Des problèmes de sécurité liés à l’accès des supporteurs au Stade de France ont retardé d’au moins trente minutes le coup d’envoi de la finale de la Ligue des champions entre Liverpool et le Real Madrid, samedi. Le coup d’envoi a été décalé à 21 h 30.
Chaos et frustrations. Le coup d’envoi de la finale de Ligue des champions Liverpool-Real Madrid, prévu initialement à 21 heures, a été retardé à 21 h 36 en raison d’un problème de sécurité aux abords du stade.
L’UEFA blâme un problème de faux billets
“À l’approche du coup d’envoi du match, les tourniquets [pour entrer au Stade de France] du côté des tribunes réservées à Liverpool ont été bloqués par des milliers de spectateurs qui ont acheté des faux billets qui ne fonctionnaient pas”, a expliqué l’UEFA dans un communiqué. “Cela a créé une accumulation de spectateurs qui essayaient de rentrer dans le stade et en conséquence, il a fallu retarder de 35 minutes le coup d’envoi pour permettre à un maximum de spectateurs munis de billets valables d’entrer dans le stade”, poursuit le communiqué.
“Comme le nombre de personnes en dehors du stade continuait à augmenter après le coup d’envoi, la police a dû faire usage de gaz lacrymogènes pour les disperser”, a expliqué l’UEFA qui a précisé qu’elle procéderait “urgemment” à un audit de ce qui s’est passé avec la police et les autorités françaises, ainsi qu’avec la Fédération française de football (FFF).
La finale 2022 de la Ligue des champions, remportée par le Real Madrid 1 à 0 face à Liverpool, a été marquée par des scènes de chaos, avec de longues files d’attente, des spectateurs criant leur colère et d’autres tentant d’escalader les grilles entourant le Stade de France. De son côté, le club de Liverpool a demandé l’ouverture d’une enquête.
“Nous sommes extrêmement déçus des problèmes d’accès et des violations du périmètre de sécurité qu’ont subis les supporteurs de Liverpool”, a expliqué le club anglais dans un communiqué. “C’est le plus grand match dans le football européen et les supporteurs ne devraient pas avoir à vivre le genre de scène dont nous avons été témoins ce [samedi] soir. Nous avons officiellement demandé une enquête pour déterminer les causes de ces problèmes inacceptables.”
Une source policière a de son côté indiqué à l’AFP que les autorités françaises avaient dès le départ alerté sur la difficulté de gérer plusieurs milliers de supporteurs sans billet.
Face à cette situation, indique cette source, “nous avons fait une communication incitative” en appelant les spectateurs avec billet à venir au stade dès 18 heures pour éviter les mouvements de foule, et éviter “que des supporteurs avec billet restent à l’extérieur”.
“Il y a eu des bousculades, des mouvements de foule, nous avons apporté des réponses en terme de sécurité […]. Nous avons renforcé la sécurité à l’intérieur du stade”, souligne-t-elle.
Un autre source policière a estimé pour sa part qu’il était “un peu facile” de critiquer la police, alors que celle-ci a pointé du doigt dès le début la difficulté que pouvait représenter de canaliser autant de supporteurs sans billet.
Une ambiance festive puis la tension
Tout avait pourtant débuté dans une ambiance festive et très bon enfant, sous le grand soleil d’un Paris printanier : habillés des maillots des “Reds” ou de tuniques blanches madrilènes, des dizaines de milliers de supporteurs déferlaient tranquillement dans la capitale française, invités à rejoindre des “fan-zones” distinctes.
Mais à moins d’une demi-heure du début du match, l’ambiance s’est tendue quand au moins un millier de supporteurs ont été ralentis avant de pouvoir entrer, contenus par les gendarmes. Énervés, ils criaient “Open the gate (“ouvrez le portail”), alors que les supporteurs ne pouvaient passer qu’un à un.
Puis de véritables intrusions ont mis à mal le dispositif.
“La police intervient pour repousser les tentatives d’intrusions dans le stade”, reconnaissait la Préfecture de police de Paris vers 21h15. Des gaz lacrymogènes commençaient à être lancés pour empêcher quelques dizaines de jeunes d’escalader agilement les barrières, a constaté une journaliste de l’AFP.
“C’est très mal organisé”
Agents de sécurité et gendarmes se lançaient à leur poursuite, pour les faire aussitôt ressortir. “C’est très mal organisé”, lâchait anonymement un agent de sécurité.
Ce jeu du chat et de la souris s’est poursuivi, même une fois le match commencé. Et peu avant 22 heures, les forces de l’ordre ont dû charger, en faisant usage de gaz lacrymogènes, provoquant un mouvement de foule.
“Ce sont des personnes qui essaient de rentrer dans le stade et de voler des places”, a expliqué anonymement à l’AFP un policier municipal.
De quoi mettre en colère des supporteurs de Liverpool, restés dehors, bien que munis de billets : “Nous étions ici deux heures avant le début du match, nous n’avons aucune idée de pourquoi nous étions bloqués. Je suis sérieusement agacé, mais nous avons gardé notre sang-froid”, raconte l’un d’eux à l’AFP, pendant qu’un autre “fan” de Liverpool se plaignait que “des Français essaient d’entrer”.
La finale initialement prévue à Saint-Pétersbourg avait été délocalisée au Stade de France, à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février. Mais les autorités n’ont bénéficié que de trois mois pour préparer l’événement au lieu de dix-huit, délai prévu dans le cahier des charges de l’UEFA.
Avec AFP