Le Parlement chinois a ratifié, mercredi, les conventions internationales interdisant le travail forcé, alors que Pékin est accusé de recourir à cette forme de travail dans sa région à majorité musulmane du Xinjiang.
La Chine, accusée de recourir au travail forcé dans sa région à majorité musulmane du Xinjiang, a ratifié, mercredi 20 avril, les conventions internationales interdisant cette pratique. La ratification par la Chine des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur le travail forcé était une des conditions posées par l’Union européenne pour ratifier un accord bilatéral sur les investissements trouvé fin 2020.
Le comité permanent de l’Assemblée nationale populaire (ANP, le Parlement chinois) a ratifié la convention de l’OIT de 1930 sur le travail forcé et celle de 1957 sur l’abolition du travail forcé, a annoncé le Parlement à l’issue d’une session de trois jours.
Cette ratification survient alors qu’un comité d’experts de l’OIT avait fait part, en février dernier, de sa “profonde inquiétude” face au traitement des minorités ethniques et religieuses en Chine, notamment au Xinjiang.
Selon des organisations de défense des droits de l’Homme, au moins un million de Ouïghours et membres d’autres ethnies musulmanes sont ou ont été incarcérés dans des camps dans cette région du nord-ouest de la Chine.
Pékin affirme qu’il s’agit de centres de formation professionnelle destinés à les éloigner du terrorisme et du séparatisme.
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Les experts de l’OIT avaient exigé de Pékin qu’il “réoriente le mandat des centres de formation professionnelle et d’éducation” qui sont actuellement “des centres de rééducation politique basés sur des détentions administratives”.
Le sujet préoccupe la communauté internationale. Ainsi, une loi interdisant l’achat de produits qui seraient issus du travail forcé des Ouïghours est entrée en vigueur en décembre 2021 aux États-Unis, qui accusent la Chine de génocide contre cette minorité. Pékin rejette vigoureusement cette accusation, qui a obligé certaines multinationales à s’engager à ne pas se fournir au Xinjiang.
En 2021, le géant suédois de l’habillement H&M s’était ainsi retrouvé face à un boycott de ses magasins en Chine après s’être engagé à ne pas acheter de coton du Xinjiang.
“Accès significatif et sans entrave” au Xinjiang
La polémique a poussé les Européens à mentionner la question du travail forcé dans l’accord sur la protection des investissements auquel ils sont parvenus avec Pékin, le 31 décembre 2020.
Dans ce texte, censé protéger les investissements européens en Chine, Pékin s’engageait “à œuvrer à la ratification des conventions fondamentales de l’OIT, y compris celles (interdisant) le travail forcé”, avait alors indiqué Bruxelles.
La ratification de l’accord est depuis figée, à la suite des sanctions mutuelles prises en 2021 par l’Europe et la Chine autour de la question du Xinjiang.
En mars 2021, l’Union européenne, les États-Unis et le Canada ont sanctionné quatre dirigeants et une entité de cette région chinoise. En réponse, Pékin a riposté avec des sanctions contre une dizaine de personnalités européennes, dont cinq élus du Parlement européen, accusées “de propager des mensonges”.
La ratification des conventions de l’OIT survient alors que la Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet, va se rendre en Chine le mois prochain pour une visite attendue de longue date.
Michelle Bachelet demande depuis des années à Pékin un “accès significatif et sans entrave” au Xinjiang, où elle devrait également se rendre lors de son voyage en Chine.
Avec AFP