La Réserve fédérale américaine a relevé mercredi son principal taux d’intérêt de trois quarts de point, sa plus forte hausse depuis 1994, pour tenter de juguler une inflation au plus haut depuis plus de 40 ans. Elle dit s’attendre à un ralentissement de l’économie et à une remontée du chômage dans les mois à venir.
La banque centrale américaine (Fed) a relevé, mercredi 15 juin ses taux directeurs de trois quarts de points de pourcentage, soit la plus forte hausse depuis 1994, pour tenter de contrôler une inflation plus forte qu’escompté.
“L’inflation reste élevée, reflétant des déséquilibres entre l’offre et la demande liés à la pandémie, à la hausse des prix de l’énergie et à des pressions plus larges sur les prix”, a déclaré la Fed dans le communiqué publié à l’issue de deux jours. “Le Comité est fortement déterminé à ramener l’inflation à son objectif de 2 %”.
“L’activité économique générale a rebondi”
Parallèlement, elle anticipe une croissance économique moins forte que prévu cette année aux États-Unis, à 1,7 %, contre 2,8 % précédemment. Elle s’attend par ailleurs à ce que le taux de chômage soit plus élevé que prévu à 3,7 % en fin d’année, contre 3,5 % auparavant, puis de 4,1 % d’ici 2024, soit un niveau supérieur à celui que la banque centrale considère comme correspondant au plein emploi.
Cette forte hausse des taux avait été mise sur la table il y a quelques jours seulement, alors que la Fed anticipait auparavant une hausse d’un demi-point de pourcentage, comme lors de sa réunion de début mai, ce qui était déjà le relèvement le plus rapide depuis 2000.
Mais les chiffres de l’inflation en mai, publiés vendredi, ont fait l’effet d’une douche froide : la hausse des prix n’a pas ralenti, comme cela avait été le cas en avril. Elle a même atteint un nouveau record en 40 ans, à 8,6 % sur un an.
“L’activité économique générale a rebondi”, après s’être contractée au premier trimestre, note la Fed, citant “des gains d’emplois robustes ces derniers mois et un taux de chômage restant à un faible niveau”.
L’institution rappelle que l’invasion en Ukraine et les sanctions ont créé “des pressions supplémentaires à la hausse sur l’inflation et pèsent sur l’activité économique mondiale”.
De plus, les confinements en Chine ont exacerbé les problèmes sur les chaînes d’approvisionnement. Tout ceci ralentit l’économie américaine.
Un manque d’anticipation de la hausse des prix
Contrôler l’inflation sans faire plonger la première économie du monde en récession s’avère particulièrement délicat.
La Fed se démène d’autant plus pour juguler l’inflation que sa crédibilité est en jeu. Ses responsables ont affirmé pendant des mois que cette hausse des prix ne serait que temporaire, et ont par conséquent commencé seulement en mars à resserrer la vis.
“Avec le recul, (…) il aurait sans doute mieux valu relever les taux plus tôt”, avait reconnu Jerome Powell le mois dernier, lors d’une interview au Wall Street Journal.
La ministre de l’Économie et des Finances de Joe Biden, Janet Yellen, avait elle aussi reconnu ne pas avoir anticipé une telle hausse des prix.
La Fed est indépendante du gouvernement fédéral, mais Jerome Powell a récemment été reçu par Joe Biden à la Maison-Blanche, avec Janet Yellen, pour une rare entrevue dédiée à l’inflation.
La forte inflation partout dans le monde, et ses effets sur les marchés, inquiètent au point que la Banque centrale européenne (BCE) a tenu mercredi une réunion extraordinaire, à l’issue de laquelle elle a promis d’agir pour calmer les tensions sur la dette souveraine. La semaine passée, elle avait annoncé qu’elle commencerait en juillet à relever ses taux.
Avec AFP et Reuters