Emmanuel Macron a déclaré mardi “assumer à fond” avoir reçu les dirigeants d’Uber lorsqu’il était ministre de l’Économie et des Finances, s’estimant “hyper fier” d’avoir contribué à la création d’emplois en France.
Emmanuel Macron “assume à fond”, quitte à provoquer une nouvelle fois de vives réactions : le chef de l’État a vertement répliqué, mardi 12 juillet, aux critiques sur ses échanges privilégiés dans le passé avec Uber, insistant sur “les milliers d’emplois” créés.
“Moi, je suis extrêmement fier (…), il est très difficile de créer des emplois sans entreprises ni entrepreneurs”, a renchéri le chef de l’État. “Je le referais demain et après-demain”, a-t-il insisté après une visite du site de l’entreprise STMicroelectronics près de Grenoble.
🔴 Emmanuel #Macron sur #Uber: « Je l’assume à fond, j’ai vu des chefs d’entreprise étrangers et j’en suis fier s’ils ont créé des emplois en France (…) et je le referais demain et après demain » #UberFiles pic.twitter.com/5QKd6XjFh7
— Guillaume Daret (@GuillaumeDaret) July 12, 2022
“On introduit une espèce d’ambiance qui consisterait à dire que voir des chefs d’entreprise, en particulier étrangers, ce serait mal. Mais je l’assume à fond, et en vous regardant !”, a riposté le président. “Comme le dirait un de mes prédécesseurs, cela m’en touche une sans faire bouger l’autre”, a-t-il ajouté, en référence à une phrase attribuée à Jacques Chirac.
“‘Hyper fier’ de piétiner le droit du travail, d’encourager la dérégulation et de soutenir une firme championne de l’évasion fiscale : le président persiste et signe”, a tweeté le communiste Fabien Roussel après les propos présidentiels.
“N’est pas Chirac qui veut… Les bons mots ne suffisent pas toujours à cacher les mauvaises manières”, a réagi Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes.
Dans le cadre des “Uber Files”, une enquête reposant sur des milliers de documents internes à Uber, Le Monde a conclu à l’existence d’un “deal” secret entre Uber et Emmanuel Macron quand il était à Bercy. Le quotidien montre aussi que l’ancien lobbyiste en Europe de l’entreprise, à l’époque “conseiller senior du conseil d’administration”, avait contribué en 2016 à lever des fonds pour la campagne du futur président.
La gauche réclame une commission d’enquête parlementaire
Les oppositions ont continué mardi d’accuser le chef de l’État d’avoir défendu les intérêts d’Uber à l’époque où l’entreprise développait son implantation en France, alors que lui-même était ministre de l’Économie de François Hollande (2014-2016).
Le gouvernement a ainsi été interpellé mardi à l’Assemblée sur ce que La France insoumise (LFI) présente comme un “Ubergate” lors de la première séance de questions d’actualité de la législature.
À Danielle Simonnet, députée Nouvelle Union populaire économique et sociale (Nupes)-LFI, qui a qualifié Emmanuel Macron de “VRP en chef d’Uber”, la ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme a répliqué que la nouvelle économie était source de croissance et d’emplois.
“Le ministre de l’Économie a fait son travail. Il a reçu Uber. Il a aussi reçu Netflix, Airbnb, Tesla, plus près de nous Doctolib”, notamment, a dit Olivia Grégoire. “Et pourquoi ? Parce que ces acteurs sont au cœur de l’économie d’aujourd’hui, au cœur de l’économie du XXIe siècle. C’est là que se trouvent la croissance, les emplois”, a-t-elle plaidé. “Le président de la République aujourd’hui, ministre de l’Économie hier, a pris toutes les mesures pour encourager l’arrivée [des plateformes, NDLR] mais aussi la protection de nos consommateurs”, a-t-elle ajouté.
Les formations constituant l’alliance de gauche Nupes vont demander une commission d’enquête parlementaire, a ainsi confirmé le patron du Parti socialiste, Olivier Faure. “Voilà un ministre qui (…) a en douce, en cachette, bâti un deal avec l’entreprise dont tout le monde sait qu’elle a été celle du moins-disant social, qui a été le cheval de Troie de la destruction d’une partie de notre code du travail”, a-t-il critiqué sur LCI.
Le Rassemblement national veut, lui, lancer une mission d’information, a annoncé son président Jordan Bardella, selon qui Emmanuel Macron a été à Bercy “le point d’entrée d’intérêts privés en France”.
Avec AFP et Reuters