Le Sénat a de nouveau tancé les autorités publiques jeudi après le fiasco du Stade de France en dénonçant “une impréparation en amont” et continuant d’essayer de comprendre “la faute grave” de la destruction des images de vidéosurveillance de cette soirée chaotique.
Après une visite au Stade de France, la délégation sénatoriale examinant les incidents survenus lors de la finale de la Ligue des champions a dénoncé, jeudi 16 juin, “l’impréparation” des autorités publiques et qualifié de “faute grave” la non-conservation des images de vidéosurveillance.
Cette délégation a pris le chemin du Stade de France jeudi après-midi, en particulier pour y visiter le PC sécurité. Elle a ensuite fait “un point d’étape” sur ce fiasco ayant dégradé l’image de la France organisatrice de grands événements sportifs à deux ans des Jeux olympiques (JO) – et créé une polémique virulente entre la France et l’Angleterre.
“Impréparation en amont, manque de réactivité pendant et gestion critiquable après” : le président de la commission de la Culture, Laurent Lafon (centriste), a ainsi résumé l’échec de cette soirée ayant vu des spectateurs sans billets escaladant les grilles, des supporters et familles aspergés de gaz lacrymogène et d’autres victimes de vols ou d’agressions.
Quelques heures plus tôt, au Palais du Luxembourg cette fois, le délégué interministériel aux grands événements sportifs et aux JO, Michel Cadot assurait pour sa part que la préparation avait été “sérieuse”, faisant valoir un “travail dense”. Il a remis la semaine dernière un rapport détaillant les dysfonctionnements divers qui se sont accumulés au cours de cette soirée.
“Une dilution des responsabilités”
Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, avait reconnu devant les sénateurs le 9 juin dernier “un échec” et des “chiffres imprécis”. Auditionné auparavant, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait maintenu sa version, très critiquée, imputant le seul fiasco aux “35 000” supporters munis de billets falsifiés ou sans billet.
Petit à petit, le tableau de la soirée du 28 mai se dessine, dans l’attente d’autres auditions la semaine prochaine, en particulier celles des supporters du Real Madrid et de Liverpool.
Mais pour Laurent Lafon, “tout cela donne l’impression qu’il n’y a pas de responsable et puisqu’il n’y a pas de responsable, il n’y a pas de coupable”, évoquant “une dilution des responsabilités”. Et tout n’est pas encore éclairci.
La non-conversation des images est “une faute grave”
Pour le président de la commission des Lois, Jean-Noël Buffet (LR), le fait que les images de vidéosurveillance n’aient pas été conservées constitue “une faute grave”. Si les images vidéo émanant des transports publics ou de la préfecture de police ont été conservées, celles prises par le gestionnaire du Stade de France ont été supprimées automatiquement au bout de sept jours.
Malgré la présence d’un officier de police judiciaire et aussi, “semble-t-il, d’un substitut du Procureur” comme il est “d’usage” lors d’un grand événement, au PC sécurité du Stade de France, ces images n’ont pas été conservées, a-t-il expliqué.
Interrogé sur l’hypothèse que cette non conservation ait pu avoir pour but de “cacher” des éléments, Jean-Noël Buffet a répondu : “Non, je ne peux pas dire ça”. “Ce qui interpelle, c’est que personne n’ait eu la lucidité de dire ‘on conserve ces images'”, a-t-il dit, précisant auprès de l’AFP qu’il allait interroger “la Chancellerie” à ce sujet.
Questionné sur la destruction automatique de ces images, Michel Cadot avait renvoyé jeudi matin vers le parquet, en capacité de faire des réquisitions. “Je peux comprendre que le citoyen ait un petit peu de peine à considérer que c’est simplement une forme d’automaticité qui est intervenue dans cette affaire-là”, a-t-il commenté, profitant de l’audition pour plaider, en vue des JO, pour l’adaptation d’un système de détection des mouvements de foule.
Le Sénat, qui souhaiterait aussi auditionner l’UEFA mais n’a pas encore reçu de réponse, n’a “pas terminé son travail”. “Viendra le temps de clarifier aussi le problème des faux billets, une information judiciaire est en cours, qui n’est peut-être pas le fait majeur” de cette soirée comme cela a été martelé lors des premiers jours, a encore expliqué Jean-Noël Buffet. Le sénateur attend “une réponse rapide” de l’État.
Avec AFP