Le président du Nicaragua Daniel Ortega, qui a muselé ses rivaux sérieux, placés en détention, a été réélu dimanche pour un quatrième mandat de cinq ans avec 75 % des voix, selon des premiers résultats officiels partiels. Âgé de 75 ans, l’ancien guérillero sandiniste fut président de 1985 à 1990 et l’est de nouveau depuis janvier 2007.
Le président sortant Daniel Ortega devrait décrocher un quatrième mandat consécutif au Nicaragua à l’issue du scrutin organisé dimanche 7 novembre pour lequel il a écarté ses principaux rivaux, placés en prison, et alors que les autorités considèrent la plupart des actes de contestation comme des infractions.
Le Conseil électoral suprême a annoncé lundi aux premières heures qu’après dépouillement d’environ la moitié des bulletins de vote, Daniel Ortega avait recueilli quelque 75 % des suffrages.
Il s’agit d’un revers pour les États-Unis, qui tentent de promouvoir la démocratie dans une région d’où proviennent les flux de migrants, toujours plus nombreux, cherchant à rejoindre le territoire américain. Le président Joe Biden a dénoncé un simulacre d’élection.
Le décryptage de Bruno Daroux
Les bureaux de vote ont fermé à 18 h (minuit GMT). Si des files d’attente ont été aperçues en début de journée dans certains bureaux de vote de la capitale Managua, il n’y a eu guère foule par la suite – l’illustration d’une participation attendue à un plus bas inédit.
Daniel Ortega, âgé de 75 ans, est déjà le plus ancien dirigeant du continent, avec près de 15 années consécutives au pouvoir. L’ancien guérillero sandiniste, qui renversa la famille Somoza en 1979, fut président de 1985 à 1990 et l’est de nouveau depuis janvier 2007, tandis que son épouse Rosario Murillo, 70 ans, occupe la vice-présidence depuis 2017.
Seuls cinq candidats, issus de partis amis, étaient inscrits face à Daniel Ortega. Au total, 4,5 millions d’électeurs étaient appelés à voter.
“Trahison à la patrie”
Au cours d’un événement retransmis à la télévision publique, Daniel Ortega a décrit l’élection présidentielle comme une victoire contre le terrorisme, un résultat obtenu grâce à l'”immense majorité des Nicaraguayens”. Il s’en est ensuite pris à ses détracteurs, accusant ses rivaux et les soutiens étrangers de ceux-ci d’avoir voulu empêcher la tenue du scrutin.
Depuis mai dernier, sur le fondement d’une loi de fin 2020, le gouvernement Ortega a fait arrêter une quarantaine de figures de l’opposition, accusées de “trahison à la patrie”, dont sept candidats à l’élection présidentielle. Des journalistes, des hommes d’affaires et même certains anciens alliés du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) ont aussi été arrêtés.
Joe Biden a déclaré dimanche soir dans un communiqué que l’élection “orchestrée” n’était “ni libre ni équitable, et certainement pas démocratique”. Le président américain a demandé à Daniel Ortega et Rosario Murillo de prendre des mesures immédiates pour rétablir la démocratie.
La répression au Nicaragua a pris une nouvelle tournure en 2018, devenant particulièrement sanglante pour éteindre des manifestations globalement pacifiques – un mouvement initialement destiné à protester contre le coût de la vie, avant de muer en contestation anti-gouvernementale. Plus de 300 personnes ont été tuées et des milliers d’autres blessées.
L’accès du territoire a été interdit aux journalistes étrangers pour le scrutin présidentiel et le pouvoir a refusé la présence d’observateurs.
Avec AFP