Antiféministe assumé, le conservateur Yoon Suk-yeol, candidat du principal parti d’opposition sud-coréen, a été élu de justesse à la présidence de la Corée du Sud. Cet ancien procureur a promis d’ordonner une enquête sur son prédécesseur, le président sortant Moon Jae-in, à qui il doit succéder en mai.
Yoon Suk-yeol, un ancien procureur général novice en politique, a été élu jeudi 10 mars président de Corée du Sud, battant de justesse le candidat du parti de centre-gauche au pouvoir.
Yoon Suk-yeol, candidat du Parti du pouvoir au peuple (PPP), la principale formation de l’opposition de droite, l’a emporté avec 48,59 % des voix contre 47,79 % pour son rival du Parti démocratique Lee Jae-myung, selon des résultats portant sur 98 % des suffrages publiés par l’agence de presse Yonhap. L’élection présidentielle sud-coréenne ne comporte qu’un seul tour.
“Ceci est la victoire du grand peuple sud-coréen”, a lancé Yoon Suk-yeol devant ses partisans en liesse, rassemblés à l’aube dans l’Assemblée nationale.
Désir de vengeance
Sa victoire sur le fil marque un retour en grâce spectaculaire pour le PPP, durement affecté en 2017 par la destitution puis l’incarcération pour abus de pouvoir de la présidente Park Gung-hye, qui appartenait à cette formation.
Paradoxalement, Yoon Suk-yeol, alors procureur à Séoul, avait joué un rôle clé dans l’enquête qui avait abouti à la chute de l’ex-présidente.
Selon les analystes, le résultat de la présidentielle de mercredi pourrait relancer ce que les médias ont baptisé le “cycle de la vengeance”, une caractéristique de l’extrême polarisation de la vie politique dans ce pays de 52 millions d’habitants, où tous les ex-présidents sud-coréens encore en vie ont fait de la prison pour corruption au terme de leur mandat.
Yoon Suk-yeol, 61 ans, succèdera pour cinq ans en mai au président sortant Moon Jae-in, qui ne pouvait se représenter. Et il a d’ores-et-déjà promis d’ordonner une enquête sur son prédécesseur – qui l’avait nommé procureur général au début de son mandat – sans préciser pour quels motifs.
Propos sexistes
Complètement novice en politique, Yoon Suk-yeol avait été choisi en juin pour représenter le PPP, la principale formation d’opposition de droite. Il a fait campagne en proposant un assouplissement du droit du travail, visant notamment le salaire minimum et le temps de travail maximum. Il s’est aussi fait remarquer par des louanges à l’ex-dictateur sud-coréen Chun Doo-hwan.
Antiféministe assumé, il a notamment nié l’existence des discriminations systématiques et amplement prouvées, dont souffrent les femmes en Corée du Sud. Il a aussi promis d’abolir le ministère de l’Égalité hommes-femmes, dont les missions consistent notamment à lutter contre la violence domestique et le trafic d’êtres humains.
Avec AFP