Chaque année, la mer monte sur les côtes de Singapour, petit État insulaire entre la Malaisie et l’Indonésie. Pour lutter contre ce phénomène lié au réchauffement climatique, le gouvernement a créé une unité spéciale d’une quarantaine de scientifiques spécialisés. Reportage.
Un tout petit État entouré de mers et l’un des territoires les plus en danger face à la montée des eaux. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le niveau de la mer pourrait monter de plus d’un mètre à l’échelle du globe d’ici à 2100 – une conséquence directe du réchauffement climatique. Face à ce phénomène, Singapour, petit État insulaire de 6 millions d’habitants entre la Malaisie et l’Indonésie est en première ligne.
“Dans un scénario où les émissions de CO2 restent élevées, l’eau pourrait monter d’environ 90 cm”, explique Jędrzej Majewski, chercheur à l’Observatoire de la Terre de Singapour. Selon ces prévisions, les eaux pourraient donc bientôt engloutir les monuments iconiques de cet État en grande partie construit sur la mer.
Plus inquiétant encore : jumelée à des pluies torrentielles en période de marée haute, la montée des eaux favorise un autre phénomène dévastateur, les “crues subites”.
Murs dans la mer, barrages, écluses…
Alors, depuis 2019, pour lutter contre la montée des eaux, le gouvernement singapourien a décidé de faire de la lutte contre le réchauffement climatique l’une de ses priorités. Son budget climatique est ainsi évalué à 70 milliards d’euros pour les cinquante à cent prochaines années.
“Pour nous, la protection des côtes est une question existentielle. Environ 30 % des terres de Singapour sont à moins de cinq mètres au-dessus du niveau de la mer”, explique Ho Chai Teck, directeur adjoint du département de la protection des côtes. Au total, un tiers des terres du pays sont menacées d’inondation.
“Les différentes solutions que nous avons mises en place comprennent des murs dans les mers, des barrières de protection, des barrages, des écluses pour les marées”, détaille-t-il. Le gouvernement a aussi rehaussé d’un mètre le niveau minimum du rez-de-chaussée des nombreux immeubles construits sur la mer.