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Mali : un village isolé après la destruction d'un pont attribuée aux jihadistes

Le pont reliant le village de Dogofry à la ville de Diabaly au centre du Mali a été dynamité le 1er novembre. L’attaque a été attribuée aux jihadistes qui sévissent dans la région du cercle de Niono. Ce n’est pas la première fois que ceux-ci détruisent des infrastructures pour isoler des villages de la région. Pour nos Observateurs à Dogofry, cet incident laisse présager de nouvelles attaques.

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La seule route bitumée menant au village de Dogofry coupée en deux par un trou béant : les habitants ont filmé les dégâts causés par une attaque présumée terroriste contre le pont qui permettait d’accéder au village.

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La vidéo a été publiée sur Facebook par un habitant de Dogofry le 1er novembre 2021.

Le pont était situé à environ 5 km au sud du village de Dogofry, sur la route nationale permettant d’aller à Bamako et d’accéder au nord du Mali et à la Mauritanie. Sans ce pont, Dogofry se retrouve isolé : les habitants ne peuvent plus se rendre dans la ville voisine de Diabaly, l’approvisionnement en nourriture est menacé et aucun renfort militaire ne peut venir défendre le village en cas d’attaque. La base militaire la plus proche se trouve justement à Diabaly.

“S’il n’y a plus de pont, ce sera la famine”

Ahmed (pseudonyme) réside à Dogofry. Il explique que détruire le pont permet aux jihadistes de bloquer le village :

Chaque mardi, c’est le marché à Dogofry. Ce mardi [2 novembre, après la destruction du pont, NDLR], ça n’a pas été comme avant. D’habitude, des gens de Ségou et de partout au Mali viennent au marché, et c’est comme ça que les habitants de Dogofry se ravitaillent en denrées comme le sucre, le sel. Donc s’il n’y a plus de pont, on n’aura plus accès à ça, ce sera la famine. [Les jihadistes] voulaient nous mettre dans cette situation. Leur objectif, c’est de bloquer Dogofry.

Ce n’est pas la première fois que les jihadistes visent des infrastructures au Mali : le village de Farabougou, à une quarantaine de kilomètres de Dogofry, avait été coupé du reste du pays en octobre 2020 lorsque deux ponts permettant d’y accéder avaient été dynamités. La commune est assiégée par les jihadistes, en proie à une pénurie de denrées alimentaires.

Plusieurs attaques ont eu lieu près de Dogofry les jours précédents : le 20 octobre, un car de transport a été attaqué sur la même route et plusieurs passagers ont été enlevés. Le 24 octobre, des individus ont essayé une première fois de faire sauter le pont, sans succès.

Après l’explosion du pont, les femmes du village ont manifesté pour tenter d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation sécuritaire.


La vidéo, filmée par un habitant de Dogofry, montre des femmes sorties protester contre l’insécurité après la destruction du pont le 1er novembre.

“Ils tirent sur tout ce qui bouge, ils ne cherchent pas à comprendre”

Selon Kassim (pseudonyme), un autre habitant de Dogofry, les villageois sont exaspérés par l’insécurité qui règne dans la localité :

La zone de Niono est la cible d’une bataille depuis cinq ou six mois. Dogofry en a marre, on a beaucoup perdu. Nous avons perdu beaucoup d’hommes, [les jihadistes] ont même tué des femmes. Ils tirent sur tout ce qui bouge, ils ne cherchent pas à comprendre. Ils nous empêchent d’aller dans les champs, j’ai perdu beaucoup de camarades à cause de cela. [Ces attaques] ont engendré de la famine, car nous avons perdu beaucoup de terres cultivées.

>> LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Au Mali, la production de riz menacée par des attaques terroristes dans le centre du pays

Le 2 novembre, les habitants de Dogofry se sont mobilisés pour réparer le pont, afin de permettre aux véhicules de circuler sur la route. Les forces armées maliennes sont venues sécuriser la zone.


Les villageois ont été nombreux à sortir réparer le pont, comme le montre cette vidéo partagée sur WhatsApp le 2 novembre 2021.

Le maire de Dogofry, Zoumana Coulibaly, contacté par la rédaction des Observateurs, a précisé que les groupes armés terroristes sévissent dans la zone depuis le 6 octobre : “Cette année, 4 000 hectares de terres agricoles n’ont pas pu être cultivés à cause des groupes armés terroristes.” Il demande aux autorités de prendre leurs responsabilités et de protéger les habitants.

Depuis fin septembre, les attaques redoublent d’intensité dans le cercle de Niono. La Katiba Macina, un groupe terroriste lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), est particulièrement active dans la région. Un cessez-le-feu temporaire avait été conclu en mars 2021 entre les jihadistes et les chasseurs traditionnels dozos, qui tentent de sécuriser les villages. Cet accord est rompu depuis le mois de juillet, et la situation sécuritaire s’est dégradée.

Merci à Baba Maiga pour la traduction depuis le bambara.

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