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Législatives : dialogue déjà tendu à gauche en vue du “troisième tour de la présidentielle”

Les manœuvres à gauche ont commencé en vue des élections législatives des 12 et 19 juin. Forte de son score au premier tour de la présidentielle, La France insoumise propose une coalition avec Europe Écologie-Les Verts et le Parti communiste, mais sans le Parti socialiste. Au vu des conditions fixées par la France insoumise, celle-ci semble toutefois déjà vouée à l’échec.

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Tentative d’union à gauche, suite du feuilleton. La France insoumise (LFI) propose à Europe Écologie-Les Verts (EELV) et au Parti communiste (PCF) une coalition de gauche pour les élections législatives des 12 et 19 juin, mais en se ralliant derrière son programme et avec une répartition des circonscriptions au prorata des scores du premier tour.

Considérées comme le “troisième tour de la présidentielle”, les élections législatives apparaissent cette année plus incertaines que jamais. Il y a cinq ans, Emmanuel Macron, tout juste élu, avait bénéficié d’un raz-de-marée lui permettant d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale avec 308 députés. Le contexte est aujourd’hui bien différent et le ou la futur-e président-e de la République ne devrait pas pouvoir compter sur une victoire écrasante dans deux mois. Avec l’affaiblissement de La République en marche, de nombreux sièges seront ouverts. Et même la gauche se prend à rêver à une éventuelle victoire.

>> À lire : Présidentielle : le pari gagnant-perdant de Jean-Luc Mélenchon

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Pour cela, encore faut-il partir unis, d’où l’initiative de LFI, qui a adressé un courrier à de possibles futurs partenaires, EELV et le PCF, les 14 et 15 avril. Mais cette proposition laisse toutefois peu de place à la négociation : les insoumis leur proposent de rejoindre un label commun, celui de “l’Union populaire”, pour défendre “un programme commun partagé” construit “à partir de celui qui a recueilli le plus de votes à l’élection présidentielle : ‘L’avenir en commun'”. Quant à la future répartition des candidatures, elle “pourrait être celle établie par les électeurs au premier tour de l’élection présidentielle, dans l’application du principe proportionnel”.

Pour l’heure, difficile d’imaginer EELV et le PCF accepter de telles conditions. Avec 21,95 % des voix obtenues le 10 avril, Jean-Luc Mélenchon a réalisé un score bien supérieur à ceux de Yannick Jadot (4,63 %) et de Fabien Roussel (2,28 %). Or, si la distribution des candidatures devait se faire selon la proposition de LFI, il ne resterait que des miettes à EELV et au PCF. Insuffisant pour leur permettre, d’une part, d’accéder au financement public des partis politiques – il faut pour cela faire 1 % des voix dans au moins 50 circonscriptions –, et d’autre part pour faire élire au moins 15 députés, seuil minimal pour obtenir un groupe parlementaire.

LFI regrette des “accusations souvent blessantes”

Le secrétaire national du parti écologiste, Julien Bayou, a salué, vendredi devant la presse, “l’ouverture du dialogue” de LFI, mais a plaidé de son côté pour “une proportionnelle, pondérée, lissée” qui tiendra aussi compte des scrutins précédents.

Car, bien évidemment, les élections européennes de 2019 et municipales de 2020 ont, elles, été bien plus favorables à EELV qu’à LFI. À l’époque, ce sont les écologistes qui prétendaient que le rassemblement devait se faire derrière eux. De même que le PS soutenait, après ses bons résultats aux régionales de 2021, que seuls les socialistes pouvaient être la force centrale à gauche.

“Nous sommes prêts à discuter de vos propositions et nous en avons également à vous soumettre, en visant une base d’accord partagé sur l’ensemble des questions”, a répondu de son côté le comité exécutif national du PCF, samedi, estimant que “toutes les forces de gauche doivent agir ensemble”, “dans le respect de leurs résultats aux échéances électorales et de leurs spécificités”.

On le comprend : si écologistes et communistes sont ouverts à une union pour les législatives, ils entendent bien continuer à exister et ne pas se faire absorber par les insoumis.

Pour couronner le tout, La France insoumise exige de ses possibles partenaires qu’ils fassent acte de contrition après des “accusations souvent blessantes” lancées à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon durant la campagne présidentielle – en particulier au sujet de ses rapports avec la Russie de Vladimir Poutine – et qu’ils “s’expliquent devant les électeurs” et s’engagent “à cesser les attaques”.

Réponse de Julien Bayou : pas question de faire “pénitence”. “Nous ne retirons pas grand-chose de ce que nous avons dit”, a-t-il rétorqué devant la presse, rappelant qu’il y a “des désaccords très importants (…) sur la politique étrangère du pays, en particulier sur le rapport à la Russie ou à des régimes autoritaires”.

“Ce refus est définitif”

Quant au PS, dont la candidate, Anne Hidalgo, a essuyé le pire échec de l’histoire du parti à la présidentielle (1,74 %), il n’a même pas été jugé utile de lui tendre la main. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a pourtant fait savoir qu’il était “prêt à engager un dialogue” et a tenté de faire remarquer à LFI qu’il était inconcevable “de refuser la discussion avec la formation de gauche qui dispose du plus fort maillage territorial”.

La présidente du groupe des députés insoumis, Mathilde Panot, a néanmoins répondu dans le Journal du Dimanche, qu’il n’y aurait “pas de discussions” entre LFI et le PS, soulignant, à propos d’Anne Hidalgo, avoir “pris acte de ses attaques et de son refus à tirer un bilan lucide du quinquennat de François Hollande”. Et d’insister : “Ce refus est définitif”.

>> À lire : Présidentielle : comment Hidalgo et Jadot utilisent la crise ukrainienne pour attaquer Mélenchon

La démarche de La France insoumise est-elle sincère ou bien vise-t-elle simplement à donner l’apparence d’une volonté de dialogue ? Il y a cinq ans, Jean-Luc Mélenchon, déjà en position de force après avoir obtenu 19,58 % des voix au premier tour de la présidentielle, avait fait le choix d’exclure tout rapprochement avec les autres forces de gauche pour les législatives. LFI avait fini avec 11 % des suffrages au niveau national pour 17 députés, un score en-dessous des attentes de son leader.

Alors que l’avenir immédiat de Jean-Luc Mélenchon n’est pas encore tranché, la stratégie affichée est donc différente cette fois-ci. Mais si les insoumis refusent de bouger sur leurs conditions pour l’union, leur tentative affichée de dialogue s’apparentera davantage à une partie de poker menteur dont l’objectif ne sera pas la victoire de la gauche, mais une énième tentative d’hégémonie sur leur famille politique.

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