En Irak, les élus sadristes, qui représentent la plus grande force parlementaire, ont démissionné dimanche. Depuis les législatives d’octobre 2021, le pays est dans une impasse. Faute de majorité absolue, l’Irak n’a toujours pas de président et de gouvernement.
Les 73 députés du courant du leader chiite Moqtada Sadr, plus importante formation à l’Assemblée d’Irak, ont présenté, dimanche 12 juin, leur démission. Ce geste est destiné à faire pression pour qu’avance la formation du gouvernement en panne depuis les législatives de 2021.
“Nous avons accepté à contrecœur les demandes de nos frères et sœurs, représentants du bloc sadriste, de démissionner”, a annoncé le président du Parlement, Mohammed al-Halboussi, sur Twitter après avoir reçu les lettres de démission des 73 élus de Moqtada al-Sadr qui avait lui-même réclamé ce geste collectif jeudi de la part de ses députés.
Un “sacrifice pour le pays et le peuple”
Dans un communiqué manuscrit, Moqtada al-Sadr, qui s’affiche comme un opposant à toute ingérence étrangère en Irak, que ce soit des États-Unis ou de l’Iran, a qualifié cette décision de “sacrifice pour le pays et le peuple”.
Le bloc sadriste a remporté, avec 73 élus sur 329, le plus grand nombre de sièges au Conseil des représentants lors des dernières législatives, et renforcé sa présence au Parlement.
Mais les désaccords entre partis ont jusqu’ici bloqué l’élection d’un président et la formation d’un gouvernement.
Les services du Parlement n’étaient pas disponibles dans la soirée pour commenter les implications constitutionnelles de cette décision.
Mais selon le politologue irakien Hamzeh Haddad “le Parlement doit encore entériner” ces démissions “à la majorité absolue” pour qu’elles deviennent effectives. Or, les vacances parlementaires ont débuté jeudi et les élus ne doivent retrouver l’hémicycle qu’au mois d’août.
Impasse politique
Ce soubresaut vient toutefois souligner l’impasse politique totale dans laquelle se trouve l’Irak, où, depuis 2003 et la chute du président Saddam Hussein, les tractations entre partis en vue de former un gouvernement et de nommer un Premier ministre jouent les prolongations.
Depuis les législatives anticipées d’octobre 2021, desquelles le mouvement sadriste est ressorti grand gagnant, les deux pôles du chiisme politique – celui de Moqtada Sadr et les pro-Iran du Cadre de coordination – continuent à revendiquer une majorité au Parlement et le droit de nommer le Premier ministre.
Moqtada Sadr, allié à des forces sunnites et kurdes, entend briser la tradition qui prévalait et qui voulait que toutes les forces chiites soient parties prenantes dans un “gouvernement de consensus”. Le clerc chiite veut un “gouvernement majoritaire” qui repousserait dans l’opposition ses adversaires du Cadre de coordination.
Il n’y est pas parvenu jusqu’à aujourd’hui et, en signe de protestation, a lui-même affirmé récemment que ses députes siégeaient “dans l’opposition”, laissant au Cadre de coordination l’apanage de la formation d’un gouvernement. Le Cadre de coordination compte notamment l’Alliance de la Conquête, vitrine politique des anciens paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi. Il rassemble 83 élus.
Faute de majorité claire et de consensus, le Parlement a échoué par trois fois depuis le début de l’année à organiser l’élection du président de la République, première étape avant la désignation du Premier ministre et la formation du gouvernement.
Avec Reuters et AFP