
La figure du mouvement pour la démocratie Chow Hang-tung a été reconnue coupable mardi d’avoir incité en 2021 à participer à une veillée interdite en mémoire de la répression de Tiananmen, quelques mois après avoir été condamnée à un an de prison pour des faits similaires en 2020.
Un tribunal hongkongais a condamné, mardi 4 janvier, l’activiste Chow Hang-tung à une peine de quinze mois d’emprisonnement pour avoir incité à prendre part à un rassemblement interdit en hommage aux victimes de la répression sanglante menée par les autorités chinoises sur la place Tiananmen en 1989 à Pékin contre le mouvement pro-démocratie.
Une veillée interdite
Chow Hang-tung, 36 ans, avocate et membre de la désormais dissoute Alliance de soutien aux mouvements patriotiques démocratiques en Chine, avait été arrêtée le 3 juin 2021, à la veille de l’anniversaire de la répression sanglante de Tiananmen le 4 juin 1989.
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Pour la deuxième année consécutive, la police avait interdit en 2021 la veillée traditionnellement organisée le 4 juin dans la région administrative spéciale chinoise, citant des motifs sanitaires en raison de l’épidémie de Covid-19. Aux yeux de nombreux activistes, toutefois, cette interdiction s’inscrivait dans le cadre d’efforts destinés à éteindre la contestation contre le pouvoir à Pékin, à la suite des vastes manifestations pro-démocratie de 2019. Les autorités ont rejeté tout lien.
En dépit de l’interdiction, des milliers de personnes avaient allumé des bougies à travers la ville le 4 juin 2020, et un nombre plus restreint avait fait de même l’an dernier.
La magistrate Amy Chan a déclaré que des publications de Chow Hang-tung sur les réseaux sociaux étaient destinées à “encourager, convaincre et faire pression sur des membres du public [afin qu’ils prennent part à un rassemblement illicite]”. “La loi ne permet à personne d’exercer sa liberté par des moyens illégaux”, a jugé la magistrate Amy Chan. “Elle [Chow] était déterminée à attirer l’attention dans le but d’appeler la population à se rassembler”, a-t-elle ajouté.
“Ne pas oublier le 4 juin”
Chow Hang-tung, qui a plaidé non coupable, a assuré pour sa part vouloir “inciter les autres à ne pas oublier le 4 juin” et non pas encourager à se rassembler. Tout au long des audiences et des procédures, la militante a fait preuve de sa détermination à se battre. Mardi, elle a lu devant le tribunal des extraits des mémoires de familles de personnes tuées à Tiananmen.
La magistrate lui a aussitôt adressé un blâme, et les policiers ont reçu l’ordre de relever les numéros d’identité de ceux qui ont applaudi. Chow Hang-tung a condamné la décision du tribunal, accusant les autorités de faire de la liberté d’expression un crime.
“Le message que ce verdict envoie est qu’allumer une bougie est un délit, que les mots sont un délit”, a-t-elle déclaré. “La seule façon de défendre la liberté d’expression est de continuer à s’exprimer”.
De même que sept autres activistes, Chow Hang-tung avait été condamnée le mois dernier à une peine d’emprisonnement, de douze mois, pour son implication dans la veillée de 2020. Elle purgera au total une peine de vingt-deux mois d’emprisonnement, alors que le principe de la confusion des peines s’appliquera pour cinq mois de la peine prononcée mardi.
Hong Kong a longtemps été le seul endroit en Chine où la commémoration des événements de Tiananmen était tolérée. Depuis plus de trois décennies, tous les 4 juin, des dizaines de milliers de personnes se réunissaient pour participer à ces veillées de commémoration. Depuis les immenses manifestations pro-démocratie de 2019, Pékin a repris en main Hong Kong.
Avec AFP et Reuters
