Mohand Boughalem a obtenu la nationalité française il y a quelques semaines seulement. Une démarche qu’il a menée afin de pouvoir voter et s’impliquer pleinement dans la démocratie française. Deuxième épisode de notre série de portraits de primo-votants.
Mohand Boughalem, teint mate et boucles grisonnantes, est officiellement français depuis le 3 décembre 2021. Pour la première fois, les 10 et 24 avril, ce tout jeune Français d’adoption votera à l’élection présidentielle française. “J’ai déjà voté en Algérie, mais ce n’est pas pareil, l’élection est jouée d’avance car, disons-le, c’est une dictature. La démocratie française n’est pas idéale mais on peut manifester et adhérer à un parti sans avoir peur”, explique le quinquagénaire qui vit désormais à Marseille.
Lorsqu’il s’est installé en France en 2000 pour fuir la décennie noire en Algérie (conflit armé entre les islamistes et l’armée qui a fait 100 000 à 200 000 victimes dans les années 1990 NDLR), il ne cherchait pas spécialement à devenir français. L’artiste engagé, qui dérangeait de l’autre côté de la Méditerranée, cherchait avant tout un refuge et un travail pour se stabiliser, confie le quinquagénaire toujours souriant. “À cette époque, comme je ne parvenais pas à obtenir l’équivalence de mon diplôme de professeur d’éducation physique et sportive, j’ai choisi de vivre de ma passion, la musique.”
Aujourd’hui, ce professeur d’instruments à cordes est pleinement engagé dans la vie associative et politique de sa ville. “Jusque-là, je ne faisais que participer à des réunions et des débats politiques. J’ai senti qu’il fallait que j’aille plus loin dans mon engagement politique. Alors, j’ai demandé la nationalité française pour pouvoir voter moi aussi.”
La crise sanitaire a “accentué mon envie” de voter
La crise sanitaire a largement participé à son désir de voter. “On a pu voir avec le Covid-19 que l’on pouvait nous priver de certaines libertés. Je ne suis pas contre le vaccin. Mais je pense qu’on doit rester libre de se faire vacciner ou non. Les restrictions de liberté et le passe sanitaire ont accentué mon envie de participer à la vie démocratique du pays.”
Déterminé à bien accomplir son nouveau devoir de citoyen, Mohand scrute les programmes des candidats. “Je suis de près la politique. Je lis la presse, j’écoute les reportages sur les candidats et les analyses à la radio. En fait, la politique et l’élection présidentielle s’invitent dans presque chaque discussion au travail, au café, en famille.”
Pourtant, ce sympathisant de gauche avoue ne pas avoir encore arrêté son choix. “Il y a des choses que j’aime bien chez (Jean-Luc) Mélenchon, mais tout ne me plaît pas non plus. Il y a aussi (Christiane) Taubira, (Anne) Hidalgo… On verra”, ajoute le quinquagénaire, un peu perdu par la profusion de candidatures à gauche. Pour ce premier vote, Mohand Boughalem veut prendre son temps afin d’affiner son choix. “Je pense que je me déciderai une semaine avant le premier tour, à ce moment-là, je devrais y voir plus clair.”