Des échanges “francs” après plusieurs jours tendus : les conseillers en sécurité et en diplomatie de la Chine et des États-Unis se sont entretenus lundi lors d’une réunion au Luxembourg, durant laquelle la question de Taïwan a été abordée. Aucun compromis n’a été annoncé.
Après plusieurs jours de tensions, notamment sur Taïwan, les échanges ont été “francs”, selon Pékin et Washington : les principaux conseillers en sécurité et diplomatie de la Chine et des États-Unis se sont longuement entretenus lundi 13 juin.
Le ton a baissé d’un cran lors de la réunion au Luxembourg par rapport à la semaine dernière, lorsque le ministre chinois de la Défense a averti que son pays n’hésiterait pas à déclencher une guerre à propos de Taïwan, tandis que son homologue américain critiquait les activités militaires “provocatrices et déstabilisantes” de Pékin.
Jake Sullivan, principal conseiller diplomatique du président américain, Joe Biden, et Yang Jiechi, qui occupe la même fonction auprès du président chinois, Xi Jinping, n’ont cependant pas annoncé de compromis sur leurs principaux points de désaccord, comme Taïwan, que la Chine considère comme partie intégrante de son territoire et entend reprendre un jour, par la force si nécessaire.
“La question de Taïwan touche au fondement politique des relations sino-américaines et, si elle n’est pas traitée correctement, aura un impact préjudiciable”, a déclaré Yang Jiechi, cité par l’agence de presse officielle Chine nouvelle, exhortant les États-Unis à éviter les “mauvais jugements” et les “illusions” sur ce sujet.
Le conseiller de Joe Biden a, lui, “répété notre position de longue date sur une Chine unique ainsi que nos positions et préoccupations concernant les actions coercitives et agressives de Pékin dans le détroit de Taïwan”, selon un communiqué de la Maison blanche.
Les tensions à propos de Taïwan n’ont cessé de monter ces derniers mois, avec notamment la multiplication des incursions d’avions militaires chinois dans la zone d’identification de défense aérienne (Adiz) de l’île.
Le président américain avait récemment semblé remettre en cause ce délicat équilibre diplomatique en assurant que les États-Unis défendraient militairement l’île autonome si Pékin l’envahissait.
Politique “d’ambiguité stratégique”
Jake Sullivan a réaffirmé la politique dite “d’ambiguïté stratégique” par laquelle les États-Unis reconnaissent diplomatiquement la Chine communiste, mais soutiennent militairement Taïwan dans le même temps.
L’entretien à Luxembourg entre Jake Sullivan et Yang Jiechi, qui avaient échangé par téléphone le 18 mai, a duré quatre heures et demie, selon une haute responsable de l’exécutif américain.
La relation entre Pékin et Washington s’est détériorée ces dernières années, les deux grandes puissances s’affrontant dans plusieurs domaines, comme le commerce international, les droits de l’Homme et, plus dernièrement, la guerre en Ukraine.
Dans un communiqué, la Maison Blanche a évoqué un échange “franc” et “productif”, lors duquel Jake Sullivan a “souligné l’importance de maintenir des lignes de communication ouvertes”.
L’agence de presse officielle Chine nouvelle a aussi qualifié l’entretien de “franc, approfondi et constructif”.
Yang Jiechi a accepté de maintenir le dialogue, mais a clairement indiqué que Pékin n’allait pas modifier ses lignes rouges.
“Depuis un certain temps […], la partie américaine insiste pour contenir et refouler davantage la Chine de manière globale”, a-t-il déclaré, selon Chine nouvelle. Mais Pékin refuse de “définir les relations bilatérales par la concurrence”.
Selon le compte rendu de l’agence de presse, Yang Jiechi “a également exposé la position solennelle de la Chine sur les questions concernant le Xinjiang, Hong Kong, le Tibet, la mer de Chine méridionale, ainsi que les droits de l’Homme et la religion”.
Sur ces sujets, la Chine, qui est la cible de condamnations internationales, répète qu’elle ne tolèrerait aucune ingérence dans ses affaires intérieures.
Les États-Unis et leurs alliés occidentaux mettent régulièrement en garde Pékin contre ses prétentions navales dans la mer de Chine méridionale, où la Chine dispute la souveraineté de certaines zones aux Philippines, Brunei, la Malaisie, Taïwan et le Vietnam.
Les relations sino-américaines sont entrées dans de fortes turbulences sous le précédent président américain Donald Trump, qui a enclenché une guerre économique pour répondre à ce qu’il considérait comme des pratiques commerciales abusives de Pékin.
Joe Biden a déclaré qu’il envisageait de lever certains droits de douane afin de tenter de désamorcer l’inflation galopante dans son pays.
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Avec AFP