % en 2023, contre 1,5 % en moyenne dans la zone euro.

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Signe que quelque chose ne tourne pas rond pour la nation championne du monde des exportations, le pays a affiché en mai un déficit commercial d’un milliard d’euros. Du jamais-vu depuis 1991, l’année qui a suivi la réunification.

Après avoir profité pendant des décennies d’une énergie bon marché, l’industrie, qui représente près d’un quart du PIB du pays, paye aujourd’hui sa trop grande dépendance au gaz russe. “Et les craintes sont grandes qu’il n’y ait pas de reprise des livraisons après la maintenance du gazoduc Nord Stream 1 prévue jusqu’au 21 juillet”, rappelle Line Rifai, chroniqueuse économie à France 24.

>> Guerre en Ukraine : l’Allemagne, la Russie, le Canada et la turbine à gaz de la discorde

En attendant, la facture énergétique s’envole : “Les importations de gaz naturel en valeur ont plus que doublé entre avril 2019 (…) et avril 2022 et les importations de pétrole ont, elles, grimpé de 55 % sur la même période”, note le journal les Échos.

Pour sauver ses entreprises phares de l’automobile ou de la chimie, très gourmandes en énergie (près d’un tiers du gaz brûlé en Allemagne est consommée par l’industrie), le gouvernement a activé fin juin le deuxième niveau de son plan d’urgence et n’exclut pas un rationnement pour les particuliers.

Machine déréglée de la mondialisation

Si la hausse des prix de l’énergie et le contexte géopolitique expliquent en bonne partie les difficultés actuelles, l’Allemagne est également pénalisée par sa relation privilégiée avec le géant chinois.

Premier partenaire commercial de Berlin, la Chine représente un débouché extraordinaire pour son secteur automobile qui y réalise près de 30 % de son chiffre d’affaires. Or, cet horizon se rétrécit. La demande chinoise recule, la stratégie zéro-Covid faisant chuter la consommation des ménages. Avec seulement un million de voitures écoulées en avril, les ventes ont chuté de 35,7 % sur un an en Chine. “Nous devons diversifier nos relations internationales, y compris pour nos exportations”, a expliqué Christian Lindner, le ministre allemand des Finances dans une interview accordée au journal Die Zeit.

Rouage central de la mondialisation des années 2000, l’Allemagne se retrouve également en première ligne dans le chaos logistique provoqué par la reprise post-Covid-19. Les ruptures d’approvisionnement pénalisent fortement son industrie, habituée à importer des composants à bas coûts pour ensuite les assembler sous le sceau du “Made In Germany”. À ces pénuries matérielles s’ajoutent des difficultés à recruter pour les entreprises notamment en raison d’un chômage faible et d’une population vieillissante.

Des revendications salariales qui montent

La machine allemande voit donc les principaux leviers de sa croissance se gripper les uns après les autres. Simple mauvaise passe liée au contexte mondial ou signe d’un modèle arrivé au bout d’un cycle ?

“On entre probablement dans le début d’une période plus faible pour l’Allemagne. Si dans le passé on a toujours vu ce pays jouer le rôle de modèle, il est peut-être temps d’avoir une vue réaliste sur ses forces et ses faiblesses. Personne n’est parfait”, reconnaît auprès de l’agence Reuters Achim Truger, l’un des conseillers économiques du gouvernement.

D’autant qu’après des décennies d’une politique de modération salariale permettant aux entreprises de comprimer leurs coûts, les revendications des syndicats allemands se font de plus en plus bruyantes et ce, malgré la hausse du salaire minimum prévue en octobre.

En juin, une grande partie des dockers allemands à Hambourg ou encore à Brême ont cessé le travail. Plus récemment, le puissant syndicat allemand IG Metall a réclamé une hausse des salaires de 8 % l’an prochain pour les 3,8 millions de salariés du secteur industriel. Il se prépare désormais à faire grève.

Des revendications accueillies froidement par le patronat allemand qui critique un syndicat devenu “aveugle à la réalité de l’industrie”, rapporte le journal La Tribune. Là encore, c’est un pilier du modèle allemand qui vacille : celui du consensus, jusque-là garant de la stabilité économique du pays.

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