Six mois après les législatives, l’Irak n’a toujours pas de président ni de Premier ministre, faute de quorum au Parlement. Si les délais sont toujours longs dans le pays pour former un gouvernement, la situation est aujourd’hui complètement paralysée, les deux blocs politiques ne parvenant pas à s’entendre pour partager le pouvoir. La population, notamment dans les quartiers pauvres, en paie les conséquences.
En Irak, le blocage politique est total. Six mois après les élections législatives, le pays n’a toujours pas choisi son président ni son Premier ministre. Pour cela, il faudrait qu’au moins les deux tiers du Parlement se réunissent, mais à chaque tentative depuis le début d’année, le quorum n’a pas pu être atteint. La raison ? L’un des deux grands blocs politiques refuse aujourd’hui de partager le pouvoir tandis que l’autre a suffisamment de députés pour bloquer les sessions parlementaires. Le pays reste donc dans l’impasse, et les conséquences pour la population sont palpables.
En périphérie de Bagdad, Muhannad al-Asadi supervise la construction de nouvelles routes. Habituellement, ce chef de projet dirige une dizaine de chantiers similaires. Mais en raison du blocage politique, nombre d’entre eux sont à l’arrêt. “La plupart des projets qui concernent les infrastructures, comme les routes, les égouts, l’électricité, sont financés par le budget de l’État. Comme le gouvernement n’a toujours pas été formé, le budget n’a ni été soumis, ni été approuvé”, explique-t-il.
Au total, des milliers de projets seraient actuellement bloqués dans le pays, et Muhannad al-Asadi ne cache pas sa lassitude. “Nous, on a fait ce qu’on avait à faire en allant voter. Maintenant, c’est au tour des forces politiques”, souligne-t-il. “Elles doivent s’entendre, former un gouvernement et faire avancer le pays !”
Pas de négociations
Les délais pour former un gouvernement sont toujours longs en Irak : cinq mois et demi en moyenne. C’est normalement le temps des négociations entre les deux blocs politiques, mais pour la première fois en vingt ans, ces discussions n’ont tout simplement pas lieu. En effet, le grand vainqueur des élections, Moqtada al-Sadr, ne veut pas partager le pouvoir et refuse de consulter ses adversaires, des formations proches de l’Iran, dont État de droit, le parti de l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki.
“Depuis 2003, le système de gouvernance en Irak repose sur la base d’un consensus entre toutes les composantes de la société irakienne, qui doivent toutes s’entendre les unes avec les autres”, explique Alyah Nosaif Jasim, une députée de ce parti. “Aujourd’hui, ils veulent rompre avec cette tradition. Très bien. Mais c’est notre droit de former une alliance de partis, et de boycotter les sessions parlementaires.”
Aucun de ces deux blocs politiques n’a la majorité absolue pour imposer ses choix. Le pays est donc dans l’impasse et la population en souffre, en particulier dans les quartiers pauvres, où les habitants vivent souvent dans l’attente de projets censés améliorer leurs conditions de vie.
“Pendant les élections, on nous a promis que des projets seraient lancés dès la formation du gouvernement. Par exemple, ils nous ont dit qu’ils allaient nous débarrasser d’une décharge pour qu’on puisse vivre normalement”, témoigne Raheem Jasim al-Mosawi, habitant de Maamal al-Zawra. “Si vous saviez comme les odeurs et la fumée nous rendent malades !”
Rien ne permet d’affirmer que ces promesses seront tenues. Mais tant que le gouvernement ne sera pas formé, la population restera sans espoir d’une vie meilleure.