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Emmanuel Macron, le bilan (3/4) : la réduction des dépenses sociales contrariée par les crises

Emmanuel Macron candidat à sa réélection, France 24 dresse le bilan de son quinquennat en quatre volets. Après la politique étrangère et l’économie, place au social, où la priorité donnée à la réduction des dépenses a été contrariée par les Gilets jaunes et le Covid-19.

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La volonté d’Emmanuel Macron de réduire les dépenses sociales n’a pas tardé à être mise en œuvre. Dès l’été 2017, soit quelques semaines après son élection, le président de la République fait le choix de coupes budgétaires ciblant les plus précaires : baisse de 5 euros de l’aide personnalisée au logement (APL) et baisse massive des contrats aidés.

Des mesures impopulaires mais qui répondent à une cohérence budgétaire à laquelle tient particulièrement Emmanuel Macron en début de quinquennat : pour augmenter le pouvoir d’achat des Français et favoriser les entreprises en baissant aux uns et aux autres impôts et cotisations sociales, tout en respectant les règles budgétaires européennes – celles-ci imposent de ramener le déficit public, qui est de 3,4 % du PIB en 2016, sous les 3 % –, il est indispensable, selon le chef de l’État, de couper dans les dépenses sociales.

>> À lire : Emmanuel Macron, le bilan (2/4) : en économie, un ruissellement au goutte-à-goutte

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Ces décisions sont accompagnées par les justifications des membres les plus audibles du gouvernement que sont le Premier ministre Édouard Philippe, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, tous issus de la droite.

Si bien que les premières mesures d’économie d’Emmanuel Macron, conjuguées à la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) ou à la mise en place d’un impôt forfaitaire de 30 % sur les revenus du capital (la “flat tax”), valent rapidement au chef de l’État le surnom de “président des riches”.

Une étiquette qui lui colle d’autant plus à la peau qu’Emmanuel Macron assume vouloir revoir profondément le modèle social français. “On met un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens sont quand même pauvres. On n’en sort pas. Les gens qui naissent pauvres restent pauvres. Ceux qui tombent pauvres restent pauvres. (…) Il faut responsabiliser les gens”, affirme-t-il dans une vidéo, publiée le 12 juin 2018, le montrant en train de s’adresser à ses conseillers à la veille de son discours au congrès de la Mutualité française.


Trois mois plus tard, un “plan pauvreté” de 8,5 milliards d’euros sur quatre ans est présenté. Celui-ci est censé revoir de fond en comble le système des aides à la française afin d’”éradiquer la pauvreté extrême” en une génération. Il prévoit des petits-déjeuners gratuits dans certaines écoles, la cantine à 1 euro dans certaines communes, des places en crèche pour les enfants issus de familles défavorisées, un service public de l’insertion et un revenu universel d’activité (RUA) fusionnant plusieurs minima sociaux. Les objectifs sont ambitieux, mais seront petit à petit délaissés. En revanche, la baisse des dépenses dans d’autres secteurs est une priorité.

“Il n’y a pas d’argent magique”

Le programme d’Emmanuel Macron prévoit en effet 25 milliards d’euros d’économie, dont 15 milliards dans la santé. Par conséquent, le budget de l’hôpital public ne répond pas aux besoins, notamment en raison de la baisse des tarifs hospitaliers – qui constituent la base de calcul pour les moyens alloués –, ceux-ci ayant chuté de 7 % entre 2008 et 2018, selon le magazine Alternatives économiques. Cette situation oblige les personnels soignants à travailler toujours davantage en flux tendu. À une soignante qui lui demande, en avril 2018, plus de moyens, Emmanuel Macron répond qu’”il n’y a pas d’argent magique”. Pour le président de la République, la logique du respect des engagements budgétaires de la France vis-à-vis de Bruxelles prévaut. Et les résultats sont là : le déficit public de la France passe à 2,8 % du PIB en 2017 puis 2,3 % du PIB en 2018.


La hausse de la taxe carbone sur les carburants, quelques mois plus tard, et la naissance du mouvement social des Gilets jaunes, en novembre 2018, viennent toutefois perturber ses plans. D’abord peu prises au sérieux par l’exécutif, les manifestations sur les ronds-points se radicalisent et, en quelques semaines, contraignent Emmanuel Macron à dévier de la trajectoire prévue.

Pour calmer la fronde, le chef de l’État propose lors des premiers mois de l’année 2019 un Grand débat national pour recueillir les doléances des Français. Il prend aussi des mesures d’ampleur en faveur du pouvoir d’achat, comme la baisse de 5 milliards d’euros de l’impôt sur le revenu, la hausse de la prime d’activité de 100 euros au niveau du Smic ou la revalorisation du minimum vieillesse. Quant à la hausse de la taxe carbone, elle est tout simplement annulée. Au total, ce sont 17 milliards d’euros qui viennent s’ajouter aux comptes publics.

La crise passée, le gouvernement reprend ses réformes visant à faire des économies, quitte à braquer encore davantage les syndicats. La situation s’exacerbe dans les hôpitaux et mène à une importante mobilisation des soignants tout au long de l’année 2019. Le gouvernement finit par débloquer en novembre 2019 une enveloppe de 1,5 milliard d’euros sur trois ans, des primes pour les aides-soignants et infirmiers, ainsi que la reprise d’un tiers de la dette des hôpitaux. Malgré ce “plan d’urgence”, les personnels soignants estiment que le compte n’y est toujours pas. Plus de 1 000 médecins hospitaliers, dont 600 chefs de service, démissionnent de leurs fonctions administratives en janvier 2020 en signe de protestation.

La réforme de l’assurance-chômage, adoptée en 2019, durcit quant à elle les conditions d’accès et revoit le montant des allocations à la baisse. L’alternance entre contrats courts et périodes d’inactivité sera pénalisée. Et alors qu’Emmanuel Macron avait promis durant sa campagne de permettre aux indépendants et aux démissionnaires d’être indemnisés, les conditions exigées rendent le dispositif très restrictif. L’ouverture du système à un trop grand nombre de personnes aurait entraîné des dépenses trop importantes, juge le gouvernement, d’autant que l’objectif du candidat Macron était de réaliser 10 milliards d’euros d’économie sur l’assurance-chômage.

>> À lire : Grève contre la réforme des retraites : les raisons de la mobilisation

Enfin, la réforme des retraites, à laquelle s’attaque le gouvernement fin 2019, a également pour but de faire des économies grâce à un système universel à points indexé sur l’inflation et à la mise en place d’un âge pivot de départ à la retraite fixé à 64 ans. Des centaines de milliers de personnes manifestent dans la rue contre le projet de loi pendant de longues semaines, fin 2019 et début 2020, si bien que la mobilisation contre la réforme des retraites devient le plus long conflit social de l’histoire de la SNCF et de la RATP – les régimes spéciaux de leurs agents ayant vocation à disparaître, selon le texte de loi. La réforme est finalement adoptée sans vote, le 29 février 2020, grâce à l’article 49-3 de la Constitution.

“Quoi qu’il en coûte”

Mais après les Gilets jaunes, un autre événement inattendu vient perturber les ambitions budgétaires d’Emmanuel Macron. La pandémie de Covid-19 apparue en Chine fin 2019 touche l’Europe et la France début 2020. La crise sanitaire et économique qu’elle provoque bouleverse la fin du quinquennat. En mars, le chef de l’État suspend la réforme des retraites et reporte l’application complète de la réforme de l’assurance-chômage. Surtout, il instaure le “quoi qu’il en coûte” pour aider l’hôpital public, sauver les entreprises, les emplois et relancer l’activité économique, qui subit une récession de 8 %, inédite depuis la Seconde Guerre mondiale.

L'”argent magique” refusé aux soignants et à de nombreux autres secteurs coule désormais à flots. Le budget de la santé augmente de 9,4 % en 2020 et de 7,4 % en 2021, tandis que le “Ségur de la Santé”, organisé à l’été 2020, débouche sur 9 milliards d’euros d’augmentation des salaires des personnels soignants. Au total, les mesures d’urgence prises en 2020 et 2021 coûtent 133,5 milliards d’euros, selon le Trésor. Le déficit se creuse à 9,2 % du PIB et la dette publique explose à plus de 115 % en 2020. L’orthodoxie budgétaire du début de quinquennat paraît alors bien loin.

>> À lire : Hôpital public : des soignants dénoncent “une discordance entre les mots et les actes” d’Emmanuel Macron

L’imminence de l’élection présidentielle de 2022 pousse toutefois Emmanuel Macron à donner des gages de sérieux à son électorat de droite. La réforme de l’assurance-chômage entre pleinement en vigueur à l’automne 2021. Et une petite musique sur les devoirs des citoyens s’installe dans les derniers mois du quinquennat. “On veut poursuivre la redéfinition de notre contrat social, avec des devoirs qui passent avant les droits, du respect de l’autorité aux prestations sociales”, affirme ainsi le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, le 29 janvier dernier, dans une interview au Parisien.

Une philosophie confirmée le 17 mars, lors de la présentation du programme du président-candidat Emmanuel Macron : ce dernier compte, en cas de réélection, soumettre le versement du revenu de solidarité active (RSA) à “l’obligation de consacrer 15 à 20 heures par semaine pour une activité permettant d’aller vers l’insertion professionnelle, soit de formation en insertion soit d’emploi”. Quant aux retraites, la réforme qu’il envisage fera passer l’âge légal de départ de 62 ans à 65 ans.

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