La réclusion criminelle à perpétuité a été confirmée jeudi pour Sid-Ahmed Ghlam, jugé en appel pour le meurtre d’Aurélie Châtelain et une tentative d’attentat contre une église de Villejuif en avril 2015.
Il était jugé en appel pour le meurtre d’Aurélie Châtelain et un attentat avorté contre une église de Villejuif (Val-de-Marne) en avril 2015. La réclusion criminelle à perpétuité a été confirmée jeudi 28 octobre à l’encontre de l’étudiant algérien Sid-Ahmed Ghlam.
L’étudiant de 30 ans, “en état de stress”, selon la présidente de la cour d’assises spéciale Emmanuelle Bessone, a refusé de se présenter à l’audience pour l’énoncé du verdict.
Il a refusé de sortir de sa cellule du palais de justice malgré la visite de ses avocats, obligeant la cour d’assises spéciale de Paris à envoyer un huissier lui notifier son jugement.
“Cela démontre la lâcheté de cet individu qui s’est révélé finalement incapable d’affronter la famille d’Aurélie Chatelain”, a estimé Me Antoine Casubolo-Ferro, l’avocat de la jeune femme assassinée, interrogé par l’AFP.
Mais la cour s’est finalement montrée moins sévère que les réquisitions des avocats généraux du parquet national antiterroriste (PNAT), qui avait réclamé la peine maximum prévue par la loi à l’encontre de l’accusé.
Si Sid-Ahmed Ghlam écope, comme en première instance, de la perpétuité, il n’est plus soumis à une peine de sûreté de 22 ans. En revanche, son interdiction de territoire à l’issue de son emprisonnement a été confirmée.
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À l’ouverture de l’audience, Sid-Ahmed Ghlam avait demandé “pardon” à la famille de la jeune femme, mère d’une petite fille de 4 ans à l’époque des faits.
“Que vaut ce pardon alors qu’il s’obstine à ne pas reconnaître l’assassinat d’Aurélie ?”, a confié à l’AFP le père de la jeune femme, Jean-Luc Chatelain.
Plusieurs avocats, y compris de la défense, ont critiqué l’attitude de Sid-Ahmed Ghlam, reconnu coupable de l’assassinat d’Aurélie Chatelain ainsi que de la tentative d’attentat contre une église de Villejuif.
Au cours de son procès en appel, Sid-Ahmed Ghlam a reconnu s’être rendu en Syrie en octobre 2014 et février 2015 pour y rencontrer des cadres de l’État islamique et prêter allégeance à l’organisation. Il a également admis qu’il comptait bien commettre un attentat meurtrier contre une église de Villejuif.
Mais, il a nié être l’assassin d’Aurélie Châtelain, une mère de famille de 32 ans, tuée sur un parking de Villejuif le 19 avril 2015. Au cours des audiences, il a simplement admis porter “une part de responsabilité” dans la mort de la jeune femme.
Comme en première instance, Sid-Ahmed Ghlam a soutenu qu’un mystérieux complice, dont les enquêteurs n’ont trouvé aucune trace, avait tué Aurélie Chatelain.
Seuls le sang et l’ADN de Sid-Ahmed Ghlam ont été retrouvés sur la scène de crime, ont rappelé les enquêteurs au cours du procès.
Après l’assassinat, Sid-Ahmed Ghlam s’était accidentellement blessé à la cuisse en remettant son arme à la ceinture. Cette blessure l’a contraint à renoncer à son projet d’attentat contre une église.
Autre concession de l’étudiant algérien, il a admis pendant son procès en appel que son plan était bien de tuer des paroissiens dans cette église et pas seulement de leur “faire peur” comme il l’avait affirmé lors de son premier procès.
Des peines réduites
Les principaux co-accusés de Sid-Ahmed Ghlam ont vu leurs peines réduites par rapport au jugement de première instance.
Rabah Boukaouma, considéré par l’accusation comme le “logisticien en chef” de l’opération, a été condamné à 25 ans de réclusion contre 30 ans en première instance. Comme Sid-Ahmed Ghlam et les autres co-accusés, sa peine n’est pas assortie d’une période de sûreté.
Avant la sentence, il avait salué “le courage et la dignité” de la famille d’Aurélie Chatelain. “Je n’ai jamais voulu la mort de personne, ni d’Aurélie Chatelain ni de paroissiens”, a-t-il dit. “Je ne suis pas complice d’un projet de tuerie”, a-t-il soutenu tout en reconnaissant “un manque de discernement”.
Ami et “bras droit” de Rabah Boukaouma, qu’il a accompagné lors de plusieurs déplacements en lien avec l’affaire, Farid Brahami a vu sa peine passer de 25 à 18 ans de prison.
Abdelkader Jalal, contacté par Rabah Boukaouma pour fournir des gilets pare-balles et un véhicule volé qui a servi de “cache” pour les armes, a été condamné pour association de malfaiteurs terroriste à 13 ans de prison. En première instance, il avait écopé d’une peine de 15 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers.
Délinquant multirécidiviste de son propre aveu, Abdelkader Jalal n’a eu de cesse de clamer qu’il n’était “pas un terroriste”.
La famille d’Aurélie Chatelain a réconforté les accusés à l’issue de l’audience. Contrairement à Sid-Ahmed Ghlam, tous avaient exprimé de la compassion et condamné sans réserve le meurtre de la jeune femme.
Avec AFP