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“Piégées” dans une fausse réunion sur l'éducation des femmes, des Afghanes déchirent une banderole

Elles pensaient se rendre à une rencontre avec les Taliban pour évoquer le droit des femmes à l’éducation, mais elles ont vite déchanté. Environ 400 femmes, dont beaucoup en âge d’aller au lycée ou à l’université, se sont rendues le 1er avril dans une salle de sport de la ville de Bamiyan, mais se sont retrouvées en fait dans un meeting pour les Taliban, sans un seul mot sur l’éducation. Certaines n’ont pas hésité à manifester leur colère en déchirant une banderole et demandant à être entendues.

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Deux de nos Observatrices se trouvaient parmi les femmes qui ont participé à ce meeting. Selon elles, des amis leur avaient dit que ça serait l’occasion de discuter  des droits des femmes à l’éducation en présence du gouverneur taliban de la province de Bamiyan. Mais à leur arrivée sur les lieux, elles ont vu une grande banderole sur laquelle était écrit : “les habitants de Bamiyan soutiennent les Taliban”. Beaucoup de femmes se sont, selon nos Observatrices, senties piégées. 

Cet événement survient deux semaines après le revirement soudain des Taliban sur l’accès des filles aux écoles secondaires : les collèges et lycées avaient à peine rouvert le 23 mars après six mois de fermeture, lorsque les autorités annonçaient le même jour la suspension de l’ouverture des établissement, jusqu’à la mise en place d’un plan “en accord avec la loi islamique et la culture afghane”. 

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À Bamiyan comme dans le reste de l’Afghanistan, les filles de plus de 13 ans n’ont donc pas le droit d’aller à l’école. La présence de filles dans des sections séparées reste cependant pour le moment tolérée dans les universités. Les femmes afghanes ont déjà protesté à plusieurs reprises contre les Taliban depuis leur retour au pouvoir en août 2021. 

>> LIRE AUSSI SUR LES OBSERVATEURS : Manifestation à Kaboul réprimée par les Taliban : “Même si vous nous décapitez, nous repousserons”

“Pas d’école pour les femmes, pas de soutien de notre part” 

Adeleh (pseudonyme) est étudiante à l’université de Bamiyan.

On nous avait dit que ça serait une rencontre autour du droit des femmes à l’éducation. Beaucoup d’entre nous avait décidé d’y aller, la plupart des étudiantes ou des filles étaient en âge d’aller au lycée. 

Mais quand je suis arrivée, des hommes et des femmes chantaient des slogans disant “nous soutenons les Taliban”. Quand des femmes ont demandé pourquoi il n’y avait pas de discussion sur l’éducation des femmes, les Taliban leur ont dit de se taire et de ne pas interrompre la réunion. Des femmes ont quitté la salle en signe de protestation, mais beaucoup d’entre elles sont restées, pensant peut-être que la question de l’éducation viendrait… mais il n’y a rien eu. 

À la place , les représentants taliban ont fait des discours de 9 heures à midi. Ils n’ont rien dit sur l’éducation des femmes. Après que certaines d’entre elles ont protesté, ils ont finalement autorisé une femme à parler au nom des 400 ou 500 femmes qui étaient là. Elle a déclaré : “il n’y aura pas de soutien des femmes afghanes aux Taliban tant qu’ils ne nous permettront pas d’avoir accès à l’éducation”. Quand elle a continué à parler de notre droit à l’éducation, tous les représentants taliban ont quitté les lieux, juste comme ça. 

Des femmes se sont énervées et ont défait la banderole où était écrit “les habitants de Bamiyan soutiennent les Taliban”. Les autres femmes dans le stade les ont applaudi.


C’était une bonne leçon pour les Taliban : ils sauront que ce n’est pas la peine d’essayer à nouveau de piéger les Afghanes. Peut-être que ça leur apprendra que ce que la plupart des Afghanes disent et veulent n’est pas la même chose que ce que disent leurs marionnettes en burqa noire. 

Aucune des femmes impliquées dans l’accrochage n’a été arrêtée le jour même, mais le 7 avril, 11 participantes ont été interpellées.  

Seifollah Mohammadi, chef du bureau culturel des Taliban à Bamiyan, a déclaré au service persan de la Deutsche Welle : quand la réunion s’est terminée, les officiels se sont dépêchés de retourner travailler. Après cela, il y a apparemment eu une dispute entre les personnes présentes et une banderole a été détachée.”

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