Des milliers de retraités ont battu le pavé jeudi dans une vingtaine de grandes villes françaises, à l’appel de neuf organisations, pour demander une augmentation de leurs pensions en pleine flambée de l’inflation.
“Ras-le-bol d’être maltraités” : plusieurs milliers de retraités ont manifesté, jeudi 24 mars, dans une vingtaine de grandes villes pour réclamer une hausse des pensions, en pleine flambée de l’inflation et à deux semaines de l’élection présidentielle.
“Macron, rends les sous !” : dans le cortège parisien, le message était clair, son destinataire aussi. Selon les organisateurs, 3 000 personnes ont défilé dans la capitale en début d’après-midi, pour exiger comme certains un “13e mois pour les retraités”.
Ancien chaudronnier, encarté à la CGT, Alain affirme qu’il “perd des sous tous les mois” quand “tout augmente, l’essence, les pâtes, les patates”. Résultat : “On ne va plus au resto une fois par semaine, on est obligé de se serrer la ceinture.”
Un “rattrapage” demandé
Le pouvoir d’achat était au cœur des revendications du “groupe des neuf” syndicats et associations qui appelaient à cette journée de mobilisation, leur douzième depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron.
À deux semaines et demie du premier tour de l’élection présidentielle, et en pleine flambée de l’inflation, ils réclament un “rattrapage” de leurs pensions de retraite, qui n’ont déjà pas suivi la hausse des prix ces dernières années.
“On a trop longtemps estimé que les retraités étaient trop payés à ne rien foutre”, déplore Gérard Gourguechon, ancien inspecteur des impôts et figure du syndicat Solidaires, dénonçant une “discrimination par l’âge”.
À Lyon également, dans une foule de 1 400 à 1 500 manifestants (respectivement selon la préfecture et la CGT), l’ex-informaticienne Sylvie Touleron regrette que les retraités soient “souvent oubliés, alors que notre niveau de vie ne suit pas”, en particulier pour les femmes dont “beaucoup sont sous le seuil de pauvreté”.
Certains vivent même “dans la misère” et “on ne peut pas accepter ce genre de situation au XXIe siècle”, s’indigne Robert Rutto, ancien employé dans une centrale nucléaire.
Constat identique à Nantes, où 200 personnes ont manifesté en début d’après-midi, dont Régine Grasset, ancienne vendeuse : “J’ai travaillé 42 ans et aujourd’hui je touche 1 100 euros par mois. Parfois, en guettant les promotions au supermarché, je me dis ‘vraiment, tout ça pour ça ?'”
À Lille aussi ont battu le pavé quelques centaines de “retraités intraitables”, selon une pancarte. Venue dénoncer une “paupérisation des retraités”, Agnès Hiret, ex-enseignante, juge la dernière revalorisation de janvier “très loin du compte” et demande “que la hausse des pensions suive celle de l’inflation”.
“Les jeunes vont manger des briques”
Ancien ouvrier de l’industrie chimique, Bernard Bourlon estime pour sa part qu’il a “des revenus corrects” mais se bat “surtout pour les suivants”, car “si les jeunes ne se battent pas, ils vont manger des briques”.
Les doléances s’étendent aussi à la présence des services publics dans les zones rurales, au coût des complémentaires santé ou encore à la prise en charge de la dépendance par la Sécurité sociale.
“De plus en plus, on tend à passer de la carte Vitale à la carte bleue”, a critiqué Jacques Auffèves, responsable de la CGT-Retraités du Rhône.
“Les retraités en ont ras-le-bol d’être maltraités”, explique Monique Daune, secrétaire parisienne du syndicat d’enseignants retraités Snes-FSU. “Les personnes âgées ont payé un lourd tribut pendant la crise sanitaire, et il a fallu le scandale Orpea pour que les pouvoirs publics se rendent compte qu’il y avait un problème”, ajoute-t-elle.
Dans la matinée, d’autres manifestations avaient déjà réuni une centaine de personnes au Puy-en-Velay selon la police, 220 personnes à Caen pour la préfecture (350 d’après la CGT).
Dans la capitale normande, Isabelle Cruchet, retraitée de la fonction publique, a estimé que “les pensions alimentent le dynamisme de l’économie” et lancé : “Quand aurons-nous le respect que nous méritons ?”
Avec AFP