Le président tunisien Kaïs Saied a annoncé, vendredi, s’arroger le pouvoir de nommer le chef de l’Autorité électorale, une institution en charge de superviser notamment un référendum prévu dans quelques mois. Son actuel président, Nabil Baffoun, a réagi sur France 24.
Kaïs Saïed renforce encore sa mainmise sur le pays. Le président tunisien, qui accapare les pouvoirs depuis juillet, s’est arrogé vendredi 22 avril le droit de nommer le chef de l’Autorité électorale. Une décision majeure à trois d’un référendum (prévu le 25 juillet) et d’un scrutin législatif (attendu au mois de décembre) que cette instance doit superviser.
Selon un décret publié par le Journal officiel, le chef de l’État nommera ainsi trois des sept membres de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (Isie), dont son président.
Créée en vertu d’une loi organique en 2012, ce comité compte dans sa structure actuelle neuf membres dont un président désigné par le Parlement.
Avant un référendum prévu en juillet
L’actuel président de l’Isie, Nabil Baffoun, est un critique du coup de force de Kaïs Saïed. Il a averti que tout changement dans sa composition par ordre présidentiel serait “illégal”.
“Nous sommes dans une dictature, et celle-ci continue de s’étendre depuis le 25 juillet dernier”, dénonce Nabil Baffoun auprès de France 24. “Notre instance électorale n’est plus indépendante. Son prochain conseil et son prochain président seront nommés par le Président de la République. Le fait de procéder comme cela est illégal.”
Les détracteurs de Kaïs Saïed l’accusent de vouloir mettre en place une instance électorale docile avant un référendum prévu en juillet sur des réformes constitutionnelles qu’il appelle de ses vœux et des élections législatives en décembre.
Après des mois de blocage politique, Kaïs Saïed, élu fin 2019, s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement dominée par le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, sa bête noire. Il a finalement dissous le Parlement en février.
En février, le président Saïed avait aussi dissous le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour le remplacer par un organe de supervision judiciaire “temporaire” dont il a nommé les membres.
Avec AFP