Sheryl Sandberg, numéro deux de Meta (Facebook), a annoncé mercredi sa démission, après 14 ans dans l’entreprise. Elle a fait d’un réseau social populaire une machine publicitaire, symbole des grandes plateformes Internet et de leur modèle économique controversé.
Facebook perd sa numéro 2. “Après 14 ans, je vais quitter Meta”, a déclaré sur le réseau social, mercredi 1er juin, Sheryl Sandberg, la directrice des opérations, égérie de la Silicon Valley, qui va néanmoins rester au Conseil d’administration.
Elle a assuré que ces années “aux côtés de Mark” Zuckerberg, le patron et fondateur de la société, ont été “l’honneur et le privilège d’une vie”, alors que le groupe californien est largement critiqué par les politiques et la société civile pour ses pratiques, de la récolte des données personnelles à la modération des contenus.
“C’est la fin d’une ère”, a commenté le milliardaire sur son profil. Il a rappelé qu’en 2008, quand il a embauché Sheryl Sandberg, il n’avait que 23 ans et ne savait “rien sur la gouvernance des entreprises”.
Elle en avait 38, et une carrière au sein d’organisations prestigieuses, de la Banque mondiale au groupe de consultants McKinsey. Elle était aussi passée par le Trésor américain comme directrice du personnel et Google comme vice-présidente chargée des ventes à l’international et des opérations.
Javier Olivan, nouveau directeur des opérations
“Sheryl a conçu l’architecture de nos activités publicitaires, recruté des personnes formidables, façonné notre culture d’entreprise et m’a appris comment diriger une société”, a écrit Mark Zuckerberg. “Elle a créé des opportunités pour des millions de personnes dans le monde et c’est en grande partie grâce à elle que Meta est devenu le groupe qu’il est aujourd’hui.”
Après s’être imposé comme le principal réseau social mondial dans les années 2000, Facebook s’est étendu et a acquis d’autres services, comme Instagram, WhatsApp et Oculus, pour rester incontournable.
Fort de ses quelque 3,6 milliards d’utilisateurs mensuels (personnes qui utilisent une de ses plateformes au moins une fois par mois), Meta vaut aujourd’hui plus de 500 milliards de dollars.
Un porte-parole a déclaré à l’AFP que Javier Olivan serait le nouveau directeur des opérations, mais Mark Zuckerberg a précisé qu’il ne compte pas remplacer le poste de Sheryl Sandberg tel quel. “Je pense que Meta a atteint le stade où il est logique pour notre produit et nos différentes activités d’être plus intégrés entre eux”, a-t-il indiqué.
“Ça n’a pas été facile”
Fin 2021, le fondateur a rebaptisé la maison mère “Meta”, pour marquer le tournant vers le métavers, cet univers parallèle accessible en réalités augmentée et virtuelle. Mais son modèle économique reste fondé sur la publicité ciblée à très grande échelle, et donc sur l’attention et les données des usagers.
Il suscite controverse après controverse depuis 2016. Et de nombreuses autorités l’accusent d’abus de position dominante, comme son voisin Google, leader mondial de la publicité numérique.
“Le débat autour des réseaux sociaux n’a plus rien à voir avec les débuts”, a remarqué Sheryl Sandberg dans son long message, où elle revient sur les grandes étapes de ses quatorze ans chez Facebook. “Dire que ça n’a pas toujours été facile est un euphémisme. Mais c’est normal que ce soit difficile. Nos produits ont un impact immense, donc nous avons la responsabilité de les concevoir d’une façon qui protège la vie privée et la sécurité des personnes.”
Sheryl Sandberg est aussi connue pour ses bestsellers, un livre sur son veuvage et “En avant toutes”, sur les moyens pour une femme d’allier réussite personnelle et carrière professionnelle. Mais elle avait été très critiquée pour s’être mise en avant alors que sa fortune lui permettait largement d’échapper aux tracas de veuves moins bien loties financièrement ou aux innombrables obstacles que rencontrent les femmes.
Avec AFP