L’Union européenne a décidé lundi “d’arrêter” ses missions de formation et d’entraînement de l’armée et de la garde nationale au Mali, mais va rester au Sahel et se déployer dans les pays voisins, a annoncé le chef de la diplomatie européenne. En visite dans le pays, la ministre allemande des Affaires étrangères tranchera elle aussi d’ici la fin de semaine sur un potentiel retrait des forces allemandes.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, s’est rendue, lundi 11 avril, au Mali afin de rencontrer le chef de la junte militaire, au moment où Berlin envisage de retirer ses soldats du pays.
Ce déplacement, prévu jusqu’à samedi, l’emmènera aussi au Niger voisin, pays clé dans le redéploiement des forces militaires internationales au Sahel.
“Des entretiens sont prévus” avec le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, et le chef de la diplomatie Abdoulaye Diop, a indiqué le ministère.
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“Le gouvernement de Bamako a perdu la confiance de la communauté internationale au cours des derniers mois, notamment en retardant la transition démocratique et en intensifiant la coopération militaire avec Moscou”, a affirmé la ministre dans une déclaration écrite avant son départ.
“Dans ce contexte, nous devons remettre en question notre engagement allemand dans la région du Sahel”, a-t-elle ajouté.
En mai, les députés du Bundestag doivent décider si la Bundeswehr poursuivra sa participation aux missions internationales au Mali.
Fin des formations militaires de l’UE
Le sort des missions de formation de l’UE a été tranché lundi, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, ayant annoncé que les entraînements de l’armée et de la garde nationale au Mali allaient s’arrêter. L’UE va rester au Sahel et se déployer dans les pays voisins.
Quelque 300 soldats allemands participent à la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM), et 1 100 soldats à la mission des Nations unies au Mali, la Minusma, qui compte un total de quelque 14 000 militaires et policiers.
Plusieurs pays ont entrepris de réexaminer leur participation à la Minusma. Les Occidentaux dénoncent notamment la présence de mercenaires du groupe russe Wagner, venus au Mali à l’appel de la junte.
Au Mali, où les violences de groupes jihadistes et de milices ont fait des milliers de mort depuis 2012, les militaires ont pris le pouvoir lors de deux coups d’État en août 2020 puis en mai 2021.
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La ministre allemande de la Défense s’est rendue dans le pays ce week-end. Avec le voyage d’Annalena Baerbock, il s’agit des premières représentantes européennes d’importance à se rendre au Mali depuis l’annonce du retrait de la force anti-jihadiste française Barkhane et du dispositif européen Takuba en février.
La cheffe de la diplomatie, dont le pays préside le G7 cette année, veut aussi aborder les problèmes de sécurité alimentaires accentués par l’invasion russe de l’Ukraine dans des pays déjà touchés par la crise climatique et la violence.
“Des millions de personnes sont plongées dans la famine […] La région du Sahel en est un triste exemple”, a souligné la ministre appelant de ses vœux “une coopération fiable, une lutte résolue contre la terreur et la violence et le respect des principes fondamentaux de l’État de droit”.
Avec AFP