Le juge chargé de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth en 2020 a été contraint jeudi, pour la troisième fois, de suspendre ses investigations à la suite du recours d’un ancien ministre.
Alors que le Liban continue de plonger dans la crise politique et économique, le juge Tareq Bitar, chargé de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth en août 2020, a été contraint jeudi 4 novembre de suspendre à nouveau ses investigations, a indiqué une source judiciaire à l’AFP. Une troisième suspension due au recours d’un ancien ministre.
Tareq Bitar est soumis à d’intenses pressions, notamment de la part du puissant Hezbollah pro-iranien qui l’accuse de politiser l’enquête sur cette double explosion qui a fait plus de 215 morts, et exige son remplacement.
>> À lire aussi : “Explosions au port de Beyrouth : qui veut la peau du juge Tarek Bitar ?”
L’affaire paralyse le gouvernement, qui ne s’est plus réuni depuis trois semaines en raison des exigences du Hezbollah, et a dégénéré en violences qui ont fait sept morts le 14 octobre.
Le magistrat “a été informé par la Cour de cassation d’un recours présenté par l’ancien ministre Youssef Fenianos (..), ce qui l’a contraint à suspendre l’enquête”, a précisé la source judiciaire.
Au total, quinze plaintes contre le juge
Tareq Bitar avait émis en septembre un mandat d’arrêt resté sans exécution à l’encontre de cet ancien ministre des Travaux publics après son refus de comparaître.
Les responsables politiques de tous bords refusent d’être interrogés par le juge, même si les autorités ont imputé le drame, qui a détruit des quartiers entiers de Beyrouth, au stockage sans mesures de précaution d’énormes quantités de nitrate d’ammonium.
Les politiciens mis en cause ont déposé quinze plaintes au total contre le juge Bitar pour entraver l’enquête, selon la source judiciaire, le forçant à suspendre ses investigations à deux reprises en octobre et en septembre.
Certains craignent que le magistrat ne connaisse le même sort que son prédécesseur, Fadi Sawan, écarté en février après l’inculpation de hauts responsables.
Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités sont accusées par les familles des victimes et des ONG de torpiller l’enquête pour éviter des inculpations.
Avec AFP