Après les critiques du ministre libanais de l’Information contre la coalition militaire au Yémen, l’Arabie saoudite a rappelé son ambassadeur au Liban et demandé le départ du royaume de l’ambassadeur libanais, a annoncé vendredi la diplomatie saoudienne.
La tension monte entre l’Arabie saoudite et le Liban après les critiques du ministre libanais de l’Information contre l’intervention de la coalition militaire au Yémen, dirigée par Riyad. L’Arabie Saoudite a décidé, vendredi 29 octobre, de “rappeler son ambassadeur au Liban pour des consultations et demandé à l’ambassadeur libanais dans le royaume de quitter le territoire dans les 48 heures”, a indiqué le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué.
L’Arabie saoudite a également décidé d'”arrêter toutes les importations libanaises”, est-il précisé. Le royaume “regrette” la détérioration des relations avec le Liban, selon le communiqué qui ajoute que “d’autres mesures seront prises”, sans les préciser.
Dans une émission télévisée datant du 5 août et diffusée lundi, Georges Kordahi, actuel ministre libanais de l’Information, mais qui n’était à l’époque pas encore membre du gouvernement, avait qualifié “d’absurde” la guerre menée depuis 2015 au Yémen par la coalition militaire en appui du gouvernement, et estimé qu’il était “temps qu’elle s’arrête”.
L’ancien présentateur vedette de télévision avait ajouté que les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, se défendaient “face à une agression extérieure” et que “leurs maisons, leurs villages, leurs mariages et leurs enterrements étaient bombardés” par la coalition.
Riyad a estimé mercredi que ces propos portaient “atteinte aux efforts de la coalition” et n’étaient “pas en harmonie avec les relations historiques” entre Beyrouth et le royaume. L’Arabie saoudite, ainsi que les Emirats arabes unis – membre de la coalition – avaient alors convoqué les ambassadeurs du Liban dans leur pays.
Embarras au Liban
Dans une déclaration à la télévision libanaise mercredi, Georges Kordahi a souligné avoir tenu ces propos reflétant son “opinion personnelle” avant sa nomination le 10 septembre. Il a assuré ne “pas avoir attaqué l’Arabie saoudite”, mais s’est abstenu de présenter des excuses.
L’affaire a embarrassé le Premier ministre libanais, Najib Mikati, d’autant plus que le Liban mise toujours sur une potentielle aide financière du Golfe pour relancer son économie en plein effondrement.
Dans un communiqué, Najib Mikati a affirmé que les déclarations de Georges Kordahi “ne reflètent en aucun cas la position du gouvernement” qui est “soucieux de maintenir les meilleures relations” avec Riyad. L’affaire a été abondamment commentée sur les réseaux sociaux, reflétant les divisions politiques au Liban entre pro et anti-Saoudiens.
Dans un tweet, le ministre yéménite de l’Information, Mouammar al-Iryani, a reproché à M. Kordahi d’avoir omis de mentionner les exactions des rebelles. Déclenchée en 2014, la guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, des civils pour la plupart, et des millions de déplacés.
Avec AFP