La Chine a envoyé dimanche trois nouveaux taïkonautes à destination de sa station spatiale en cours de construction. Lors de son séjour de six mois, l’équipage sera notamment chargé d’agrandir de façon significative ce “Palais céleste”.
“Nouvelle étape” pour la Chine dans la conquête spatiale : trois taïkonautes ont décollé dimanche 5 juin à destination du “Palais céleste”, la station que Pékin construit en orbite et qui devrait désormais être occupée en permanence.
Le vaisseau de leur mission Shenzhou-14 a été propulsé par une fusée Longue-Marche 2F, qui a décollé à 10 h 44 locales (2 h 44 GMT) du centre de lancement de Jiuquan, dans le désert de Gobi, situé dans le nord-ouest du pays. La télévision publique CCTV a diffusé en direct des images du lancement.
Un quart d’heure plus tard, un responsable de l’agence spatiale chargée des vols habités a annoncé le “succès” du lancement. Comme l’équipage précédent de la mission Shenzhou-13, rentré mi-avril, les trois taïkonautes devraient rester environ six mois dans la station spatiale.
Nommée en chinois Tiangong (“Palais céleste”), cette station devrait être pleinement opérationnelle d’ici la fin de l’année. L’équipage comprend notamment Liu Yang, 43 ans, qui fut la première femme chinoise dans l’espace, en 2012.
Principal défi pour l’équipage de Shenzhou-14 : la réception et l’installation de deux nouveaux modules-laboratoires, qui viendront s’amarrer à la station. Ils seront lancés depuis la Terre en juillet et octobre. Ces derniers viendront considérablement agrandir le volume et l’envergure de la station spatiale.
Vers une présence permanente dans l’espace
Ces procédures cruciales devront être réalisées en coordination avec les ingénieurs sur Terre. “La Chine n’a jamais réalisé une opération aussi complexe auparavant, qui n’a eu lieu que sur Mir et la Station spatiale internationale (ISS). Ce sera un vrai test pour l’équipage et le matériel”, souligne Chen Lan.
Une fois ces modules-laboratoires installés, la structure générale de la station aura son aspect final, en forme de T. Elle sera alors semblable en taille à l’ancienne station russo-soviétique Mir. Sa durée de vie devrait être d’au moins dix ans, voire de quinze ans.
L’équipage de Shenzhou-14 effectuera aussi des sorties dans l’espace, mènera une série d’expériences et assurera la maintenance de Tiangong.
Nouveauté de cette mission : pour la première fois, deux équipages chinois se passeront le relais en orbite dans la station.
Vers la fin de leur séjour, avant de retourner sur Terre, les trois taïkonautes de Shenzhou-14 vivront en effet quelques jours en orbite avec leurs trois collègues de la future mission Shenzhou-15. “Avec Shenzhou-14, les vols spatiaux habités chinois passent une nouvelle étape” avec “le début de l’occupation permanente de la station”, déclare à l’AFP Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l’astrophysique, aux États-Unis. “En d’autres termes, à partir de maintenant, le but, c’est qu’il y ait toujours des astronautes chinois dans l’espace.”
Un projet spatial ambitieux
La Chine a été poussée à construire sa propre station en raison de son exclusion de l’ISS, car les États-Unis interdisent à la Nasa toute collaboration avec Pékin. Le géant asiatique investit depuis quelques décennies des milliards d’euros dans son programme spatial.
La Chine a envoyé son premier taïkonaute dans l’espace en 2003. Depuis, elle a réalisé quelques prouesses remarquées, notamment ces dernières années. Elle a posé début 2019 un engin sur la face cachée de la Lune, une première mondiale. En 2020, elle a rapporté des échantillons de Lune et finalisé Beidou, son système de navigation par satellite, concurrent du GPS américain.
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En 2021, elle a fait atterrir un petit robot sur Mars, et elle prévoit désormais d’envoyer des hommes sur la Lune à l’horizon 2030. À plus long terme, la Chine envisage de proposer du tourisme spatial, a déclaré en mars Zhou Jianping, le chef d’orchestre du programme habité chinois.
Avec AFP