Une résolution proposant de prolonger d’un an l’aide transfrontalière à la Syrie sans l’aval de Damas a été bloquée vendredi par un veto de la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU. Moscou réclame une prolongation de six mois seulement, ce que refusent les Occidentaux. Les négociations continuent.
La Russie, isolée, a mis son veto vendredi 8 juillet au Conseil de sécurité de l’ONU à un projet de résolution de la Norvège et de l’Irlande prolongeant d’un an l’autorisation d’aide humanitaire transfrontalière à la Syrie sans l’aval de Damas, Moscou n’acceptant qu’une extension de six mois.
L’autorisation transfrontalière expire dimanche, laissant encore du temps aux 15 membres du Conseil de sécurité pour un accord. Favorables à une prolongation d’un an de l’autorisation, les dix membres non permanents du Conseil de sécurité devraient proposer une extension de neuf mois pour sortir du bras de fer opposant notamment Moscou aux Occidentaux, ont indiqué à l’AFP des diplomates.
“Nous n’abandonnons pas”, a affirmé l’ambassadeur français à l’ONU, Nicolas de Rivière, en indiquant que les négociations se poursuivaient.
Vendredi, la Russie a cependant indiqué qu’elle n’était pas favorable à une durée intermédiaire. “Six mois ne veut pas dire zéro”, a lancé devant des médias l’ambassadeur russe adjoint à l’ONU, Dmitry Polyanskiy. Il a laissé entendre que Moscou n’accepterait aucun autre texte ne reprenant pas six mois.
“Entêtement”
Le dispositif transfrontalier de l’ONU est en vigueur depuis 2014 et vient en aide, via le point de passage de Bab al-Hawa à la frontière syro-turque, à plus de 2,4 millions de personnes dans la région d’Idleb (nord-ouest) sous contrôle de groupes jihadistes et des rebelles. Dans le passé, il est déjà arrivé au Conseil de sécurité de le renouveler pour six mois.
Treize pays sur les quinze du Conseil de sécurité ont voté en faveur du texte de la Norvège et de l’Irlande. La Chine, qui a souvent dans le passé accompagné la Russie dans son utilisation du veto dans le dossier syrien, a choisi cette fois l’abstention, un geste remarqué dans le camp occidental.
“Le projet faisait fi de la souveraineté de Damas”, a dénoncé Dmitry Polyanskiy, en regrettant “l’entêtement” des Occidentaux à vouloir imposer à nouveau un an. Il s’agissait d’un “texte de compromis”, a rétorqué l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield. Six mois sont insuffisants pour une aide sérieuse à la population qui nécessite “un calendrier clair”, a-t-elle ajouté.
Moscou isolé mais clé
Un deuxième vote vendredi du Conseil de sécurité sur le projet concurrent de la Russie, prévoyant six mois de prolongation, a accentué encore davantage l’isolement de Moscou.
Les États-Unis, la France et le Royaume Uni ont voté contre, les dix membres non permanents du Conseil se sont abstenus, le projet russe n’obtenant que deux voix favorables, celles de Moscou et Pékin.
Pour être adopté, un texte doit recueillir au moins neuf voix sur quinze sans vote négatif d’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, France, Royaume Uni, Russie, Chine).
Au nom des dix membres non permanents du Conseil, le Kenya avait annoncé avant les scrutins que ce groupe était “favorable” à une extension de douze mois du dispositif.
Depuis mercredi, les 15 membres du Conseil de sécurité négocient en continu pour tenter de sortir de l’impasse entre les deux durées contradictoires voulues par les Occidentaux et la Russie. De nouvelles consultations à huis clos ont suivi les votes et il était probable qu’elles se poursuivent ce week-end, a indiqué à l’AFP un diplomate requérant l’anonymat.
Ces dernières années, Moscou a utilisé plusieurs fois son droit de veto pour réduire considérablement le dispositif onusien. Son veto, clé dans le dossier syrien, était vendredi le 17e depuis le déclenchement de la guerre en Syrie en 2011.
Ces dernières semaines, des dizaines d’ONG et plusieurs hauts responsables de l’ONU avaient fait pression pour que l’autorisation transfrontalière soit étendue d’un an.
Avec AFP