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L'homme fort d'Ennahdha “soupçonné de terrorisme”, selon le ministère de l'Intérieur tunisien

Le ministre tunisien de l’Intérieur a accusé Noureddine Bhiri, actuellement hospitalisé pour une attaque cardiaque deux jours après son arrestation, de terrorisme. Le numéro un d’Ennahdha refuse de s’alimenter et de prendre des médicaments pour protester contre son interpellation.

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Le ministre tunisien de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, a affirmé, lundi 3 décembre au soir, que “des soupçons de terrorisme dans le dossier” ont justifié l’arrestation vendredi de l’ex-ministre et homme fort du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, Noureddine Bhir.

“Il y avait des craintes d’acte terroriste touchant à la sécurité du pays, il fallait réagir”, a expliqué le ministre, en précisant avoir transmis une série d’éléments au ministère de la Justice et au parquet qui “ont tardé” à prendre des mesures. Le ministre a dit avoir décidé alors d'”appliquer rapidement” la “mise sous contrôle judiciaire” de Noureddine Bhiri.

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Refus de s’alimenter et de prendre des médicament

Noureddine Bhiri, hospitalisé après son arrestation, refuse de s’alimenter et de prendre des médicaments, a indiqué lundi matin une source d’une délégation qui lui a rendu visite.

Cette délégation constituée de cinq personnes – trois de l’Instance de prévention de la torture (INPT, autorité indépendante) et deux du Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme – a pu entrer dimanche soir à l’hôpital de Bizerte, dans le nord, où Noureddine Bhiri a été admis deux jours après son arrestation vendredi. La visite de la délégation, confirmée par une autre source qui y participait aussi, s’est tenue dimanche entre minuit et 1 h.

“Il n’est pas en situation critique pour le moment”, a indiqué la source qui a participé à cette visite. Noureddine Bhiri, 63 ans, “est vivant et lucide, [il] est pris en charge dans une chambre individuelle, au service cardiologie de l’hôpital”, a-t-elle précisé.

Mais “depuis vendredi, Noureddine Bhiri refuse toute alimentation et les médicaments, c’est pour ça qu’il a été transféré à l’hôpital où il est sous surveillance rapprochée”, selon cette source. Noureddine Bhiri n’est “pas perfusé car il n’est pas possible de lui administrer la seconde source.

Une santé fragile

Dimanche soir, plusieurs militants et députés d’Ennahdha avaient affirmé que Noureddine Bhiri se trouvait “en état critique” avec des “menaces pour sa vie” et qu’il avait été “privé de ses médicaments”.

L’épouse de Noureddine Bhiri, Saïda Akremi, a affirmé lundi que son époux a fait “une attaque cardiaque et se trouve en réanimation en cardiologie à l’hôpital”. 

Elle a indiqué avoir refusé d’aller voir son mari à l’hôpital car, selon elle, le chef des forces de sécurité locales voulait qu’elle signe au préalable des documents, ce qu’elle a refusé.

Noureddine Bhiri étant atteint de plusieurs maladies chroniques, notamment du diabète et de l’hypertension, l’équipe médicale voudrait qu’il soit transféré dans un hôpital militaire, redoutant que son état ne se détériore.

Un deuxième cadre d’Ennahda enfermé dans un lieu “tenu secret”

Lors d’une conférence de presse lundi à Tunis, Samir Dilou, avocat et député d’Ennahdha, a affirmé que l’arrestation de Noureddine Bhiri était “une affaire politique et une instrumentalisation de la justice”. Il a annoncé une plainte pour “kidnapping” contre le président Saïed et le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine.

L’INPT, qui a pour mandat de vérifier le sort des personnes privées de liberté, s’est saisie du dossier dès samedi pour réclamer au ministère de l’Intérieur des informations sur le lieu de détention de Noureddine Bhiri et d’un autre cadre d’Ennahdha, Fathi Baldi, interpellé en même temps que lui.

Aucune information n’était disponible lundi sur le lieu de détention de Fathi Baldi.

L’INPT a déploré dans un communiqué officiel et auprès de l’AFP le “silence complet” des autorités sur le lieu “tenu secret” de l'”assignation à résidence” des deux hommes et a dénoncé des interpellations, faites à “titre préventif” sans motivations claires ni poursuites judiciaires.

Avec AFP

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