Le 17 novembre 2018, des hommes et des femmes se réunissaient pour la première fois partout en France, pour protester contre la vie chère. Leur signe de reconnaissance : un gilet jaune. Des mois de contestation sociale intense contre le gouvernement d’Emmanuel Macron donneront à ce mouvement un caractère inédit, tant par sa durée, que par sa forme. Les manifestations sont violentes, la répression des forces de l’ordre sévère. Près de quatre ans après, ceux qui ont participé au mouvement racontent comment cette lutte a bouleversé leur vie.
Le mouvement des Gilets jaunes n’a jamais eu de hiérarchie ou de représentant officiel, mais certains ont parfois été désigné comme porte-parole. C’est le cas de Priscillia Ludosky. Après sa pétition contre la taxe carbone, elle est, avec quelques autres, à l’origine de la première mobilisation, le 17 novembre 2018.
Cette Gilet jaune de la première heure veut aujourd’hui institutionnaliser son engagement. Elle participe à un programme créé par des personnalités du monde associatif, l’Académie des Futurs Leaders. L’objectif est de se former à la politique pour se présenter à terme à une élection. Priscillia a longtemps hésité à se lancer dans cette voie “parce qu’elle ne fait pas confiance à la machine, ni au système”. Mais elle a désormais l’impression “qu’on n’y arrive pas autrement”. Un avis, d’après elle, partagé par de plus en plus de Gilets jaunes, que les mobilisations chaque samedi et “la non-réponse politique” ont épuisé.
Alexandre Barot aussi a participé à la plupart des Actes – nom donné aux manifestations des Gilets jaunes, tant à Paris que dans le reste du pays. Convaincu de la nécessité d’utiliser la violence pour se faire entendre, il a fait partie de ceux qu’on a appelés “les casseurs”. Il l’a payé cher, puisqu’il a fait deux séjours de trois mois en prison, dont un en quartier disciplinaire.
Une vie bouleversée, qui ne l’empêche pas de poursuivre son engagement aujourd’hui, avec la petite communauté de Gilets jaunes qui continue de se réunir sur le rond-point de l’Espérance à Lisieux, en Normandie.
La vie d’Hedi Barini aussi a changé du tout au tout. Le 1er décembre 2018, alors qu’il assiste pacifiquement à la manifestation qui se tient devant la préfecture du Puy-en-Velay, en Auvergne, il est gravement blessé à l’œil par une grenade de désencerclement lancée par un gendarme.
Près de quatre années plus tard, il poursuit sa reconstruction. Celui qui n’était pas tellement militant avant le mouvement est devenu très engagé contre les violences policières. Comme la majorité des 30 personnes éborgnées lors de ce mouvement social, il a porté plainte sans succès. Aujourd’hui, il fait appel de ce classement sans suite et tente d’obtenir enfin un statut de victime.
Réalisatrice : Julia Guggenheim
Cadre : Cécile Khindria, Thibault Jeanpierre
Monteur : Sébastien Eppinger
Rédacteur en chef : Olivier Ponthus
Mix : Planimonteur – Maxime Scheidecker
Production : Yemaya Productions – Léa Sansonetti, Nelly Mabillat