L’invasion de l’Ukraine par la Russie a commencé il y a deux mois jour pour jour. Plus de cinq millions d’Ukrainiens ont fui leur pays. Près de 45 000 ont trouvé refuge en France. Une grande partie d’entre eux arrivent par la gare de l’Est à Paris, à bord de trains venant d’Allemagne. Sur place, c’est la Croix-Rouge qui gère l’accueil d’urgence. Des bénévoles russes tiennent eux aussi à apporter leur aide. Reportage de Jonathan Wash et Ania Zalenskaia.
Les bénévoles de la Croix-Rouge sont à l’affût. Un train en provenance d’Allemagne vient d’arriver à quai. Des centaines d’Ukrainiens transitent quotidiennement par la gare de l’Est, en majorité des femmes et des enfants.
Masha a fui Kharkiv et les bombardements. “J’espère que tout ça va s’arrêter et que nous pourrons retourner en Ukraine rapidement, confie la jeune femme brune. Je veux seulement attendre un peu, le temps de reprendre des forces, pour être prête à participer à la reconstruction de mon pays.”
Une surprise de taille attend souvent les réfugiés accueillis ici. De nombreux bénévoles russes viennent prêter main forte à la Croix-Rouge, qui manque de traducteurs pour assister et aiguiller les nouveaux arrivants.
Pour Anna, originaire de Saint-Pétersbourg, installée en France depuis longtemps, accueillir les réfugiés ukrainiens est une façon de se sentir utile. “Ce qui m’a totalement démolie au début, c’est que les villes qui sont bombardées, anéanties, pillés, explique-t-elle la voix serrée. Ce sont les villes de mon enfance en fait. Quand la guerre a commencé, pour être très honnête, je pense que j’ai passé deux semaines à pleurer. Et en fait, il fallait que je fasse quelque chose.”
À de rares exceptions près, la présence d’interprètes russes est bien acceptée par les réfugiés. “On ne fait pas de différence entre les Russes et les autres, affirme ainsi Natalia Perepelytsia, une Ukrainienne qui vient d’arriver. On juge les gens sur leurs qualités et pas sur leur nationalité. Ici, on nous a aidées, on n’a subi aucune discrimination, tout va bien.”
>> À lire aussi : Guerre en Ukraine : la barre des 5 millions de réfugiés a été franchie