Plusieurs centaines de personnes affluaient dimanche après-midi à Bastia, en Haute-Corse, pour une manifestation en soutien à Yvan Colonna – militant indépendantiste corse condamné pour l’assassinat du préfet Erignac –, victime la semaine dernière d’une agression en prison qui l’a laissé dans le coma.
Onze jours après l’agression en prison d’Yvan Colonna, une grande manifestation est attendue, dimanche 13 mars dans l’après-midi, à Bastia, entre colère et appel au calme, avec le mot d’ordre “Vérité et justice” pour le militant indépendantiste, toujours entre la vie et la mort.
Près du palais de justice de Bastia, d’où doit démarrer le cortège en direction de la préfecture, les rues ont été fermées, les banques sécurisées et les distributeurs bancaires protégés par des panneaux en bois. De même, les conteneurs à poubelles, régulièrement utilisés par certains manifestants pour allumer des feux, ont été enlevés.
Sous une pluie fine et froide, les manifestants déjà sur place étaient pour certains drapés dans des drapeaux corses. La banderole de tête du cortège n’avait pas encore été déployée.
Juste avant le début de la manifestation, le procureur de Bastia Arnaud Viornery a précisé qu'”environ 300 cocktails Molotov ont été découverts dans un espace public” de la ville.
Cette manifestation a été initiée par des syndicats étudiants nationalistes, rejoints par l’ensemble des partis nationalistes de l’île, comme pour le rassemblement de Corte dimanche dernier, qui avait rassemblé 4 200 personnes selon les autorités, 15 000 selon les organisateurs.
“On est venus pour ce qui se passe en Corse, l’État français qui nie le peuple corse, pour la libération de tous les prisonniers corses”, a expliqué à l’AFP Marité Costa, 58 ans, déjà présente à Corte dimanche dernier: “On dit ‘Les jeunes, c’est des casseurs’, mais c’est pas des casseurs, ils se battent, c’est grâce à eux que ça a bougé, parce que Macron, il n’en a rien à faire, même à un mois des élections.”
Vives tensions en Corse
Dès le lendemain de l’agression d’Yvan Colonna à la maison centrale d’Arles, dans les Bouches-du-Rhône, le 2 mars, des rassemblements avaient eu lieu sur toute l’île, sur fond d’interrogations sur les conditions de cette attaque visant ce militant indépendantiste corse qui réclamait de longue date son rapprochement dans une prison de l’île.
Cette semaine, la violence s’est intensifiée avec notamment l’intrusion d’une quinzaine de manifestants mercredi soir dans le palais de justice d’Ajaccio, qu’ils ont saccagé et tenté d’incendier.
Vendredi, le Premier ministre Jean Castex a tenté d’apaiser la situation en annonçant la levée du statut de “détenu particulièrement surveillé” (DPS) de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, deux autres membres du “commando Érignac” encore détenus sur le continent. C’est ce statut qui bloquait le rapprochement des trois hommes dans une prison corse.
Mais ce geste, après la levée du statut de DPS d’Yvan Colonna dès mardi, reçue comme une provocation en Corse, l’homme étant aujourd’hui entre la vie et la mort, n’a pas fait baisser la tension dans l’île.
Avec AFP