Pour la première fois depuis l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul, le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, entame une tournée dans le royaume d’Arabie saoudite. Une visite dont le but est d'”ouvrir une nouvelle ère” dans les relations turco-saoudiennes.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est arrivé, jeudi 28 avril, en Arabie saoudite. Il s’agit de sa première visite depuis l’assassinat macabre à Istanbul du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018. Cette affaire avait refroidi les liens entre les deux puissances régionales rivales.
Recep Tayyip Erdogan doit notamment s’entretenir avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Sa visite intervient au moment où la Turquie fait face à une grave crise économique. La livre turque a vu sa valeur fondre de 44 % face au dollar en 2021, faisant s’envoler l’inflation à 61,1 % sur un an en mars.
Cette situation a poussé le chef de l’État turc à adoucir ses liens avec d’anciens rivaux, comme l’Égypte et Israël, et surtout les riches monarchies pétrolières du Golfe, dont l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Avant son départ d’Istanbul, Recep Tayyip Erdogan a dit espérer que cette visite allait “ouvrir une nouvelle ère” dans les relations turco-saoudiennes. “Le renforcement de la coopération dans les domaines de la défense et des finances est dans notre intérêt mutuel”, a-t-il ajouté.
Dossier Khashoggi renvoyé
Un responsable turc a indiqué à l’AFP, sous couvert d’anonymat, qu’une rencontre est prévue avec le roi Salmane à laquelle devrait assister le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, qui tient les rênes du pouvoir.
En 2018, l’affaire Khashoggi a refroidi les relations entre les deux pays déjà tendues depuis 2017 et le blocus décrété par l’Arabie saoudite du Qatar, allié d’Ankara.
Le procès de 26 ressortissants saoudiens en juillet 2020, accusés par la Turquie d’avoir assassiné Jamal Khashoggi, s’était ouvert à Istanbul, en l’absence des intéressés. Cinq ont été condamnés à la peine capitale, depuis commuée, et huit accusés à des peines de sept à 20 ans de prison. Mais début avril, la justice turque a finalement décidé de se débarrasser du dossier Khashoggi en le renvoyant aux autorités saoudiennes.
Réchauffement régional
La visite du président turc est considérée comme une victoire par les responsables saoudiens, désireux de tourner la page, selon l’analyste politique saoudien Ali Shihabi.
“M. Erdogan a été isolé et a payé un prix économique élevé”, a-t-il déclaré à l’AFP. Le président turc “a besoin des flux commerciaux et touristiques de l’Arabie saoudite”
De son côté, Riyad cherche à l’avoir “à ses côtés” sur nombre de dossiers régionaux et pourrait même “acheter des armes à la Turquie”.
Avec AFP