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Leonidas Iza, le leader indigène qui défie le pouvoir en Équateur

Président de la Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur (Conaie), Leonidas Iza est l’un des hommes politiques autochtones les plus influents d’Amérique latine. À la tête du mouvement de protestation qui paralyse en partie la capitale Quito depuis le 13 juin, le leader anticapitaliste réclame avec obstination l’allégement du coût de la vie pour les communautés rurales.

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Enveloppé dans son éternel poncho rouge, Leonidas Iza est le visage de la mobilisation massive qui accule le président équatorien Guillermo Lasso depuis près de deux semaines. Inflexible et charismatique, le leader indigène impressionne par ses discours enflammés qui galvanisent les manifestants, près de 14 000 hommes et femmes, lances et bâtons à la main, bien décidés à faire plier le gouvernement conservateur.

Soit le chef de l’État accepte de mettre en œuvre les mesures exigées par le mouvement autochtone pour alléger le coût de la vie, soit lui et son peuple resteront à Quito, une ville semi-paralysée depuis plus d’une dizaine de jours.

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“Si le président de la République répond à nos revendications, nous partirons le jour-même”, promettait Leonidas Iza le 13 juin, au début des manifestations. Dans le cas contraire, “nous continuerons le mouvement pour une durée illimitée”.

Têtu et obstiné, le militant est accusé par le gouvernement d’être un “anarchiste”, mais les peuples autochtones voient en lui un défenseur fidèle de leurs causes.  

“Communisme indo-américain”

Le leader indigène s’est fait connaître du grand public en 2019 lors de grandes manifestations anti-austérité en Équateur. Aux côtés de Jaime Vargas Vargas, un autre homme politique autochtone, Leonidas Iza prend la tête en octobre d’un mouvement de protestation contre la décision du président de l’époque Lenin Moreno d’en finir avec les subventions aux carburants.

Son rôle dans les manifestations de 2019 se révèle essentiel. Cet “octobre noir” – comme le surnomment les classes moyennes et supérieures de Quito – est raconté par Leonidas Iza lui-même dans un livre qu’il a coécrit, “Estallido” (“éclat”). L’ouvrage est un plaidoyer anticapitaliste prônant un “communisme indo-américain”.

Ses références sont Dolores Cacuango et Transito Amaguaña, pionniers de la lutte pour les droits des indigènes au milieu du XXe siècle. Il cite également volontiers les grands penseurs de la gauche latino-américaine comme Eduardo Galeano, écrivain et journaliste uruguayen, auteur des “Veines ouvertes de l’Amérique latine”, réquisitoire contre l’exploitation du sous-continent depuis l’arrivée des premiers colons espagnols.

Origines modestes et militantisme

Né en 1982 dans la communauté de San Ignacio, dans la province de Cotopaxi, Leonidas Iza, 39 ans, est un Kichwa du peuple Panzaleo, originaire du cœur des Andes équatoriennes. Issu d’une famille modeste, il est le seul d’une fratrie de huit enfants à étudier à l’université, où il suit des cours d’agronomie.

Dès l’adolescence, il s’engage dans le mouvement pour les droits des autochtones. Un naturel frondeur dont il a hérité. “Ma mère, Rosa Elvira [Salazar], avait un esprit rebelle”, a-t-il ainsi confié dans une interview. “Elle était toujours dans les actions communautaires, dans les mobilisations.” Quant à son père, il dit qu’il lui a transmis une “honnêteté à toute épreuve”.

Le militantisme est la force motrice de Leonidas Iza, dont l’épouse est enseignante dans une école communautaire. Il a longtemps été membre d’organisations et associations liées à l’Église catholique, avant de diriger l’Union des organisations paysannes du Nord Cotopaxi (Unocan). 

À la tête du Mouvement indigène et paysan de Cotopaxi (Micc), il candidate en 2021, avec deux autres Kichwas, à la présidence de la Confédération des nationalités indigènes (Conaie), fer de lance des manifestations et la plus grande organisation de peuples indigènes du pays.

“Défenseur des campagnes”

Après les manifestations de 2019, son nom est mentionné comme possible candidat du parti indigène Pachakutik à la présidence de l’Équateur. Le candidat à la présidentielle de 2021 sera finalement Yaku Pérez, arrivé troisième au premier tour avec 19,39 % des voix, et éliminé de justesse par le candidat Lasso (19,74 %).

Le puissant mouvement indigène équatorien, qui représente un million des 17,7 millions d’habitants du pays, a ainsi frôlé le pouvoir, contribuant sans doute à la frustration politique des indigènes du pays.

Dans une récente interview à l’AFP, Leonidas Iza, qui se pose en “défenseur des campagnes”, affirme qu'”ils [le gouvernement] sont en train de casser les agriculteurs” et propose de réduire les projets pétroliers pour faire de l’Équateur une puissance agricole.

>> À voir et à lire sur France 24 : Équateur : un “Toxic Tour” pour sensibiliser aux dégâts causés par la compagnie pétrolière Chevron

Le leader indigène et ses soutiens réclament aujourd’hui la réduction des prix du carburant, la renégociation des prêts bancaires accordés aux paysans ou encore le contrôle des prix des produits agricoles.

Mais, au-delà de ces revendications en faveur d’un allégement du coût de la vie pour des communautés rurales durement frappées par l’inflation, Leonidas Iza veut redonner aux peuples indigènes le pouvoir des temps passés, lorsque, par leurs soulèvements populaires, ils renversaient les présidents. Entre 1997 et 2005, trois chefs de l’État équatorien ont été contraints de démissionner sous la pression des organisations autochtones.

Avec AFP

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